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300 kilomètres pour une poche de sang
Publié le samedi 29 juillet 2017  |  24 heures au Bénin
Lancement
© aCotonou.com par CODIAS
Lancement du projet don de sang au ministère de la Santé de Cotonou.
Samedi 17 janvier 2015.Lancement du projet don de sang par l`Association Nationale des Conducteurs de véhicule administratif du secteur santé




Pour être transfusées, les populations de Karimama doivent parcourir 300 kilomètres. Soit effectuer plus que la distance, Cotonou-Abomey-Cotonou.

A Karimama, pour bénéficier d’une poche de sang, il faut avoir parcouru, en aller-retour, 300 kilomètres. Tel est le sort réservé aux enfants anémiés et aux femmes qui saignent après l’accouchement, dans l’arrondissement de Pétchinga. La première formation sanitaire de référence, la plus proche de l’arrondissement, à savoir le centre de santé de Karimama, est à 75 kilomètres et n’est malheureusement pas agréée pour la transfusion sanguine. Conséquence, le centre réfère aussi, à son tour, le malade à l’hôpital de zone de Malanville, situé également à 75 kilomètres. Le patient doit donc parcourir 300 kilomètres en aller-retour, dans une charrette tractée par deux bœufs, ou sur une moto, ou pour les plus chanceux, à bord d’une voiture de fortune. Ce véhicule à quatre roues mettra un peu moins de cinq heures de temps pour atteindre Guéné, localité située à 120 kilomètres de Pétchinga et qui donne accès à la toute première voie bitumée la plus proche de l’arrondissement. En saison pluvieuse, de juillet à septembre, il faut multiplier ce temps de route par deux à cause de la dégradation de la voie. Cette peine pourrait être atténuée par l’ambulance de dernière génération équipée de matériels de pointe offerte au centre de santé de Karimama. Seulement, elle n’est pas adaptée à l’état de cette route et ne peut guère aller au-delà des 20 kilomètres, de peur de s’embourber.

Sans émettre de réserves majeures sur ces constats, le docteur Denis Ouorou Bagnan, médecin-chef du centre de santé de Karimama, souligne : « nos problèmes seraient résolus à 50% si la voie Karimama – Guéné, longue de 45 kilomètres, était bitumée ». Sur cette même lancée, le médecin-chirugien Bouraïma Mama Adamou, directeur départemental de la santé de l’Alibori (DDS), affirme qu’une « chose est de soigner les patients et l’autre est de les tuer en voulant les soigner. Il faut donc peser le pour et le contre avant l’implantation d’une unité de transfusion sanguine ». Toutefois, une étude est déjà faite et favorisera l’ouverture d’un laboratoire de transfusion sanguine à Karimama, promet-il.

Satisfaire les besoins en sang avant les catastrophes

Néanmoins, il serait difficile de perdre de vue que dans le secteur de la transfusion sanguine, les fruits ne tiennent pas encore la promesse des fleurs en matière de financement. De juin 2015 à juin 2016, la table ronde organisée pour mobiliser les ressources auprès des opérateurs économiques a accouché d’une souris. A côté, les ressources allouées à l’Agence nationale pour la transfusion sanguine, quoi qu’en hausse entre la période 2011-2015 (de 321 millions de FCFA à plus d’un milliard de FCFA), sont en deçà des attentes formulées dans le plan stratégique de la transfusion sanguine 2014-2018. Pour le plan, il faut un investissement de près de 14 milliards de FCFA pour couvrir les besoins d’acquisition d’équipement et de rénovations infrastructurelles.

Un gap qui peut s’avérer fatal en cas de catastrophe. « Il ne faut pas attendre les grandes catastrophes, pour commencer à s’occuper de l’agence de collecte du sang dans le pays », conseille le docteur Pierre M’Péle-Kilébou, l’un des anciens représentants résidents de l’Organisation mondiale de la santé au Bénin. Surtout, ajoute-t-il, qu’elle n’arrive pas encore à satisfaire toutes les demandes en sang, seulement 80,14% des requêtes ayant été satisfaites en 2015 contre 90,62% en 2014. Ludovic Anani, directeur général de l’Agence nationale pour la transfusion sanguine reconnaît que la couverture des hôpitaux est largement insuffisante. Un cas concret : « du lundi 20 au dimanche 26 juin 2016, l’antenne départementale de la transfusion sanguine de l’Atlantique-Littoral a enregistré près de 1062 demandes. Mais nous n’avons pu satisfaire que 807 sollicitations », affirme Edgard Padonou, chef de ladite antenne départementale. Donc, près de 255 malades ont été laissés en rade au cours de cette courte période.

Enquête réalisée dans le cadre du projet « Pour des médias plus professionnels » de la Maison des Médias avec l’appui financier de OSIWA.

Vadim QUIRIN
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