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Gestion de l’affaire coton : Les disparités qui font penser à un acharnement gratuit
Publié le vendredi 14 juillet 2017  |  Matin libre
L’Etat
© Autre presse
L’Etat va acheter le coton graine à 265 FCFA le kilo




Plusieurs personnes devraient se défendre incessamment devant la justice dans ce qu’il convient d’appeler l’affaire coton. Seulement à lire ces noms cités, on comprend de plus en plus qu’il y a comme un acharnement organisé.

Le gouvernement s’est enfin décidé à faire le nettoyage dans l’administration publique. Depuis quelques semaines, le Conseil des ministres cite nommément certaines personnalités qui vont pouvoir justifier leur gestion. L’initiative est normale. L’Administration doit cesser d’être le nid de la corruption et de l’enrichissement illicite au Bénin. Cependant, la bataille doit être menée dans l’équité. Aucune volonté de nuire simplement ne doit transparaître dans cette initiative. Les faits doivent être avérés. Mieux, il faut que ce soient les vrais responsables que la justice interpelle. Dans l’affaire coton, beaucoup ont l’impression que la justice est instrumentalisée contre certains Béninois. En réalité, dans le relevé du Conseil des ministres du mercredi dernier, le gouvernement a cité certains noms qui n’ont pas forcément assumé les premières responsabilités. L’audit organisationnel, technique et financière de la filière coton au titre des campagnes 2013-2014, 2014-2015 et 2015-2016 et la mission d’investigation sur les fonds mis à la disposition de l’Office national d'appui à la sécurité alimentaire (Onasa) pour des opérations de sécurité alimentaire de 2012 à 2015 ont décelé des actes de malversations. A la Cellule nationale de suivi des statistiques coton constituée en août 2014, des personnalités ont été désignées pour laver leur honneur. L’actuel Directeur de l'Institut national de la statistique et de l'analyse économique (Insae) qui assumait la présidence de ladite Cellule a été cité. Or dans la même Cellule, le sieur Alexandre Biaou avait trois superviseurs à savoir le ministre du Développement, de l’analyse économique et de la prospective, le ministre de l’Economie et des finances et celui de l’Agriculture. Il en est de même pour André Aboumon. Simple membre du Dispositif de suivi opérationnel dans la même affaire, il est appelé à justifier ses actions alors que des responsables de la même structure ne sont pas jusque-là inquiétés. Les poursuites judiciaires qu’entendent faire engager le gouvernement dans le dossier coton sont apparemment très sélectives. On note également une curieuse évolution dans le traitement du même dossier quand on compare la liste des personnes épinglées lors du Conseil des ministres du mercredi dernier à celle publiée deux semaines plus tôt. On se demande en effet pourquoi pour certains comités, le gouvernement décide de ne citer que les présidents en taisant les noms des superviseurs qui sont des ministres alors que pour le précédent Conseil des ministres sur le dossier, les noms de M. Servais Adjovi, président de l’un des comités à l’époque et celui de son ministre Komi Koutché en position de superviseur avaient été publiés. La disparité dans le traitement du même dossier est flagrante. Et le gouvernement de Patrice Talon doit éviter ce gros piège. Le candidat Patrice Talon avait abondamment promis l’équité au peuple béninois lors de la présidentielle de 2016. Il doit tenir cette promesse pour donner sens au combat contre l’impunité entrepris.

Mike MAHOUNA

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