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Edito: L’esprit des remaniements
Publié le vendredi 3 novembre 2017  |  L`événement Précis
Le
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Le Conseil des ministres




auf si le Chef de l’Etat l’empêchait expressément comme ce fut le cas l’année dernière, les passations de service d’aujourd’hui devraient donner lieu à la même kermesse d’antan. Déploiement des têtes couronnées en grands boubous surélevés des immanquables perles gros grains, présence massive des parents et des militants accourus des quatre coins du village, démonstration de force des chefs de partis, groupes folkloriques et autres clubs d’artistes venus égayer la foule…Le remaniement chez nous est festif. Il est jouissif.

La fonction ministérielle est perçue au Bénin, et partout en Afrique, comme un poste de cueillette. On y vient pour cueillir, piller au besoin, les biens de l’Etat en son propre profit, de celui de sa région d’origine et pour le bien de son parti politique. « Félicitations à toute la région AGONLIN et à la famille des membres du TBR. Le poste de ministre des travaux publics et des infrastructures est revenu à nouveau à la région…C’est le moment d’appeler tous les fils d’Agonlin à le soutenir pour plus d’efficacité dans sa nouvelle fonction… » Voilà le genre de message qu’on a lu, ce week-end, sur les réseaux sociaux, en réaction à la nomination d’un ministre originaire de Ouinhi. Très peu de Béninois peuvent être choqués par ce libelle qui célèbre allègrement le régionalisme. Les joies des nouveaux entrants se confondent aux youyous des leurs qui commencent à rêver des gros marchés, des promotions dans la fonction publique, de l’argent à gogo… On se surprend à compter les faveurs sans nombre du pouvoir subi que détient le nouvel entrant, ainsi que tous les parents, amis et alliés qui fourmillent autour de lui. On est convaincu que la fonction ministérielle est un business qui rapporte gros. Chaque parent qui accourt à la passation de services vient plaider le cas d’un fils, d’un cousin ou d’un ami, ou carrément son propre cas. Il y en a qui vont brandir des ordonnances ou des frais de scolarité à payer, espérant que le nouveau messie daigne bien y jeter un coup d’œil. L’impétrant aussi qui saute dans l’arène, calcule les millions : primes d’installation, salaires, primes et indemnités diverses, et surtout les dessous de table qui abondent…

Lorsqu’on a fini de faire le point, très peu de gens se poseront la question de savoir quels sont les vrais défis auxquels le nouveau ministre sera confronté. Il est vrai que le Chef de l’Etat qui a nommé aussi a des arrière-pensées loin des performances véritables dont le pays a techniquement besoin. A l’heure où les défis politiques surpassent largement les défis sociaux ou même tous les impératifs économiques, le Président de la République est contraint ( !!!) d’oublier les performances techniques. En dehors des finances et de la planification pour lesquelles, il a besoin de techniciens chevronnés, du fait des exigences des partenaires techniques et financiers, il a bon droit de nommer qui il veut où il veut, comme il veut. Il n’y a que les urnes qui sanctionnent les dérives éventuelles. Mais quand le vrai peuple de ceux qui votent accourt vers les nouveaux bienheureux, il est clair que les nominations qui s’effectuent sont pour le Chef de l’Etat une opération électorale. A-t-on nommé Sam Adambi à l’eau et aux mines ? Tout Parakois sait qu’il a été positionné pour sécuriser la huitième circonscription électorale (Tchaourou, Parakou, Pèrèrè) pour empêcher qu’elle tombe dans l’escarcelle de l’opposition. A-t-on positionné Dassigli à la décentralisation ? Personne ne doute qu’il a été placé là pour contenter les électeurs de Zè qui ne comprendraient pas que l’un des leurs ne soit pas proche de la marmite. Avoir quelqu’un proche de la marmite, c’est l’assurance d’avoir une personnalité en haut lieu capable d’agir en cas de coup dur. Et c’est tout bénéfice pour le nouvel arrivant qui prend automatiquement le statut de demi-dieu dans sa communauté.

Jusque-là, vous n’avez pas encore perçu une quelconque exigence de bonne gestion, ni une pression du groupe social pour faire mieux, encore moins une tradition dans quelque village pour obliger le nouveau ministre à se comporter dignement. C’est ainsi parce que la fonction ministérielle porte au Bénin ou ailleurs en Afrique, un imaginaire alimentaire et financier. Tenter de lutter contre, revient à attaquer le vent. Une pure perte de temps.

Mais une chose est sûre : le ministre qui saura résister au folklore pour accomplir en conscience le devoir de sa charge, sera célébré à la fin par toute la nation.

Par Olivier ALLOCHEME
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