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Regroupements politiques autour du chef de l’Etat: Le piège à éviter
Publié le mardi 22 aout 2017  |  La Nation
Patrice
© Autre presse par DR
Patrice Talon




A dix-huit mois des élections législatives de 2019, les états-majors des formations politiques se bousculent déjà pour mettre en place des alliances politiques afin de soutenir le chef de l’Etat. Au premier plan, la coalition « Bénin en route ». D’autres verront certainement le jour les mois à venir, sans oublier les ralliements qui se font autour du Programme d’action du Gouvernement (Pag). A y voir de près, l’on se demande s’il s’agit de vrais soutiens ou des marchands d’illusions comme l’ont déjà connu les prédécesseurs du président de la République.

Qui soutient réellement le chef de l’Etat et son Programme d’action du Gouvernement (Pag) ? A l’allure où vont les choses, le président de la République,
Patrice Talon, devra commencer à faire le point pour connaître ceux qui sont effectivement avec lui pour ne pas subir le même sort que ses prédécesseurs.
Pour tout homme politique, tout soutien est bon quelle que soit la crédibilité de la personne ou le regroupement qui l’apportent. Seulement, c’est l’après-gestion des chefs d’Etat en fonction qui révèle le vrai visage de ceux qui se déclarent souvent très proches d’eux. Du président
Nicéphore Dieudonné Soglo à Boni Yayi en passant par feu général Mathieu Kérékou, pour ce qu’on sait depuis l’ère du Renouveau démocratique, ils savent très bien comment les marchands d’illusions fonctionnent.
Les préparatifs des législatives de 2019 montrent déjà que les anciennes pratiques pour s’agglutiner autour du président de la République en fonction ont commencé. Samedi dernier, c’est la coalition « Bénin en route » qui a été portée sur les fonts baptismaux par des personnalités et des partis politiques qui apparemment n’ont jamais pu envoyer de députés à l’Assemblée nationale. Ainsi née, cette coalition va bientôt commencer par faire du bruit sur le terrain pour quels résultats en 2019 qu’on ne sait encore.
Le même me samedi, des personnalités et mouvements politiques qui soutenaient l’ex-président de la République, Boni Yayi, ont fait leur ralliement à l’Union fait la Nation (Un). Une alliance politique de la majorité qui cherche ses marques afin de s’imposer pour voir si elle pourra reconduire encore au moins, pour les législatives de 2019, les treize députés élus en 2015.
Avant ces mouvements politiques du week-end écoulé, il y a d’autres mouvements, des partis politiques et même des personnalités qui, très proches de l’ancien chef d’Etat Boni Yayi, n’ont pas hésité à se rallier à la majorité présidentielle actuelle. L’objectif, c’est de soutenir le Pag qu’ils n’ont certainement pas encore lu, pour qu’on ferme les yeux sur un dossier dans lequel ils ont été trempés sous le régime défunt.

Les expériences antérieures

Revenu au pouvoir en 1996, feu général Mathieu Kérékou s’est entouré de plusieurs regroupements dont le premier appelé Coalition des forces démocratiques (Cfd) dans le temps avait fait la pluie et le beau temps. A côté de cette coalition, il y avait le bloc du Parti du renouveau démocratique (Prd) dirigé par Adrien Houngbédji et le bloc de Bruno Amoussou. La cohabitation entre ces différents regroupements n’a pas été du tout facile. La question de leadership entre Albert Tévoédjè, Adrien Houngbédji et Bruno Amoussou a fait voler en éclats la gestion du régime avant la présidentielle de 2001. Il fallait avoir l’étoffe d’un Mathieu Kérékou pour tout maîtriser.
Après la présidentielle de 2001, il a été créé autour du général Mathieu Kérékou, l’Union pour le Bénin du Futur (Ubf) dont le coordonnateur était Bruno Amoussou. A côté de cette nouvelle alliance, Albert Tévoédjrè avait gardé son autonomie. Puisqu’après ses déboires avec Notre cause commune (Ncc) qu’il a perdu, il a créé le parti national Ensemble avec lequel il voulait mettre en place le ‘’Sursaut patriotique’’. Mais avec l’expérience connue par les autres avec lui au niveau de la Cfd, personne ne voulait encore s’engager avec lui. Les tentatives de ce nouveau regroupement qu’il a entreprises n’ont pas abouti.
L’Ubf sera enterrée à l’approche de la présidentielle de 2006. Car, iune partie de cette formation politique a été emportée par Alain Adihou.
Puis arriva au pouvoir Boni Yayi en avril 2006. Le changement de régime a entraîné de nouveaux regroupements. Avant l’alliance Forces cauris pour un Bénin émergents (Fcbe) connue de tout le monde et que le président Boni Yayi lui-même a prise en main, il y avait d’autres petits regroupements dirigés par le groupe des Edgard Soukpon.
Aujourd’hui, l’alliance Fcbe connaît un déclin parce que les vrais acteurs sont en train d’aller vers ‘’la rivière’’.
Le président Nicéphore Dieudonné Soglo avait subi le même sort en 1995 à la veille de la présidentielle de 1996 avec sa puissante Renaissance du Bénin (Rb) quand il déclarait qu’aucune biche ne pouvait se fâcher contre la rivière. Mais, au fil des ans, la rivière a tari et continue de tarir jusqu’à maintenant. Et tout porte à croire que le président Patrice Talon ne va pas échapper à cette réalité. Comme quoi, il y a très peu de convictions politiques au Bénin. Seuls les intérêts guident beaucoup plus les ralliements des uns et des autres.
En accédant au pouvoir en avril 2016, le président Patrice Talon a énoncé des principes de sa gouvernance pour ne plus tomber dans les mêmes erreurs que ses prédécesseurs. Alors, il devra rester vigilant et bien examiner tous ceux qui se bousculent autour de lui. Si aujourd’hui ces marchands d’illusions commencent à le faire détourner de ses objectifs et surtout des principes qu’il s’est donnés, ce sont les mêmes personnes qui lui diront après son départ du pouvoir : « On lui avait dit, il n’avait pas voulu nous écouter ».


Bruno SEWADE
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