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L’exil pour échapper à la Justice : Après Talon, la légende suit son cours
Publié le mardi 19 decembre 2017  |  Matin libre
Patrice
© Autre presse par DR
Patrice Talon




Ils sont les premiers à clamer « je crois en la justice de mon pays ». Mais dès que l’occasion se présente de le prouver, c’est du lieu de leur exil, que la formule consacrée trouve désormais un sens. Prendre la poudre d’escampette est devenu le sport favori de certains hommes politiques impliqués à tort ou à raison dans une affaire. Il suffit pour cela qu’un brin de soupçon de la thèse d’acharnement politique pèse dans un dossier pour que les mis en cause aillent se mettre à l’abri à l’extérieur, devenant ainsi les exilés d’un régime.Un enlèvement manqué ou une tentative d’enlèvement réel ou non sert de justification pour se mettre en lieu sûr. L’ancien maire de Cotonou Léhady Soglo a toujours clamé son innocence. Les quatre missions d’audit qui lui ont été envoyées, en moins de deux ans, n’ont, selon ses dires, rien trouvé pour l’incriminer. Mais pourquoi était-il obligé de fuir ? Ne pouvait-il pas rester sur place, faire face aux charges qui lui sont imputées et démontrer par là qu’il fait réellement confiance à la justice ? Dans l’affaire de faux médicaments, Atao Hinnouho a attendu d’être hors de portée avant de faire des révélations sur les structures de distribution de médicaments qui seraient ses clients. Selon ses avocats, Atao Hinnouho serait un représentant d’un laboratoire de fabrication de médicaments et disposerait pour cela d’un agrément en bonne et due forme. Mais pourquoi a-t-il fui, si tant est qu’il exerce ce commerce en toute légalité ?

Ces questions légitimes trouvent leur réponse dans le passé de celui-là même qui, aujourd’hui, détient le pouvoir d’Etat et présenté à tort ou à raison par les nouveaux exilés comme leur persécuteur. Patrice Talon lui-même, au summum des affaires de coup d’Etat et de tentative d’empoisonnement en 2012, a dû s’exiler pour échapper à la justice de son pays.Comment alors les autres sont-ils censés se comporter quand ils estiment être persécutés par un Chef de l’Etat qui, en son temps, avait aussi pris la clé des champs lorsqu’il était dans le viseur du régime Yayi? Dans les mêmes conditions, les mêmes causes ne produisent-elles pas les mêmes effets ? Léhady Soglo et Atao Hinnouho ont juste emprunté l’issue qui s’offrait à eux en ce moment-là comme l’avaient fait avant eux Adrien Houngbédji sous la révolution, Patrice Talon, Olivier Boko, Lionel Agbo et Angelo Houssou sous Yayi.

S’il y a réellement une volonté d’un régime de mettre hors d’état de nuire un opposant, sur beaucoup de cieux, l’exil est la solution. D’ailleurs, l’Europe est la destination de beaucoup d’opposants africains aux régimes au pouvoir dans leurs pays respectifs. Certains y doivent même leur survie. Mais pour ce qui est du cas du Bénin, le vrai problème reste la perception qu’on a de la limite entre l’acharnement politique et la confiance que les supposés coupables peuvent avoir en une justice équitable, qui n’est inféodée à aucune puissance qu’elle soit étatique ou d’argent. Quelle garantie peut-on avoir que les pressions d’où qu’elles viennent ne vont pas conditionner la décision du juge ? Ce doute est souvent à la base de la décision de certains mis en cause de se mettre d’abord à l’abri quitte à organiser leur défense du lieu d’exil où ils se trouvent.

De la période révolutionnaire à ce jour, chaque régime a connu ses exilés. Mais ce n’est pas toujours la solution. Les cas de Candide Azannaï sous le régime Yayi, Sébastien Ajavon sous Yayi et sous l’actuel régime puis maintenant celui de Laurent Mètongnon prouvent qu’on peut choisir de ne pas fuir, de faire face à la justice de son pays quand bien même il y a un fort soupçon d’acharnement politique dans le dossier.

B.H
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