Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratiques    Le Mali    Publicité
aCotonou.com NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article
Société

Le Pain : Une arme de destruction massive qui a bon goût
Publié le mardi 17 octobre 2017  |  Autre presse
Le
© aCotonou.com par DR
Le Pain au Bénin




Par : Yann Colince

Ça commence comme un film d’horreur. A l’écran, on voit une salle aux contours lugubres. Elle présente l’aspect d’une pièce ayant autrefois abrité une morgue. Au fond de la pièce, à gauche, on aperçoit les reliques d’un dispositif de W.C sanitaire. A droite, à dix mètres de ces toilettes à ciel ouvert, trône une table. Ladite table doit avoir servi dans un passé récent à accueillir des dépouilles mortelles, sans doute la raison pour laquelle personne ne prend véritablement le soin de la nettoyer, de l’entretenir, de la débarrasser de son allure macabre.

Autour de la table, cinq jeunes garçons, dont on peut situer l’âge des uns et des autres entre 15 et 20 ans. Ils sont habillés comme des collecteurs d’ordures ménagères qui arborent fièrement leur tenue de travail.
Ces sympathiques jeunes personnes sont affairées autour de la table macabre. Les visages dégoulinent de sueur. Les vêtements sont trempés de la même sécrétion. Les mains sont occupées à pétrir sans délicatesse une matière disposée sans façon sur la table macabre.
Cette matière qu’ainsi ils pétrissent ? C’est de la farine de blé !
L’environnement que je viens de décrire avec euphémisme ? L’usine de production de pain d’une boulangerie de la place !
Ce film d’un genre inclassable dont je viens ici de relater les premières secondes, je l’ai visionné vendredi dernier au MICA (Ministère de l’industrie, du Commerce et de l’artisanat)

Voici les faits dans la bonne chronologie.

Vendredi dernier, autour de 14h, le MICA a réuni les boulangers, les organisations dites de défense des CONsommateurs, des journalistes, personnels du ministère et autres, dans la salle de réunion VIP de ce ministère. Au cours de cette rencontre, il a été présenté à l’assistance une vidéo sur les conditions de fabrication du pain par certaines boulangeries. Une vidéo réalisée par des équipes du MICA qui, tout récemment, entre 1h et 5h du matin, ont procédé à des descentes inopinées dans ces lieux de production du pain sur toute l’étendue du territoire, caméras en mains.
Je rappelle que je n’ai évoqué ici que les premières secondes de cet élément vidéo, pour ne pas heurter les sensibilités. Voilà pour la forme !

Dans le fond, il y a pire. Au cours de cette rencontre de vendredi dernier, à laquelle prenait part le ministre Lazare Sèhouéto (principal orateur), des révélations ont été faites.
Au-delà des conditions inqualifiables dans lesquelles certaines boulangeries produisent le pain, ces descentes à l’improviste des agents du MICA ont révélé que de nombreuses boulangeries utilisent des substances dangereuses et pourtant prohibées.

Avec la quantité de levure nécessaire pour fabriquer cent (100) baguettes de pain, quand on lui administre du Bromure de potassium et autres adjuvants illicites, cette même quantité de levure permet alors d’obtenir jusqu’à cent cinquante (150) baguettes de pain. Et vive les boulangers heureux ( je n’ai pas dit véreux). Voilà dans quelles conditions et comment ces boulangers roulent tout le monde dans la farine se tapent ainsi un max de blé, du bon blé, au détriment de consommateurs cancéreux.
Oui ! Le drame c’est que ces substances chimiques qu’ils utilisent pour rendre le pain gros et léger, sont cancérigènes. Ceux qui l’utilisent savent qu’ils se livrent ainsi à une dangereuse entreprise d’empoisonnement de masse. Et pourtant, cela ne les arrête pas…

NOUS SOMMES MENACÉS

Ces mots sont ceux du ministre Lazare Sèhouéto à la fin de la présentation de la vidéo. S’en est suivi une séance de discours-vérité du ministre à l’endroit des boulangers qui étaient nombreux dans la salle. A l’issue de ce contrôle, la loi a été appliquée.

Il y a aussi eu des amendes, de fortes sommes à payer. Jouant de la carotte et du bâton, le ministre a annoncé que les amendes seront annulées. Sous les hourra des boulangers présents. Et il a asséné le bâton : » On ne peut pas vous demander de payer certaines sommes et vous laisser continuer l’activité. Ce serait comme si on vous délivrait un permis de destruction massive de vies. »

Comme dira Lazare SEHOUETO, ‘‘Il n’y a pas de sanctions trop sévères à l’encontre de ceux qui ont intentionnellement essayé d’ôter la vie’’. Certaines boulangeries sont de ce fait fermées actuellement, pour trois mois. Avec obligation pour leurs promoteurs, de continuer à payer les employés (c’est la loi qui le dit). Après, elles recouvriront. Pour exercer cette fois dans le respect des règles élémentaires d’hygiène. Dans le respect des lois. Le ministère promet un marquage à la culotte. Pour mettre définitivement les indélicats hors d’état de nuire. Et veiller à ce que le pain, notre cher bon pain pas cher du tout, cet aliment qui donnait jadis du rythme et du goût à notre petit-déjeuner et nos moments de galère, que cette bonne baguette de pain ne soit pas définitivement transformée en arme de destruction massive par des boulangers véreux.

Ironie du sort ou simple hasard du calendrier, nous sommes en Octobre, le mois consacré à la lutte contre le cancer du sein. Et c’est en ce mois que moi j’apprends qu’on n’a pas forcément besoin d’avoir un sein pas sain pour chopper le cancer. Notre pain est devenu une arme de propagation massive du cancer. Ainsi en a décidé le boulanger véreux. En attendant que les réactifs du MICA mettent hors d’état de nuire tous les morceaux de pain ‘‘contrôlées positifs’’ au Bromure de potassium, je suis devenu paranoïaque. Depuis vendredi dernier, je suis incapable de poser mon regard sur tout ce qui ressemble à du pain. Et je ne vous souhaite pas de tomber sur la vidéo que j’ai visionnée au MICA. Le cancer est dans nos plats !

Jusqu’à nouvel ordre, même pour le petit-déjeuner, ce sera une petite béninoise… A votre santé !

Le sorbonnard, désormais terrorisé par la vue d’une baguette du pain
Commentaires