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Projet «Chaque école, sa cantine scolaire à l’horizon 2025» : La Rupture n’a rien inventé
Publié le mercredi 26 juillet 2017  |  Matin libre
Patrice
© Autre presse par DR
Patrice Talon




(Un conseiller pédagogique dit tout sur cette vision de Yayi)

C’est à grand renfort de communication voire de propagande que le projet de relance des cantines scolaires gouvernementales dans 1574 écoles primaires publiques a été annoncé aux Béninois. Et pourtant, ledit projet qui va démarrer à compter de la rentrée 2017, dit-on, n’est pas une nouvelle mesure. Tout sur le projet qui n’est rien d’autre qu’une vision de l’ancien président Yayi Boni, avec le conseiller pédagogique, Dieudonné Yékpéhéton. Statistiques à l’appui, ce cadre à la retraite confond la Rupture sur cette question de cantines scolaires agitée comme une initiative personnelle de Patrice Talon. Lire sa production.

Dans le cadre de la mise en œuvre d’une politique d’accès et de maintien des élèves à l’école, notamment dans les zones rurales et/ou défavorisées, la République du Bénin, à travers tous les régimes qui se sont succédés, a retenu l’alimentation scolaire comme une des mesures essentielles visant à corriger les faibles taux de scolarisation et de rétention.

Ainsi, pour éviter qu’aucun enfant n’aille encore à l’école le ventre vide, avec l’appui des PTF’s, plusieurs expériences de cantines scolaires ont été mises en œuvre pour renforcer les cantines gouvernementales : UNICEF, DANIDA, CRS, PAM, PME.

Avec le régime du Dr YAYI Boni, et surtout avec le coaching personnel du Président YAYI Boni, le PME a soutenu les efforts du gouvernement dans sa vision : Chaque école, sa cantine scolaire à l’horizon 2025.

Résultats

Environ 7,2 milliards mobilisés par an pour l’alimentation de 2409 écoles impactant plus de 500.000 élèves.
Le nombre d’écoles à cantines scolaires est passé de 813 en 2006 à 2350 en 2015. Soit un taux de couverture de 16 % à 30%.
Ainsi 497 568 élèves mangent à l’école ce qui correspond à environ 29% des élèves contre 19% en 2006.
Cette disposition impacte environ 182 624 filles.

Les sources de financements sont réparties comme il suit :

• Gouvernement : 1,5 milliard pour 1307 écoles et 265.153 élèves
• PME (Partenariat mondial pour l’éducation) : 1,7 milliard pour 89.083 élèves provenant de 396 écoles dans 17 communes et 6 départements ;
• PAM (Programme alimentaire mondial): 2 milliards pour 125.000 élèves provenant de 562 écoles ;
• CRS (Catholic relief services): 2 milliards pour 39.765 élèves provenant de 144 écoles

Principales actions

Le régime du changement dans sa vision stratégique d’offrir une éducation à tous les enfants du Bénin à travers un taux d’achèvement et de rétention appréciable a initié et soutenu plusieurs actions de promotion des cantines scolaires dont les plus essentielles sont les suivantes :
- L’érection en 2013 de la Direction d’Alimentation Scolaire, autre fois Cellule de Coordination de l’Alimentation Scolaire qui dépendait de la Direction de la Promotion de la Scolarisation(DPS);
- L’organisation d’un diagnostic sur l’alimentation scolaire au Bénin avec un outil de la Banque Mondiale (SABER) en 2014 ;
- L’élaboration et l’adoption en Octobre 2014 de la Politique Nationale d’Alimentation Scolaire (PNAS);
- La création et l’approvisionnement d’une ligne budgétaire au niveau du gouvernement au profit de l’alimentation scolaire ;
- Signature en 2013 d’une convention cadre d’un montant de 1.051.103.904 FCFA, entre le Ministère des Enseignements maternel et primaire et le PAM, sur financement des Fonds communs budgétaires et relative à l’assistance alimentaire en milieu scolaire dans le cadre du PDDSE 2006-2015. Ce programme consiste à mettre en place des cantines scolaires au niveau de 300 écoles ciblées, à servir des repas chauds à l’école et à installer un dispositif de suivi des prestations.
- L’organisation en 2015 du deuxième forum sur l’alimentation scolaire sur le thème : Investir sur l’alimentation scolaire c’est promouvoir le développement durable au BENIN. Ce forum conjointement organisé par le Centre d’Excellence contre la faim du PAM au Brésil et le PAM, et qui a mobilisé du 16 au 18 novembre, les délégations étrangères, les PTF’s, les ONG, les personnalités et les cadres de l’administration béninoise, a permis d’établir un consensus autour des stratégies opérationnelles de mise en œuvre de la Politique nationale de l’Alimentation scolaire et du modèle intégré de l’Alimentation scolaire durable.

