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Art et Culture

Yélian Régis Ezin: L’inattendu révolutionnaire du kluiklui d’Agonlin
Publié le lundi 2 octobre 2017  |  La Nation




Rappeur à succès, Yélian Albéric Régis Ezin alias E-Ray s’est donné depuis deux ans un nouveau challenge. Après la scène musicale c’est dans l’agroalimentaire qu’il compte s’imposer à travers un produit tout particulier, le kluiklui d’Agonlin.

L’univers de l’agroalimentaire béninois s’est enrichi en 2015 d’une gamme de produits bien particuliers. Parti d’une modique somme de 15.000 F CFA, Yélian Albéric Régis Ezin a lancé la création de la marque agroalimentaire identitaire ‘’Dayélian’’. Label qui met sur le marché le kluiklui d’Agonlin. Produit d’une tradition séculaire, cet aliment fait à base d’arachide s’est vu modernisé et garnit aujourd’hui les rayons des supermarchés d’ici et d’ailleurs avec un emballage aussi innovant que captivant. « Nous avons voulu donner vie à la tradition sans l’altérer mais en la modernisant. C’est une façon pour Dayélian de sauvegarder une richesse. Nous avons un patrimoine culinaire sous-exploité qui n’intéresse personne parce qu’on estime que la tâche est difficile. Nous prônons le consommons local sans le mettre en pratique », justifie le promoteur. Dans son bureau à PK3, ce jeune homme de 31 ans, connu dans une autre vie comme rappeur, affiche toute sa passion pour la marque qu’il développe et se dit fier de son initiative. « A force de travail et un peu plus de deux ans, le produit est aujourd’hui plébiscité. Ce qui n’était pas le cas au début puisqu’il y a eu des résistances de la part des consommateurs. Les gens sont toujours réfractaires au changement », note-t-il, avec ce sourire à fleur de peau qui le distingue si tant.

L’entreprise créée à la suite de la mise en marché d’une trentaine de bouteilles de boulettes de kluiklui avec un fonds de commerce de 50.000 F CFA a tôt pris le pari de revisiter une recette culinaire multiséculaire qui tend à disparaître. Des études ont été faites sur son mode de fabrication ainsi que sur son goût et une stratégie de marketing appropriée a été définie pour intéresser les fins gourmets et autres amateurs d’amuse-gueules.

Si le pari n’était pas gagné d’avance, sa foi en cette initiative a fini par triompher des difficultés de départ. Avec 7000 produits de cette marque écoulés un peu partout, l’initiative fait florès et s’affiche comme l’une des start-up les plus prometteuses du pays avec une dizaine de millions de francs CFA de chiffre d’affaires en 2016. Une affaire qui rapportera encore plus au terme de l’exercice 2017 si l’on s’en tient aux projections faites par l’équipe forte de 31 salariés de l’entreprise. « Les gens sont fiers de pouvoir consommer des produits sains bien emballés et marquetés et d’en offrir à des amis », confie-t-il. Les yeux pétillants de malice et le sens alerte, cet expert en Marketing et Développement commercial ne cache pas son ambition d’aller loin dans sa quête d’imposer au public son label constitué, outre des trois saveurs du produit phare (kluiklui épicé, sucré et salé), du gari sucré au lait, du coco râpé à la noix de muscade, du coco râpé à la citronnelle, de l’arachide grillée et de la noix de cajou et des petits poissons (Super Dowevi).

Avec toujours un couvre-chef sur la tête et un habillement voguant entre tradition et modernité, Régis Ezin reste le témoignage vivant de la mascotte de la marque Dayélian. Et ne lésine pas sur les moyens pour vendre à fond son affaire.

Des efforts vite reconnus par des institutions de promotion des PME/PMI à travers le monde.

Après le Prix de la meilleure innovation africaine en 2015 à Cotonou, l’Ignite Talk et du Business Competition à Oklahoma aux Etats-Unis lors de sa participation au Mandela Washington Fellow, le Prix du Haut Conseil des Béninois de l’Extérieur (Catégorie Entrepreneuriat) à Paris en 2017, il est lauréat des Prix Jeunesse 3535 récompensant 35 jeunes francophones inspirants âgés de 18 à 35 ans qui ont à leur actif des réalisations exceptionnelles dans leurs communautés.

Franchir un nouveau cap

Bien qu’elle n’ait bénéficié d’appui d’une quelconque institution financière pour se développer, l’initiative a franchi un cap. « Même si on n’a pas encore la capacité d’autofinancement total, l’activité commence progressivement à servir elle-même de béquille à son propre développement en attendant d’être la réserve d’oxygène », avance le promoteur qui annonce des changements positifs dans la vie de son entreprise. Avec la forte demande des consommateurs le besoin de produire davantage pour la satisfaire, impose désormais l’introduction de machines dans la fabrication des délicieuses et croustillantes galettes d’arachide. « Pour espérer vendre plus il faut donc produire davantage et vu aujourd’hui la demande sur le marché nous avons commandé des machines qui nous permettront d’aller au-delà de la production actuelle », justifie-t-il.

Rappeur auteur de deux albums, de plusieurs singles et featurings, engagé dans le social, Yélian Régis Ezin a fait ses études secondaires dans son pays natal avant de s’envoler pour la France où il obtient un Master en Management interculturel et Traduction multilingue. Contrairement à ses compatriotes qui nourrissent le rêve de s’installer en Occident il n’a pas su résister à son envie de rentrer au bercail apporter sa pierre à l’édifice du développement. En dépit de la facilité qu’il avait à s’insérer dans l’univers de l’emploi en France, celui dont le soutien de la mère a été déterminant dans son devenir donne corps à l’une de ses ambitions en montant sa propre entreprise. Assez discret, tout à l’écart de l’univers people de l’art, il développe des stratégies commerciales et marketing innovantes pour asseoir son label sur le marché. « Je n’ai jamais été people. J’ai été toujours discret car pour moi il faut travailler en silence et laisser les produits faire du bruit pour vous ».

Ainsi dans l’ombre et quelque peu retiré de la scène musicale, il se consacre pleinement à ses activités entrepreneuriales, convaincu qu’il lui faudra bien du temps pour rentabiliser son investissement.

« Ce n’est pas une activité d’import-export, ni de l’achat-revente où ça marche tout de suite. Vous investissez de l’argent et vous ne récupérez pas au bout de 3 à 4 ans. Ce que je fais aujourd’hui n’est nullement antagoniste au métier de l’art. L’artiste ne vit pas seulement d’applaudissements ni de merci. S’il veut rendre rentable son art il doit pouvoir fonctionner tel un entrepreneur », croit-il, citant en exemple le modèle anglo-saxon où l’on voit des vedettes développer des marques de produits cosmétiques, de lignes de vêtements ou de chaînes de restaurant.

KOKOUVI EKLOU A/R ATACORA-DONGA
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