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Arracher le Bénin à ses démons historiques
Publié le dimanche 29 octobre 2017  |  24 heures au Bénin




​Soucieux de l’avenir du Bénin, des Collines au Littoral, parents et futurs parents s’interrogent en 2017 et, sans s’être concertés, aboutissent à l’idée d’une ‘‘Conférence culturelle nationale’’, une sorte d’opération ‘‘Vérité et Réconciliation’’. Ils ont découvert en effet le drame du Bénin, ses rancœurs ethniques, et que ce n’est pas en 66 ans de colonisation ni en 57 ans d’indépendance que l’on efface 400 ans d’esclavage, perlés de guerres pour traquer hommes et femmes afin de les vendre ou de les sacrifier.

​Car ‘‘Il est temps que les Africains comprennent que leurs ancêtres se sont, en toute complicité, entendus avec les Européens pour le démarrage et la bonne santé de cette œuvre commune qui n’est rien d’autre qu’un crime contre l’humanité : la traite atlantique’’ (A. Félix Iroko). Car ‘‘que le nombre des victimes soit si énorme, que les cérémonies en soient si lugubres, qu’à la cruauté on ajoute la plus amère dérision…, que tous les jours la maison du roi (comme il arrive au Dahomé) soit arrosée de sang humain, et que l’on proclame cela être nécessaire pour le salut du royaume, cela ne soutient plus le raisonnement, fût-il le plus absurde’’ (Francesco Borghero).

Car ‘‘à partir de 1888, la traite des Noirs obtint son abolition… Béhanzin se trouvait bloqué ; car il lui fallait des armes. De connivence avec les grandes firmes existant à Ouidah, des échanges auront lieu entre lui et les directeurs du tracé de chemin de fer Congo-Océan. Le souverain expédiait clandestinement des esclaves contre des armes… Etant donné que [la] guerre franco-dahoméenne empêchait toute campagne d’hégémonie, Béhanzin s’attaquait tout simplement aux paisibles populations d’Abomey et de ses alentours sans considération de rang social ou royal. Le bas-peuple était le plus éprouvé’’ (Justin Fakambi).

​Barthélemy Adoukonou dénombre ‘‘100 millions d’esclaves déportés en Amérique’’. Ce qu’il appelle ‘‘hybris de l’homme’’ a laissé au Dahomey-Bénin, jusqu’à aujourd’hui, une atmosphère de guerre permanente, quoique larvée, et qui envenime tous nos rapports sociaux et politiques : ‘‘Non, tu ne l’épouseras pas : ses ancêtres ont vendu les nôtres… Non, toi notre enfant, tu n’auras pas nos voix avec ce vice-président de ton parti : depuis toujours, son ethnie considère la nôtre comme un ramassis d’esclaves…Eux, c’est des achetés…’’, etc.

​On le voit, pour que le soleil de la concorde se lève sur le Bénin demain, il faudrait aller vers quelque chose qui ressemble à une ‘‘Conférence culturelle nationale’’, une sorte d’opération ‘‘Vérité et Réconciliation’’. Mais quelle chance aurait une telle démarche d’être sincère si notre culture n’a pas une grande notion du pardon et n’a aucune notion de la grâce ? Dans l’espace Aja-Tado, il n’y a que la terreur du pacte de sang pour créer quelque lien de confiance ou d’amitié entre deux personnes. Or pendant que l’on procède au lugubre cérémonial de ‘‘boire le Vaudou’’ pour que toute trahison soit suivie de la mort du traître, il y a la possibilité de ce que Paul Hazoumê appelle la ‘‘restriction mentale’’, consistant en une astuce frauduleuse qui ‘‘ménage une issue à la trahison’’ sans dommage pour le parjure.

​Déroute de l’Esprit. Totale désespérance. Raison de plus pour nous assoir ensemble, nous dire la vérité. Nous avouer, par exemple, que, dans les Eglises chrétiennes et les Loges maçonniques où nous nous affichons, nous ne cherchons qu’à paraître et non à être, car notre être est rivé au Vaudou qui jamais ne s’élève. Cet arrimage nous empêche d’entendre l’évangéliste Jean des Chrétiens et des Maçons : ‘‘Qu’ils soient parfaits dans l’unité’’ (17/23). Loin de là, nous voici crétins et divisés au milieu du fatras de nos vaudous rampants. Ce constat devrait nous amener à corriger drastiquement notre culture qui nous enchaîne au passé, alors que nous devons arracher le Bénin à ses démons historiques pour enfin avancer.

(Par Roger Gbégnonvi)
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