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Entretien exclusif avec Candide Azannaï : « Le Ravip regorge de pièges et de suspicions »
Publié le jeudi 2 novembre 2017  |  Autre presse
Candide
© aCotonou.com par DR
Candide Azannaï, le président du parti Restaurer l’espoir (RE)




Marcel Zoumènou

Le 07 octobre 2017 au cours du Conseil national de son parti « Restaurez l’espoir » à Abomey, Candide Azannaï avait annoncé urbi et orbi qu’il sera désormais dans l’opposition face à Talon.

Quelques semaines après, il annonce les couleurs à travers une interview exclusive accordée à Nouvelle Tribune. Avec son sens critique habituel, il décrypte le Ravip depuis sa genèse jusqu’à sa mise en œuvre. Selon lui, ce projet conduit à pas de charge par le gouvernement, recèle bien des pièges. Pour autant, il ne demande pas son boycott mais conseil aux populations de s’en  approcher avec « vigilance et réserve ».

Sa voix et son discours manquaient au débat politique actuel. Depuis près de sept mois qu’il a rompu les amarres avec son ancien ami devenu président de la république, Candide Azannaï se faisait toujours désirer. L’homme qui a décidé de respecter les pratiques républicaines en matière d’obligation de réserve, est désormais prêt à mettre fin à l’état de grâce accordé au pouvoir Talon. Hier soir, il a enfin accepté de nous accorder une interview. Plat de résidence : le Ravip. Au début, il insiste sur le rôle de l’opposition -dont il est désormais membre-, et fait une clarification importante.

« On ne parlera que du Ravip ce soir. Nous irons pas à pas. Si nous disons tout maintenant, nous allons nous perdre ».

L’entretien a eu lieu dans l’un des bureaux du parti qu’il désigne ironiquement par « atelier », son secrétaire général l’honorable Guy Mitokpè, à côté. Il parle d’abord de l’opérateur technologique –Safran-, et rappelle que cette société française basée à Issy les Moulineaux -banlieue parisienne-, a été choisie après un gré à gré signé en novembre dernier, alors même que la loi sur le Ravip n’était pas votée et qu’elle est chargée de collecter des données personnelles, des empreintes digitales et faciales des citoyens, comme Morpho Dys à l’aéroport.

Analysant la loi sur le Ravip, il décèle beaucoup d’anomalies, beaucoup de pièges et ravive les soupçons. Il constate qu’elle viole plusieurs articles du Code électoral, dans la mesure où l’Agence nationale de traitement (Ant), structure technique conçue pour l’actualisation de la Lépi, est détournée vers le Ravip, lequel ouvre aussi une fenêtre dangereuse sur la Lépi à travers son article 13. Sa commission de supervision aussi pose problème, puisqu’elle est totalement déséquilibrée, étant composée de 2 hommes politiques de l’opposition contre 16 pour la mouvance (députés, ministres et conseillers du Chef de l’Etat).

Ceci est un recul grave, puisque les commissions politiques de supervision ainsi que la Cena, sont aujourd’hui des institutions paritaires (opposition et mouvance, même nombre). Selon lui, si on prend en compte le fait que le Cos Lépi n’est pas installé, il y a des raisons de croire et de dire que « le Ravip est venu pour mettre fin à la Lépi ». Il fait sept propositions pour corriger ces lacunes et invite les populations à s’en approcher avec vigilance et réserve.  Interview.
Aujourd’hui, sur toute l’étendue du territoire national, le recensement administratif à vocation d’identification de la population (Ravip), a commencé. Qu’est-ce que vous reprochez à cette opération ?

Je vous remercie pour cet entretien. Nous sommes en politique. Et en politique, ce qui est très important c’est le discours. Au-delà du discours, les actes sont aussi importants en politique. Et il doit y avoir un lien entre le discours et les actes pour avoir nécessairement une traçabilité entre l’état démocratique, l’état citoyen et l’état social. Or, si le discours est flou, si le discours et les actes bafouent la loi, on peut porter atteinte aux liens entre l’état démocratique, l’état citoyen et l’état social. Donc le discours sur le Ravip est de cette nature, c’est un discours flou. Le caractère flou de ce discours amène à se demander pourquoi ce discours est flou. Et en voulant y répondre, on observe un rejet d’une loi qui existait déjà. Alors, il est important que nous nous interrogions sur ce qui se passe.

Candide Azannaï
De votre interrogation sur le Ravip, qu’avez-vous trouvé ?

De manière générale, le Ravip c’est la mise en œuvre d’une loi qui a été votée pratiquement en juin 2017, et qui porte sur l’identification des personnes physiques en République du Bénin. L’objectif ici ne sera pas d’expliquer la loi, mais de l’étudier, de l’analyser par rapport à la loi portant code électoral en République du Bénin, la loi 2013-06 du 25 novembre 2013. C’est une lecture croisée, analytique de la loi portant code électorale, et de la loi sur l’identification des personnes physiques, pour faire ressortir les interphases de litige.

Candide Azannaï
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