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Sécurité intérieure à l’ère de la Rupture : Vers une « Force unique » sans syndicat
Publié le mercredi 19 juillet 2017  |  Matin libre
Macaron
© Autre presse par DR
Macaron de la police




L’Etat pourrait arracher dans quelques mois à la police son droit syndical. Cette restriction de libertés pourrait intervenir lors de la concrétisation du projet de création de la Force unique de sécurité intérieure voulu par Patrice Talon.

La Commission d’étude de la création de la Force unique de sécurité intérieure a remis hier mardi 18 juillet 2017 son rapport au Chef de l’Etat. A en croire le point fait par le Rapporteur, Colonel Yaya Soumaïla, la future force intérieure unique pourrait être dénommée « Police républicaine » en ayant un statut paramilitaire. Elle pourrait bénéficier des attributions de police armée. Toute la réforme pourra entrer en vigueur à partir de janvier 2018. Mais la même Commission dirigée par le Général Félix Hessou a fait une proposition qui pourrait faire grincer les dents aux policiers puisque la future force devrait fusionner la Police nationale et la Gendarmerie. A entendre le Colonel Yaya Soumaïla, la «Police républicaine» ne profitera pas du droit syndical. Elle ne bénéficiera pas non plus du droit de grève. La Commission a proposé qu’on lui concède simplement le droit de disposer de délégués de personnel. C’est une pilule qui sera difficile à avaler par les policiers. En effet, les fonctionnaires de police ont pendant longtemps disposé du droit syndical. Un droit qui leur permet d’interpeller publiquement la hiérarchie policière sur leurs conditions de vie et d’autres sujets liés à leurs carrières. Le syndicalisme policier a tellement évolué au Bénin qu’il existe actuellement deux organisations syndicales à savoir le Syndicat national de la police du Bénin (Synapolice-Bénin) et le Syndicat national des gardiens et brigadiers de paix de la police du Bénin (Synagab-police-Bénin). C’est dire que les policiers ont la culture du syndicalisme. Beaucoup sont attachés à ce droit acquis à la suite de grands sacrifices. Aujourd’hui, une réforme est en passe de remettre en cause cet acquis important. Les policiers qui ne jouissent plus de leur droit de grève, ne pourraient plus désormais s’organiser en syndicat. La Rupture pourrait faire adopter cette proposition liberticide. Or, en France, l’ancien pays colonisateur qui reste sur bien des points une référence pour le Bénin, le droit de se syndiquer a été reconnu aux gendarmes qui sont des militaires par la Cour européenne des droits de l'Homme. La Police française a ce droit depuis 1945. En fait, le syndicat joue un rôle important dans l'organisation et le fonctionnement de la Police nationale. Selon nos sources, son influence est considérable dans les commissions qui statuent sur la carrière des policiers, et à tous les échelons de la vie administrative. L’arrêt du syndicalisme dans cette profession devrait avoir des effets néfastes sur la carrière des policiers. Certes, la Commission conduite par le Général Hessou a proposé l’institution des délégués de personnel. Mais ces délégués ne suppléeront pas, sans doute, les organisations syndicales. Alors, pourront-ils montrer leur efficacité auprès de la hiérarchie? La «Police républicaine» offrira-t-elle des espaces de libre expression à ses fonctionnaires ou sera-t-elle un milieu de violation systématique des droits des travailleurs? La force unique de sécurité intérieure reste une révolution souhaitée par certains sécurocrates. Toutefois, il y a lieu de s’interroger sur certains paramètres de cette mutation historique.

Mike MAHOUNA
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