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Hommage de Marius Dakpogan à un universitaire de renom: Des révélations sur Guy Ossito Midiohouan
Publié le mercredi 22 novembre 2017  |  L`événement Précis




Le mardi 7 novembre 2017, la communauté universitaire a rendu des hommages exceptionnels au Professeur Guy Ossito Midiohouan. Professeur de littérature africaine d’expression française, Professeur titulaire des universités du Conseil africain et malgache pour l’enseignement supérieur (CAMES), il est désormais admis à faire valoir ses droits à la retraite. Parmi les témoignages élogieux qui ont salué l’œuvre immense de cet universitaire aux qualités exceptionnelles, celui de Marius Dakpogan garde une remarquable singularité. Ancien étudiant du Professeur au département des Lettres Modernes de l’université nationale du Bénin, Marius Dakpogan rapporte entre autres des pans d’histoire méconnus qui ont marqué des générations d’étudiants, depuis les années 1980.
Lire ci-dessous son discours d’hommage

Mesdames et messieurs les étudiants,
Honorables invités, chers amis,
Au cours de l’année académique 1981, un indescriptible concours de circonstance, fit débarquer à Cotonou, le ménage MIDIOHOUAN. Tecla et Guy firent leur entrée au département des Lettres modernes de l’université nationale du Bénin en qualité d’enseignants. Au même moment, le professeur Adrien HUANNOU qui venait d’être nommé Doyen de la faculté,abandonna ses cours de littérature africaine aussitôt confiés aux deux nouveaux enseignants.
Nous fûmes moins d’une vingtaine d’étudiants autour de nos deux professeurs avec qui nous entrâmes, corps et âmes, dans les méandres de la littérature africaine et dans les subtilités de la critique littéraire. Nos deux professeurs étaient bons. Mais Guy particulièrement, il faut le dire, était exceptionnel. Jeune à l’époque, il respirait les lettres à pleins poumons. Il les vivait, les sentait, les caressait, les voyait, leur parlait, les interrogeait et au terme de leurs intimes confidences, celles-ci lui dévoilaient leurs secrets qu’il nous communiquait à l’occasion de nos rencontres. Les cours qu’il nous dispensait alors, prirent l’allure d’un séminaireoù dans une ambiance conviviale,nous échangions avec lui sans la moindre discrimination, sans aucune grandiloquence de sa part.
Le professeur Guy Ossito MIDIOHOUAN est un intrépide chercheur. Infatigable, insatiable, toujours insatisfait, il parcourt sans jamais vouloir s’arrêter, les subtilités de la littérature. Très agile félin, il est à l’affût des nouvelles parutions littéraires d’Afrique et du monde qu’il dévore avidement. Les notes de lecture qu’il produit et publie dans les revues scientifiques de renom sont d’une telle pertinence qu’elles forcent l’admiration des lecteurs et des chercheurs les plus réputés. Aussi reçoit-il très régulièrement des invitations en provenance de grandes universités d’Afrique et du monde.
D’une incroyable humilité, c’est avec plaisir et modestie qu’il aborde ses étudiants pour s’enquérir de leurs sources d’information lorsque ceux-ci parviennent à le séduire par la qualité et l’originalité de leurs travaux de recherche. Grâce à son ardeur au travail, à sa détermination, à sa pugnacité, il gagna la sympathie de la plupart de ses étudiants et suscita auprès de ses collègues, le besoin et l’envie de se lancer eux- aussi dans la recherche scientifique. Les témoignages publiquement rendus à la fin des conférences que le professeur Guy Ossito Midiohouan donnait ainsi que les commentaires sur le campus sont d’éloquentes preuves de ses mérites.Aussi, n’était-il pas rare d’entendre à la fin d’une conférence :C’est la première fois qu’un professeur d’université tient ainsi en haleine son auditoire. D’ailleurs, les lieux de ces conférences, régulièrement pleins à craquer et le public, toujours demandeur, montrent aisément la soif de ce dernier ainsi que son ardent désir de s’étancher à la source du savoir nouveau et authentique.
