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Antoinette Gnammi, chef du Centre de promotion sociale de Matéri: «70 % au moins des élèves filles vivent maritalement à Matéri »
Publié le mardi 26 septembre 2017  |  La Nation
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© aCotonou.com par DR
Campagne Tolérance zéro contre le mariage des enfants





«70% des filles de nos collèges vivent avec des hommes issus des différentes catégories socioprofessionnelles y compris leurs enseignants et ce, avec le consentement de leurs parents», constate Antoinette Gnammi, chef du Centre de promotion sociale, pour témoigner de l’ampleur des grossesses en milieu scolaire.

Le phénomène des grossesses en milieu scolaire préoccupe aujourd’hui au plus haut niveau du système éducatif. Le drame n’épargne aucune commune de l’Atacora dont Matéri où vous intervenez en qualité de responsable du Centre de promotion sociale. Quel est l’état des lieux dans la commune la plus peuplée du département ?

J’avoue que c’est un véritable drame qui se joue dans nos communautés avec ces grossesses précoces. C’est à une catastrophe que nous assistons dans la commune de Matéri. Tous les dix collèges de la commune sont affectés par le phénomène. A titre d’exemple, rien que pour l’année scolaire 2016-2017, nous avons enregistré 25 cas au Ceg Matéri ; à Tchanhoun-Cossi, il y a eu 31 abandons sur 100 filles dont 20 liés aux grossesses et les autres, au mariage précoce. Dans les collèges, 70 % au moins des filles vivent maritalement, soit avec un professeur, soit avec des élèves et quelques-unes avec des personnes issues d’autres couches socioprofessionnelles et ce avec le consentement de leurs parents.
Le cas le plus récent dont j’ai traité est celui d’un garçon en classe de 2nde vivant déjà en concubinage avec une apprentie coiffeuse mère d’un enfant, qui a encore engrossé une élève de la classe de 5e. Le Centre de promotion sociale a dû intervenir pour qu’il accepte la grossesse. La fille a fini par accoucher et l’a rejoint et aujourd’hui il se retrouve sous le même toit avec deux enfants et ses deux compagnonnes. La première ayant été aussi une élève qui a dû abandonner les classes pour l’apprentissage. Les exemples foisonnent.

Qu’est-ce qui justifie cette propension des filles à aller vers les hommes aussi précocement tout en étant sur les bancs ?

La première responsabilité incombe aux parents. Il faut reconnaître que la première protection provient de la famille. Ce qui n’est pas le cas chez nous parce que déjà très jeune, l’enfant est livré à lui-même. Il fréquente des gens peu recommandables, assiste à des animations lors de cérémonies et c’est dans ces milieux qu’il s’approprie les mauvais comportements. Très tôt, il connaît le sexe et s’adonne à l’alcool. Les parents n’ont aucun contrôle sur les compagnies de leurs filles, encore moins sur leurs heures de sorties et leurs distractions. Par manque de dialogue sur la sexualité au sein des ménages, certaines adolescentes s’adonnent à l’acte sexuel sans y connaître grand-chose.

C’est quand même paradoxal qu’on assiste à une telle situation en dépit de l’implication d’institutions et d’Ong dans la lutte contre les grossesses en milieu scolaire et tout l’arsenal juridique existant ?

Les institutions et autres Ong sont certes là mais personne mieux que les parents ne peut garantir la protection à leurs enfants.
Les gens mettent ici tout sous le coup de la pauvreté mais je continue de dire que ce n’est pas parce que je suis pauvre que je dois faillir à mes responsabilités. Il faut pouvoir assumer ses charges en tant qu’éducateur en veillant à l’évolution harmonieuse de ses enfants et en leur garantissant un avenir décent. Ceci passe par l’école et il faut lui permettre d’aller aussi loin dans les études pour espérer qu’ils deviennent des individus socialement actifs et utiles à leur société. Outre la responsabilité des parents, c’est le laxisme qu’on note dans l’application des textes qui encourage les auteurs à perdurer dans leurs forfaits.
Le blocage de l’évolution normale de la procédure de protection des enfants par les officiers de police judiciaire qui ne s’acquittent pas toujours convenablement de leur mission n’aide pas à faire prospérer les dossiers que nous portons devant les services juridiques compétents. A ceci s’ajoutent le retrait des plaintes pour causes de liens de familiarité, les pressions ou l’influence des autorités locales qui empêchent parfois le déroulement normal des enquêtes pour une meilleure protection des enfants, les menaces à l’endroit des travailleurs sociaux, la négligence dans la gestion des dossiers par les acteurs qui ne taillent pas d’importance aux faits et le rançonnement des parents des victimes dans leur quête de soutien pour le règlement des cas de leurs enfants.
C’est dire que la tâche ne nous est pas facile et tout ceci ne fait qu’expliquer la recrudescence que nous notons au niveau du phénomène?

Kokouvi EKLOU A/R Atacora-Donga
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