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Interview sur l’ouvrage « Sinibagirwa »: Voici ce qu’un humanitaire Belge pense des Béninois !
Publié le vendredi 6 octobre 2017  |  L`événement Précis




«Sinibagirwa». C’est le titre que porte l’ouvrage du Belge, Fabrice Salembier. Une autobiographie qui dévisage l’Occidental, l’Africain, précisément le Béninois dans ses états noirs, qui ne laissent aucune place à l’amour. Sans état d’âme, Fabrice Salembier, après un demi-siècle de vie en Afrique et actuellement au Bénin, met le doigt sur cette plaie béante qui pue «…l’égoïsme, la jalousie, la critique dans tout ce qu’elle peut avoir de négatif… ». Paru aux Editions Venus, cet ouvrage commis par Fabrice Salembier, reste un livre de poche qui, sans anesthésie, opère le cœur noir d’un monde qui suscite d’interminables questions existentielles. Mais en attendant de vous procurer cet ouvrage d’ores et déjà disponible, en vue de découvrir ses pages noires, lisez l’interview que nous a accordée son auteur.

L’Evénement Précis : Vous vivez depuis des décennies déjà sur le continent africain. Après le Rwanda, vous êtes actuellement au Bénin. Quels ont été vos premiers constats, après avoir égrené vos premiers jours sur la terre béninoise ?

Fabrice Salembier : Un sentiment semblable à l’accueil qui m’avait été donné sur les terres rwandaises, à savoir chaleur y compris humaine – et c’est sans doute là le plus important -, hospitalité et sourires. On dit que l’occident a l’heure, l’Afrique a le temps… Le temps, on se l’approprie, on le fait sien.

Vous avez commis aux Éditions Venus, un ouvrage intitulé «Sinibagirwa». Que voulez-vous signifier à travers ce titre assez particulier?
« Je n’oublie pas ». Je n’oublie pas le drame du génocide dont j’ai vécu les premières heures sur place. L’horreur dans toute sa splendeur si je puis m’exprimer ainsi.

Dans cet ouvrage qui constitue vos mémoires, vous avez abordé la thématique de la jalousie. Quelles sont vos réelles motivations?
Le constat est partout le même : vouloir éteindre l’autre pour tenter de briller soi-même… L’égoïsme, la jalousie, la critique dans tout ce qu’elle peut avoir de négatif sont maintenant mis en exergue par tout un chacun. Comme si cela était nécessaire pour dire à son entourage, au monde que l’on existe. Navrant constat. Au niveau de mes motivations à propos de cette jalousie ? Oserais-je prétendre que c’est un nième signal d’alarme afin que les gens cessent d’être jaloux ? Oui, sans aucune prétention, cependant. Arrêtons ce jeu puéril qui ne mène de toute façon à rien…

Faites-nous découvrir l’ouvrage s’il vous plait.
C’est un parcours de vie, un demi-siècle de vie entre deux continents. C’est la rencontre de l’Autre, c’est un constat personnel. Une histoire singulière en quelque sorte. Mon histoire, ma vie au travers, un ressenti personnel.

Qui êtes-vous en réalité?
Je suis un BBB : blanc, belge au Bénin (rires). Plus sérieusement, je suis enseignant de formation en français, histoire et latin. Père d’une fille de 23 ans. Divorcé et dont les racines sont en Belgique et le cœur en Afrique. Un homme comme il en existe tant d’autres.

Vous dirigez au Bénin, une ONG qui travaille pour l’insertion des jeunes en difficultés avec la loi. Pourriez-vous nous parler de vos expériences dans ce secteur?
Je travaille pour la Pommeraie (service d’Aide à la Jeunesse) dont le siège central est à Faulx-Les-Tombes en Belgique. Ici au Bénin, Nous recevons des jeunes présentant des fragilités personnelles, en difficulté de relation ou en rupture avec leurs familles ou institutions, des jeunes vides de motivation, de confiance en soi, de repères cohérents, de valeurs de vie, de projets de vie, des jeunes adoptant des comportements inadaptés, à risques. Après un travail de préparation en Belgique, nous les accueillons ici et ils sont pris en charge par des éducateurs béninois et placés dans des familles d’accueil béninoises (cultivateurs, pêcheurs, artisans,…).
Les jeunes s’engagent alors dans des projets locaux de développement (petit élevage, maraîchage, entretien des locaux d’une école, d’un orphelinat et implication dans le Centre d’accueil pour enfants handicapés Assrotinsa que nous avons également mis sur pieds à la demande des éducateurs.
Nous les observons et nous évaluons en permanence leur évolution et leur (re)construction en vue de leur retour en Belgique. Les jeunes écrivent aussi leurs récits de séjour qu’ils remettront à leurs mandants.
Pendant le séjour des jeunes au Bénin, l’équipe en Belgique rencontre les familles et/ou leurs entourages régulièrement pour évaluer, épauler et élaborer des projets de vie en vue de leurs retours. L’équipe en Belgique reste le point de référence pour la famille, l’entourage, le mandant.

Apres tant d’années passées au Bénin, qu’avez-vous retenu du Béninois et du Bénin?
Un tas de choses mais si je vous les dévoile, je me mets à nu et mon ouvrage également. Pour résumer, je dirais de la passion.

En guise de conclusion, quels sont vos nouveaux projets?
Un petit livret sur la ville de Ouidah pour les touristes passés et à venir ainsi qu’un roman dont le titre sera « l’enfant de Ouidah » qui parlera des difficultés d’un enfant parmi une famille modeste béninoise et qui rêve d’Europe. Un mélange de fiction et de réalités (au pluriel parce qu’il y en a plusieurs)

Interview réalisée par Donatien GBAGUIDI
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