Membre fondateur de l’Association des professeurs de français du Bénin, il occupa à plusieurs reprises, le poste de vice-président, chargé des relations avec l’Université nationale du Bénin. Très actif, il fut toujours présent à toutes les activités de l’association dont il est détenteur à ce jour, de la plupart des documents essentiels qu’il a très soigneusement conservés.
Patriote conséquent, le professeur MIDIOHOUAN ne ratait aucune occasion pour dénoncer les exactions sordides et les hypocrisies souriantes des puissances impérialistes.
Mais, il ne connut pas que la lune de miel à l’Université nationale du Bénin. Très tôt, un malencontreux incident qui se produisit au département des Lettres modernes faillit émousser son ardeur au travail et dissiper sa foi de sorcier.
En tant que témoin oculaire vivant, Je m’en voudrais de ne pas profiter de cette tribune pour rappeler les tenants et les aboutissants de ce fameux incident afin d’éclairer une fois pour toute, la lanterne des uns et des autres. Cette démarche me paraît indispensable car, il convient que le professeur Guy Ossito MIDIOHOUAN qui fait valoir ses droits à la retraite s’en aille en paix, conscientque la jeune communauté universitaire, enfin débarrassée de toute suspicion, sait maintenant pourquoi durant plusieurs décennies, une guerre stupide a divisé les professeurs du département des Lettres modernes et créé des dissensions dans l’UNB tout entière.
Nous étions en 1982 et la promotion 1979-1982 des Lettres modernes venait de finir son C2. Je proposai à mes collègues et à nos enseignants qui l’acceptèrent, la création d’un forum d’échanges pédagogiques et culturels. Ainsi, tous les mercredis, de 15 à18h, nous devrions nous retrouver pour débattre d’un sujet portant, soit sur la littérature, soit sur psychopédagogie, soit sur un aspect de la recherche. C’était pour nous, professeurs de français, un tremplin pour rester en contact permanent avec l’université.
Les professeurs avaient donc commencé par plancher les uns après les autres. Lorsqu’arriva le tour du Doyen, il développa un thème portant sur Les Littératures nationales. Pendant les débats qui suivirent l’exposé, le professeur GuyOssito MIDIOHOUAN lui demanda de mieux justifier son affirmation en l’étayant d’exemples plus scientifiquement soutenables. Mais comme à son habitude, Guy encoda son message avec sa voix de stentor. Il n’en fallut pas davantage pour que le Doyen s’irritât, abandonnât la problématique en cours au profit d’autres considérations que je m’interdis d’évoquer. La suite, chacun le sait. Au fil des ans, l’information parvenait aux jeunes générations d’étudiants et aux nouveaux enseignants à travers un prisme déformant avec des versions plutôt romantiques, voire rocambolesques.
Je ne suis ni un apprenti sorcier ni un prophète de malheur et loin de moi, l’idée de vouloir attiser une querelle vieille de trente-cinq ans. Je voudrais tout simplement que tout le monde sache que rien, alors absolument rien n’opposait nos deux professeurs en dehors de ce questionnement qui arriva par une voix un peu trop forte. C’était tout et c’était trop anodin pour déclencher un aussi pernicieux affrontement, fût-il verbal ou par discours écrits interposés.
Professeur Guy Ossito MIDIOHOUAN, Je crois avoir restitué dans ses grandes lignes, cet incident regrettable qui, je le sais, vous a longtemps traumatisé. Mais vous avez tenu bon et les nombreux étudiants que vous avez formés et qui sont aujourd’hui vos porte étendards témoignent de la qualité de vos enseignements que rien n’est parvenu à émousser et de votre grand humanisme. Vous avez une voix qui porte loin et qui vous dispense de quelque intermédiaire électronique pour vous adresser à votre auditoire.Mais un don du Ciel ne peut jamais valoir à son bénéficiaire, autant d’animosité. Trêve donc de palabre.
Lorsque je regarde autour de moi et que je vois ces loups de la littérature, tenaces et pugnaces comme vous-même, je suis rassuré, sachant que votre message vivant et immortel franchira frontière sur frontière et se répandra dans l’univers tel le roucoulement de la colombe.
Je vous souhaite une longue vie afin que vous puissiez profiter le plus longtemps possible de votre retraite, fruit légitime de vos années d’efforts et de privations.
Je vous remercie.
Abomey-Calavi, le 07 novembre 2017
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