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Editorial : Repenser les fêtes identitaires
Publié le lundi 27 novembre 2017  |  Fraternité
Célébration
© 24 heures au Bénin par DR
Célébration de la fête des Vodoun à Zogbo (Cotonou) et à Ouidah




Il y avait foule dans la commune de Covè le weekend dernier. Les fils et filles de la localité ne se sont pas faits prier, pour répondre massivement présents à l’invitation du comité d’organisation du festival Mahi Houindo. Cette 18ème édition a tenu toutes ses promesses. Comme il est de coutume chaque année depuis 1997 que ce festival a été initié, les papilles gustatives des festivaliers ont été abondamment sollicitées. Dans une ambiance conviviale, les manifestants ont fait honneur aux restaurateurs qui ont pris un soin particulier pour préparer des mets appétissants. Passé l’étape des discours et des cérémonies cultuelles, place fut faite à la fête et aux réjouissances. Drapés dans le tissu pris pour la circonstance, les festivaliers se sont offerts des moments de communion et de gaieté et le rendez-vous est d’ores et déjà pris pour la prochaine édition.
Enraciner la culture Mahi, la pérenniser afin de laisser un digne héritage aux futures générations pour qu’elles ne soient pas emportées par “le vent de l’acculturation”, tel est l’objectif principal poursuivi par les initiateurs de ces retrouvailles quasi annuelles. Noble ambition qui mérite d’être encouragée et soutenue. Hélas ! Les organisateurs pèchent le plus souvent en mettant beaucoup plus en exergue l’aspect festif de ces retrouvailles. Qu’il s’agisse de « Mahi Houindo », de « Nonvitcha », de « Wémèxwé », de « Gléxwé xwé », « du festival international du Danxomè » ou encore de la « fête de l’igname » pour ne citer que ces creusets, les participants n’ont d’yeux que pour la fête. La plupart de ceux qui se rendent à ces manifestations culturelles et cultuelles ne songent qu’à se remplir le ventre une fois sur place. Tout est pensé, fait et voulu comme tel. Très peu de place est laissé à la réflexion.
Ce qui doit être, c’est que ces creusets servent réellement et concrètement pour le développement des localités dont ils veulent assurer la promotion. Mais très souvent, après la fête, la foule se disperse et ne se réunit à nouveau qu’à la prochaine édition. Qu’est-ce qui est fait en termes de réflexion et de propositions d’actions pour sortir les localités concernées de l’ornière ? Pas grand-chose. Il est vrai que certaines associations à l’instar de Wémèxwé font l’effort de doter les communes de la vallée de l’Ouémé d’infrastructures socio-éducatives. Mais cela est loin d’être suffisant. La preuve, lorsque s’éteignent les feux des ripailles et de la bombance, les populations autochtones vivent la galère au quotidien. Elles manquent de tout et même du minimum pour mener une existence décente. Ces retrouvailles identitaires donnent la part belle à la fête au détriment de la « lutte contre la pauvreté ».
Dans nos contrées, les routes, les pistes de desserte rurale, les centres de santé, les écoles manquent à l’appel. Comme pour enfoncer le clou, l’eau potable et l’électricité sont des denrées rares. Quid des activités génératrices de revenus dont la promotion ferait le bonheur de milliers de ménages ? Les jeunes, scolarisés ou non, les femmes et les adultes sont à la quête du gagne-pain. Dans un contexte aussi difficile, les retrouvailles identitaires doivent mettre davantage l’accent sur les voies et moyens à emprunter afin que les affres de la pauvreté ne soient plus aussi durement ressentis par les populations. C’est à cet exercice de développement que les organisateurs des fêtes identitaires doivent s’atteler désormais. Sinon, à quoi sert-il de faire la fête seulement quelques jours si la faim et le dénuement dictent leur loi à plein temps ? La quête de l’épanouissement de chacun et de tous n’est pas de la seule responsabilité des gouvernants. Les retrouvailles identitaires peuvent et doivent y concourir.
Moïse DOSSOUMOU
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