Retombées

Les avancées notables des actions du régime du Dr YAYI Boni ont été appréciées au-delà des frontières. Ainsi déjà en 2015 le PAM a étendu ses interventions sur 386 nouvelles écoles choisies dans 17 communes du Bénin. Les préalables relatifs à la sélection des ONG pour la mise en place des comités de gestion étaient bien avancés avant le départ du régime.

Difficultés à l’heure du Bilan

Cette nouvelle réforme au service d’une relève équitable et de qualité est confrontée à de nombreux problèmes d’ordre institutionnel, technique et éthique.

L’organisation du deuxième forum sur l’alimentation scolaire a permis de faire plusieurs recommandations suite aux faiblesses constatées sur le parcours ; il s’agit essentiellement de ce qui suit :

 Sur le plan institutionnel

Il faut reconnaitre que la Direction nationale de l’Alimentation scolaire est constituée de personnel peu qualifié et disposant de capacités très limitées en matière de mise en œuvre de la réforme. Ainsi, le montage des documents de gestions et la mobilisation des ressources financières et matérielles sont souvent des opérations exagérément consommatrices de temps ;
A cela s’ajoute les organes départementaux, communaux et locaux de gestions des cantines scolaires qui sont pour la plupart inoppérationnels.

 Sur le plan technique

La mise en place des vivres dans les écoles constitue une phase importante de matérialisation de la réforme mais qui est fortement dépendante des prestataires de services qui en général n’ont pas des moyens roulants appropriées.
Par ailleurs, la Direction de l’alimentation scolaire ne dispose pas de magasins de stockage de vivres répondant aux normes. Ce qui se matérialise par l’utilisation des salles de classes ou des locaux des Circonscriptions scolaires pour la livraison des vivres. Cela constitue indubitablement des risques de déperdition, d’avaries ou de retenues frauduleuses de vivres au détriment des écoles.

 Sur le plan éthique,

Il faut souligner les cas de malversations constatés au niveau de certains parents d’élèves, des responsables administratifs et des prestataires de services. Ces actes de corruption et de détournement ont été dénoncés, et sur instructions du Conseil des Ministres, ont fait l’objet des sanctions administratives en attendant les sanctions pénales.

Perspectives

• inscrire l’alimentation scolaire comme une priorité dans la nouvelle lettre de politique éducative post 2015 en cours de préparation ;
• créer une agence autonome en charge de l’alimentation scolaire, sous tutelle du MEMP ;
• disposer d’un Plan opérationnel budgétisé de mise en œuvre de la PNAS sur les 05 ans;
• adopter une approche pédagogique et nutritionnelle des jardins et champs scolaires ;
• mettre en place un fonds national de solidarité en faveur de l’alimentation scolaire alimenté par l’Etat, le secteur privé et la diaspora;
• élaborer un plan intégré de communication ;
• promouvoir la production locale pour l’approvisionnement des cantines scolaires;
• mettre en place un dispositif d’achat direct de produits auprès de petits producteurs;

Conclusion

Il est évident que le projet de relance du Gouvernement de la rupture, faisant l’objet d’une campagne pompeuse de communication n’est qu’une suite logique des recommandations du deuxième forum sur l’alimentation organisée par le régime du changement.
A ce titre le gouvernement du Président Patrice Talon doit passer aux actes et, en toute humilité, reconnaître le bon héritage à lui laissé par les autres régimes dont il n’a de cesse de ternir l’image à chaque occasion. S’il est vrai que le régime de la Rupture entend mobiliser 7,2 milliards par an pour l’alimentation scolaire, il n’en est pas moins vrai que le régime de Changement avait toujours mobilisé également 7,2 milliards par an avec le soutien des PTF’s au profit des écoles. Il faut pouvoir le dire au peuple.

Si ce projet arrive à se concrétiser, il apportera des réponses adéquates aux défis majeures relevés par le régime du Dr YAYI, notamment : le problème institutionnel au niveau des organes locaux, communaux et départementaux de gestion des cantines scolaires. C’est pour cela que l’approche multisectorielle a été fortement recommandée. Dans cette approche, le PAM était déjà identifié pour assurer la logistique, les producteurs locaux devant être encouragés dans le choix de produits alimentaires pour permettre de promouvoir la microéconomie.

Comme quoi, il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Le régime du Dr YAYI Boni avait déjà montré la voie avec des actions concrètes. Les acquis sociaux dans le domaine des cantines scolaires sont perceptibles. Le gouvernement de la «Rupture» qui prend donc du vieux pour en faire du neuf, doit se mettre résolument au travail pour poursuivre l’œuvre entamée par son prédécesseur. C’est cela le sens de l’Etat !

Dieudonné Yékpéhéton,
conseiller pédagogique à la retraite
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