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Pollution de l’environnement: SCB-Lafarge menace la santé des populations de Pobè et environs
Publié le samedi 19 aout 2017  |  24 heures au Bénin




L’unité de production de la Société de ciment du Bénin (SCB-Lafarge) installée à Onigbolo dans la commune de Pobè, rend l’existence invivable aux populations de la zone.
Selon une enquête réalisée par l’antenne régionale de l’Agence Bénin Presse, l’usine de production de ciment de la SCB-Lafarge dissipe dans la nature, depuis plusieurs semaines, une nuée de poussière de clinker et de calcaire polluant l’environnement aux populations riveraines et aux usagers de la route Pobè-Kétou.
À quelques mètres de la zone industrielle de ladite usine à Onigbolo, l’air devient nocif. La vision embrouillée par un nuage de poussière blanchâtre. Ici, tout est envahi par la poussière issue du fonctionnement de l’usine. Au marché d’Onigbolo-Usine, à la cantine de l’entreprise et même au niveau de la Route Inter-Etats N°3 traversant le village, la poussière produite par la SCB-Lafarge y a pris ses quartiers. La défectuosité de trois des quatre électro filtres au niveau de la bande de broyeur du ciment est à l’origine de la situation devenue invivable pour les habitants d’Onigbolo, a-t-on appris de sources concordantes.
« Quand le broyeur est en marche, les filtres captent toute la poussière et ne laissent sortir que de la fumée. Mais depuis plusieurs jours, trois des filtres ne fonctionnent plus. La poussière dégagée est conduite et déversée directement dans la nature », a confié un ouvrier de l’usine.
Le seul filtre qui fonctionne présentement, indique-t-il, c’est celui situé en haut sur le broyeur qui seul n’arrive plus à capter la poussière, ce qui fait que c’est de la poudre du ciment qui sort et se dissipe dans la nature.
Le directeur de l’usine, Valentin Togbé avoue que la situation est liée à une panne survenue depuis environ deux semaines sur le système de filtrage au niveau de l’un des compartiments des installations. Comme tout appareil, justifie-t-il, il est survenu une panne qu’ils sont en train de travailler à réparer ‘’parce qu’on ne peut pas continuer de polluer’’, souligne Valentin Togbé. « Pour une cimenterie, lorsque la poussière sort, c’est une perte pour la société elle-même. Et au-delà, cela pose un problème environnemental », reconnaît-il.
Mais, une source proche de l’équipe technique révèle que le système de filtrage utilisé n’existe plus sur le marché. Ce qui rendrait la tâche difficile à la direction de la société qui ne sait à quel saint se vouer.
En attendant la solution idoine, populations et même les ouvriers ainsi que les cadres de l’administration observent désarmés le désastre environnemental qui se joue à Onigbolo depuis plusieurs semaines.
« C’est dommage, mais on ne peut que le vivre parce que l’usine ne peut cesser de produire. On porte des cache-nez à l’intérieur de l’usine, néanmoins, on inhale toujours de la poussière », confie un autre ouvrier.
Aux abords de la route RN3, devant des étalages de marchandises de toutes sortes, de même qu’au niveau du marché d’Onigbolo-Usine, où viennent manger la plupart des sous-traitants, des chauffeurs, et des apprentis ainsi qu’à la cantine de l’usine de cette société, vendeurs et vendeuses exaspérés par la situation, emploient les moyens de bord. Ici, le sol est constamment arrosé pour éviter la montée de la poussière entassée au sol. Les ustensiles contenant de la nourriture restent constamment et hermétiquement fermés.
« Nous consommons de la poussière du ciment dans nos aliments. Vous aussi, si vous passez cinq minutes avec nous, vous allez le constater sur votre peau », se lamente Maurice D., cache-nez bien arrimé à ses narines.
« Hormis ces aspects vécus quotidiennement, les cultivateurs de la zone ne peuvent produire de tomates, de légumes. Mêmes les arbres fruitiers n’arrivent plus à produire à Onigbolo. Ces végétaux meurent après le dépôt de la poussière du ciment sur les feuilles », soutient le chef village, Ochadé Soulé.
Sages et élus locaux disent ne pas rester indifférents face à cette situation qui porte atteinte à la vie de la population riveraine.
Du ciment et après…
La SCB-Lafarge semble ne plus bénéficier de la grâce des populations d’Onigbolo qui l’ont accueillie les bras ouverts depuis 1980. D’une part tiraillée par les anciens propriétaires terriens de la zone qui attendent d’être dédommagés et d’autre part par des populations aujourd’hui conscientes des enjeux environnementaux, l’unité de production d’Onigbolo doit faire face aux désidératas des communautés, des autorités mais aussi et surtout du marché.
« Nous avons dénoncé cela plusieurs fois au cours des réunions avec les responsables de l’usine. Le directeur de l’usine avait promis de mettre fin à ces dysfonctionnements à la fin de l’année 2016 mais rien n’est fait jusque-là », se désole Ochadé Soulé, chef village d’Onigbolo évoquant la question de la pollution environnementale. Au contraire, poursuit l’élu local, on constate que l’environnement est de plus en plus pollué ces derniers jours par l’usine.
Abondant dans le même sens, Daniel Ossou, sage de la localité et ancien chef de l’arrondissement d’Issaba indique que cette unité de production n’arrive pas à combler l’attente de la population riveraine.
« Le volet social n’est pas complètement abandonné mais la population qui ne fait qu’aspirer de la poussière du ciment, doit de temps en temps bénéficier d’appuis matériels (lait, médicaments) ou financiers pour éliminer chaque fois les déchets. Mais il n’y a rien du genre », a-t-il déploré.
Face à ces récriminations, le chef d’usine d’Onigbolo assure que sa structure est plutôt engagée dans un système de management environnemental. « Ce n’est pas avec plaisir qu’on laisse ce qui se passe présentement. Nous sommes à l’arrêt et toute l’équipe est mobilisée pour solutionner le problème », assure M. Togbé tout en promettant que l’usine de la SCB-Lafarge va cesser de dégager de la poussière d’ici quelques jours.
Il a par ailleurs, révélé que chaque année, près de deux milliards de francs CFA sont investis dans le renouvellement des pièces avant d’annoncer qu’un arrêt est programmé pour le mois de septembre où se fera une révision générale au niveau des installations de cette société.
Si certains riverains reprochent à la SCB-Lafarge de polluer l’environnement à Onigbolo et environs, d’autres soulignent par ailleurs que le débordement des canaux d’évacuation des eaux issues de l’usine serait aussi à la base d’inondations dans certains villages environnants après chaque pluie.
Au sujet du débordement des rigoles qui engendreraient des inondations après les pluies, le directeur de l’usine d’Onigbolo, Valentin Togbé assuré que des dispositions sont prises et les eaux issues du fonctionnement de l’usine et même celles provenant du village sont envoyées directement dans le fleuve Monzoun dans le Zou et conduites dans la vallée. Mais, il reconnaît qu’une fois en passant, les eaux débordent et envahissent les champs.
« Ce fut le cas cette année et cela peut survenir encore dans cinq ou dix ans », a-t-il déclaré avant de réaffirmer la détermination de la SCB-Lafarge pour la préservation de l’environnement.
T.A.D
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