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Charles Kouassi, président de l’Interafricaine de la prévention des risques professionnels (Iaprp): « Les entreprises doivent investir dans la prévention des risques »
Publié le jeudi 10 aout 2017  |  La Nation




Les questions de prévention des risques professionnels sont assez souvent minimisées par les entreprises qui engagent parfois des dépenses importantes dans la gestion des cas d’accidents de travail ou de maladie de leur personnel. En marge du neuvième forum des comités de sécurité et de santé au travail qui se tient actuellement à Cotonou, Charles Kouassi, directeur général de la Caisse nationale de prévoyance sociale de la Côte d’Ivoire et président de l’Interafricaine de la prévention des risques professionnels (Iaprp) revient ici sur les nouveaux enjeux de la prévention et de la productivité des entreprises dans un contexte de développement durable.

La Nation : Pourquoi avez-vous placé le neuvième forum des Csst sous le signe de la productivité et du développement durable ?

Charles Kouassi : Nous avons voulus traiter deux problématiques, d’abord la productivité, ensuite le développement durable. La productivité parce que nous avons senti depuis quelques années que certains employeurs sont réticents pour mener des actions de préventions dans leurs entreprises. Les travailleurs, que ce soit dans les bâtiments, les plantations ou les usines sont tous exposés aux risques de sécurité et de santé. Donc quand on parle de productivité, c’est pour sensibiliser l’entreprise afin qu’elle fasse des investissements pour assurer la santé au travail. Il y a des normes à respecter. Selon la législation, quand vous atteignez un effectif donné du personnel, on vous oblige à avoir une infirmerie avec un médecin du travail. Du point de vue de la sécurité au niveau individuel, il faut exiger que les entreprises achètent des instruments de protection individuelle et aussi des machines qui respectent des normes internationales de protection. C’est ce qu’on appelle la protection collective. Les nouvelles machines qui sont inventées disposent des systèmes intégrés de protection. Nous encourageons les entreprises à investir dans ces nouvelles machines. Il est plus viable pour les entreprises d’investir dans la prévention que d’avoir à tout moment des travailleurs blessés, amputés ou régulièrement malades qui vont accroître le taux d’absentéisme. La prévention concourt à la productivité de l’entreprise, un meilleur rendement, une meilleure productivité.

Et le rapport avec le développement durable ?

Nous sommes tous sur la planète terre et nous devons faire en sorte que cette planète soit viable. Les actions d’industrialisation, les actions agricoles que nous posons tous les jours sont de nature à polluer l’atmosphère et les eaux. On parle de réchauffement climatique et en Afrique, il y a déjà des zones où il fait très chaud. Si nous continuons de la sorte, avec les degrés d’augmentation de la chaleur et d’inondation, il y a des zones qui ne seront même plus habitables. Nous allons encore rentrer des systèmes d’immigration vers d’autres pays. Nous polluons moins que les pays industrialisés mais nous encaissons plus en termes de conséquences sur nos populations et nos terres. Le développement durable vise à attirer l’attention de tous les opérateurs, industriels, acteurs économiques et des politiques sur l’importance d’avoir un développement responsable, en respectant les normes dans toutes sortes de productions, les normes de machines.

Lorsqu’on ramène cet enjeu à la prévoyance sociale, comment perçoit-on le lien ?

La prévoyance sociale est aussi au cœur de ce dispositif. Nous commençons par la protection du travailleur mais l’entreprise est aussi une entreprise industrielle qui pollue l’environnement. Nous intervenons dans l’entreprise non seulement pour protéger les entreprises mais aussi pour faire en sorte que l’environnement, les gaz et tous les déchets qui sortent ne viennent pas polluer une zone pour qu’elle ne soit plus viable.

On reproche souvent aux caisses de prévoyance sociale une concentration de leurs interventions sur les pensions de retraite reléguant au second plan les autres services. Quelle réponse apportez-vous à cette appréhension ?

Ce que nous sommes en train de faire prouve le contraire. Ici, nous ne sommes pas en train de payer les retraites mais nous sensibilisons à l’action de prévention des travailleurs. Même pour l’entreprise, c’est important la prévention. C’est l’employeur qui assure la plus importante part des cotisations sociales. Le travailleur cotise pour sa retraite mais tous les autres régimes sont financés par l’employeur. Qu’est-ce que l’employeur reçoit en retour ? Ce sont nos conseils en matière de sécurité et de santé au travail, afin qu’il puisse accroître sa productivité. C’est pourquoi nous faisons en sorte que chaque caisse de sécurité sociale puisse former ses agents, leur donner de la compétence pour mieux conseiller les entreprises pour qu’elles bénéficient de nos actions.

Les fonds de pension sont de plus en plus sollicités dans le financement du développement de nos Etats, en raison de l’amenuisement de l’aide publique au développement. Comment les Caisses membres de l’Iaprp réagissent-elles à cette sollicitation?

Les caisses de sécurité sociale ont une vocation d’investisseur institutionnel. Nous collectons des ressources. Quand nous collectons ces ressources, nous faisons des dépenses mais régulièrement nous avons des excédents. Il est question de voir comment placer ces excédents pour développer le pays. Nous le faisons sous plusieurs formes. Il y a des emprunts obligataires des Etats. Nous prenons des parts dans des entreprises ou faisons des dépôts dans les banques. Nous mettons aussi des ressources dans des fonds d’investissements afin que ces fonds puissent prendre des participations dans les entreprises, tout ceci pour alimenter financièrement nos économies. Ces actions, nous les faisons régulièrement avec des chiffres de plus en plus importants.

Propos recueillis par Gnona AFANGBEDJI
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