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Editorial : La bombe à retardement
Publié le mercredi 29 novembre 2017  |  Fraternité




63 700 candidats pour 326 postes. C’est ce que révèle le dernier concours en date organisé pour le compte du ministère de l’économie et des finances. Ces chiffres effarants expriment une évidence aveuglante. L’emploi est devenu une denrée rarissime à telle enseigne que la liste des diplômés s’allonge indéfiniment. D’année en année, ils sont des milliers à être déversés sur le marché du travail. Pendant que les anciens devenus sous-employés ou fans de petits boulots se résignent à mener la mort dans l’âme une existence misérable, les nouveaux diplômés pétris d’espoir se lancent naïvement et résolument dans une course effrénée pour l‘emploi. Les plus chanceux et les plus nantis parviennent, tant bien que mal, à tirer leur épingle du jeu. Les autres, les plus nombreux, triment pendant des années et finissent, à bout de force, par se contenter du peu.
Ces chiffres qui font froid dans le dos ne sont que la partie visible de l’iceberg. Ce concours organisé au profit du ministère de l’économie et des finances concerne exclusivement les diplômés ayant un profil précis. Les 63 700 candidats en question ne sont qu’une infime partie de l’ensemble des diplômés qui sont à la quête d’un gagne-pain stable et durable. A chaque fois qu’un processus de recrutement d’envergure est lancé par l’Etat, les espoirs se déchaînent et les chercheurs d’emplois affluent de toutes parts. Depuis des années que le chômage prend de l’ampleur de manière exponentielle, aucune politique publique digne du nom n’a été conçue pour caser les jeunes. Rien n’est fait pour donner espoir à la couche juvénile qui ne demande qu’à travailler pour se rendre utile à elle-même, à leurs familles, à leurs communautés, à leur pays. En termes simples, nos gouvernants feignent de ne pas considérer l’ampleur de ce drame social.
Lorsque cette bombe à retardement aura explosé, ils se rendront compte de la réalité qu’ils refusent de voir en face. Les quelques solutions proposées çà et là sont insuffisantes pour absorber le trop plein des potentiels travailleurs en attente d’être appelés à faire valoir leurs compétences. L’Agence nationale pour l’emploi (Anpe) et le Fonds national pour la promotion de l’entrepreneuriat des jeunes (Fnpeej), pour ne citer que ces deux instruments, donnent du sourire à quelques uns dans le lot. Face à la masse laissée en rade, le rôle joué par ces structures n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan. Il faut une réelle politique qui crée les conditions d’insertion professionnelle au profit des jeunes. En amont, une réforme au niveau du système éducatif qui met l’accent sur l’auto emploi serait la bienvenue. Cela conditionnera très tôt les apprenants à avoir le réflexe de l’entrepreneuriat au lieu de ne penser qu’à être des salariés.
D’autre part, il ne tient qu’aux diplômés en attente d’un emploi de se prendre en charge. Si l’Etat refuse de prendre ses responsabilités, il revient aux jeunes de rejeter le sort qui leur est réservé et de lutter pour le meilleur. Partout dans le Bénin, dans toutes les contrées, il y a des terres cultivables. Des projets agricoles porteront leurs fruits aujourd’hui et demain. Il en est de même dans les autres domaines. L’important, c’est de concevoir des projets pertinents et de s’y consacrer avec enthousiasme. C’est dommage que la jeunesse qui constitue un trésor sous d’autres cieux soit réduite à une charge et laissée sur le bas-côté de la route par ici. Si les choses restent en l’état, si rien n’est fait d’ici quelques années pour valoriser les cerveaux et les bras valides, la colère sourde qui gronde en eux et qu’ils ont du mal à contenir, se déversera sur le pays comme les vagues mugissantes de l’océan. En ce moment-là, ce sera trop tard pour les contenter. La bombe aura déjà explosé.
Moïse DOSSOUMOU
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