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Dégâts de l’essence de contrebande : La Rupture pour quelle solution ?
Publié le vendredi 6 octobre 2017  |  Matin libre




L’essence de contrebande dictera encore longtemps sa loi au Bénin. L’Etat n’a visiblement pas encore trouvé les vraies solutions pour endiguer ses dégâts. L’actuel gouvernement pourrait même afficher un piteux bilan face au phénomène.

Encore des dégâts matériels et des victimes causés par l’essence de contrebande. Le compteur macabre continue de tourner. Dans la nuit du 03 au 04 octobre dernier, un camion bourré de bidons d’essence frelatée a explosé dans un quartier de Porto-Novo. Plusieurs maisons ont été détruites par l’incendie ravageur qui s’est déclenché. On compte également un mort. Il s’agit d’une jeune fille. Au Bénin, les dégâts de l’essence de contrebande se suivent. Et l’Etat semble dépassé par le phénomène. Le régime du Changement avait engagé une bataille contre ce commerce illicite. Mais il avait lamentablement échoué. L’équipe de la Rupture, elle, n’est manifestement pas encore préoccupée par ce fléau qui tue. Outre les casses conduites dans le rang de certains petits vendeurs à Cotonou lors de l’opération de libération des domaines publics, aucune action n’est prévue pour endiguer ce mal. Le Programme d’action du gouvernement (Pag) pompeusement lancé en décembre dernier n’y a consacré aucune page. Patrice Talon n’aurait donc pas à cœur ce commerce aux multiples conséquences sanitaires et sécuritaires. Il ne fait donc pas partie des priorités du gouvernement. Durant tout le mandat de la Rupture, les Béninois risquent de subir encore les affres de ce liquide distribué par un réseau de contrebandiers depuis le grand voisin de l’Est. Ce vaste réseau, faut-il le souligner, est très implanté au Bénin. Et l’inaction du gouvernement ne fera que le renforcer davantage. Le Bénin serait bien condamné à vivre avec ce fléau que d’aucuns qualifient de «mal nécessaire». Aujourd’hui, en tout cas, le gouvernement de la Rupture confirme de jour en jour cette lecture pessimiste.

Des recettes…

Le commerce de l’essence de contrebande dure depuis plusieurs décennies. Face aux problèmes de chômage, plusieurs gouvernements s’en sont accommodés puisqu’il permet d’occuper un nombre non négligeable de jeunes. L’Etat feint donc d’ignorer les conséquences sanitaires et sécuritaires dudit commerce. Il est clair que supprimer brutalement ce commerce n’est pas une solution envisageable. Le professeur John Igué qui a longtemps réfléchi sur la question a d’ailleurs déclaré à propos de cette solution dans une interview accordée en 2016 à Wathi, le Think tank citoyen de l’Afrique de l’ouest: « (…) On ne peut pas affronter la concurrence du kpayo. C’est impossible. Ce n’est donc pas la peine de dire à l’Etat de supprimer ce commerce. Si vous dites à l’Etat de le supprimer, il y aura la révolution ici (…) Quand Yayi Boni avait tenté de mener la lutte, c’est lui-même qui est revenu sur sa décision». Pour ce géographe économiste, « tout le monde est impliqué dans ce commerce » et « il est donc difficile de l’arrêter». Il a tout de même conseillé : «(…) Vous pouvez dégager des niches. Vous pouvez faire la fonction d’entreposage pour parer au plus pressé afin que l’économie ne soit pas asphyxiée le jour où le Nigeria n’aura pas de pétrole de contrebande à exporter. Cette fonction rentre dans le cadre de la sécurité de la nation. On peut signer des accords avec les pays de l’hinterland pour leur vendre du produit pétrolier à bon prix ». Le géographe poursuivra : « (…) Pour que le secteur informel ne détruise pas le secteur formel dans le domaine pétrolier, il faut des passerelles. On peut dire que les vendeurs de kpayo s’occupent de la distribution primaire. Le secteur formel peut s’occuper de l’entreposage du produit. Mais il n’y a pas de discussion. Il y a beaucoup de problèmes par rapport auxquels il faut nécessairement harmoniser les points de vue». John Igué a fait des prépositions qui n’ont jamais été exploitées par les anciens régimes. Des solutions sont donc disponibles. Elles n’attendent que l’engagement réel des politiques pour être concrétisées. Patrice Talon qui s’est montré jusque-là volontariste doit pouvoir exploiter ces bonnes recettes. Mais beaucoup rappellent qu’il lui faudra d’abord dominer les puissants lobbies transnationaux de l’essence de contrebande.

A.S

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