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Aménagement du littoral à Cotonou : les riverains vident les lieux devant la furie des bulldozers
Publié le mardi 15 aout 2017  |  APA
Déguerpissement
© Autre presse par DR
Déguerpissement annoncé au quartier Enagnon à Cotonou : La Rupture en passe de faire de nouveaux sans-abri




Cotonou. Vendredi 11 août, 8h. Un gros embouteillage règne sur le tronçon Ganhi- Ancien Pont- Carrefour La Roche. La circulation est bloquée depuis la rue menant vers le quartier Akpakpa Dodomè où les policiers ont arrêté les voitures pour permettre aux engins lourds du génie militaire de se diriger vers la berge lagunaire, sous l’œil vigilant du préfet du Littoral, Modeste Toboula, et des autorités de la mairie de Cotonou, la capitale économique du Bénin.

Le préfet donne quelques instructions aux agents du génie militaire et se dirige pour une séance d’explications vers les habitants et curieux qui assistent au travail des bulldozers et des tracteurs.

Les engins procèdent à l’aménagement et à la mise en valeur des berges lagunaires, inscrits dans la deuxième phase du projet de protection de la côte à l’Est de Cotonou.

Lancée par l’ancien par l’ex-président Boni Yayi, la première phase du projet a permis d’installer plus de 800.000 tonnes de blocs de pierres.

Les travaux permettront d’assurer la protection des 125 km de la côte béninoise bordée par la mer et de fixer les populations riveraines.

En vertu du caractère vital de l’opération, il n’est plus question pour le préfet Modeste Toboula de perdre du temps.

« Le déguerpissement des populations est indispensable. On récupère le domaine de l’Etat car du fait de l’incivisme d’une partie de la population, on endommage l’ensemble de la collectivité nationale. Ce n’est pas possible. Nous avons désormais convenu de faire les choses dans les normes ».

Sonnant comme le top départ des démolitions des installations anarchiquement érigées, les engins sont entrés en action : maisons, boutiques et espace de jeux, plus rien ne leur résiste.

C’est la désolation au sein des riverains. Larmes aux yeux, les retardataires qui n’avaient pas libéré les lieux, malgré les ultimatums, assistent impuissants à la destruction de leurs biens. « Ma maison a été cassée. Où irons-nous avec nos enfants et nos pirogues de pêche ? Qu’est-ce que nous les ‘’Toffins’’ (ethnie réputée être des pécheurs) allons faire maintenant pour vivre ? », s’interroge u riverain.

« La maison de mes parents a été cassée. Ça fait mal mais on ne peut rien puisqu’on a été averti », souligne d’un air pitoyable Roméo Godonou non sans reconnaitre que beaucoup d’habitants de cette zone ont été déjà dédommagés et sont allés s’installer ailleurs.

D’autres en sont à déménager là où les moins chanceux attendent de voir leurs noms sur les listes pour pouvoir aller recevoir leurs dédommagements.

Dans tous les cas, rassure Casimir Hounkanrin, conseiller local de Akpakpa Dodomey, les populations qui occupaient ce domaine ont toutes été recensées et par conséquent personne ne sera oublié.

« Le gouvernement, pour accompagner les populations, a décidé de donner 100 mille FCFA pour ceux dont les maisons sont construites en matériaux précaires et 200 mille pour ceux qui sont dans des maisons en briques », rappelle Casimir Hounkanrin.

Ces enveloppes sont jugées dérisoires par certains déguerpis qui n’hésitent pas braver les autorités.

C’est le cas de Victor Coffi Goudjo, président du Comité de défense et de soutien des propriétaires de parcelle dans les zones maritimes et lagunaires. Refusant de quitter les lieux au motif que le dédommagement est modique, il clame à qui veut l’entendre que les négociations n’ont pas encore abouti à un point d’accord commun.

« On ne peut pas nous dire qu’on veut casser nos habitations, mettre nos bagages sur la tête et partir, alors qu’on ne nous dit pas où on devrait aller», s’emporte-t-il. Puis, il lâche : « les opérations de déguerpissement proposées, élaborées et conçues par le ministère du cadre de vie occasionneront trop de problèmes tant scolaire, sanitaire, matériel, social, financier que humain ».

Pour Philippe Zoumènou, coordonnateur du Programme de protection du littoral contre l’érosion côtière, il s’agit là de gesticulations inutiles car les populations sont obligées de partir.

« On a rempli, assène-t-il, toutes les formalités avec elles (les populations). Le domaine public maritime et lagunaire occupé illégalement va être libéré, il n’est pas normal qu’une administration responsable laisse les populations jouxter les lieux. D’ailleurs, le chronogramme d’exécution des travaux est déjà en marche ».
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