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Entretien avec Dr Abdou Tenkouano, Directeur Exécutif du CORAF: « La recherche peut aider les communautés à se prendre en charge »
Publié le vendredi 29 decembre 2017  |  L`événement Précis




Dr Abdou Tenkouano, le Directeur Exécutif du Conseil ouest et centre africain pour la recherche et le développement agricoles (CORAF) a pris part, du 4 au 8 décembre 2017 à Cotonou, à la Semaine du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest (SSAO) organisée par le Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest (CSAO). Dans cette interview qu’il nous a accordée à l’occasion, Dr Tenkouano présente le CORAF. Il revient sur la participation du CORAF à la SSAO et parle aussi des liens que le Bénin entretient avec ce centre considéré comme la plus grande organisation de recherche sous régionale en Afrique.


Dr Abdou Tenkouano : Le CORAF est une association des systèmes nationaux de recherche agricole qu’ont rejoint très récemment les producteurs, le secteur privé et tous ceux qui sont actifs dans les domaines de la production et de la transformation de la production pour assurer la sécurité alimentaire et nutritionnelle de la sous-région et offrir des emplois aux jeunes en particulier.

Quelles sont les actions menées à ce jour par le CORAF dans la région?
Nous avons mené beaucoup d’actions, ça fait quand même trente années d’existence, beaucoup d’argent dépensé pour la formation des cadres de la recherche et développement pour remplacer le personnel vieillissant. La deuxième chose que nous avons faite, c’est mutualiser les moyens de recherche en développement, de telle sorte que les pays soient responsabilisés pour différentes chaînes de valeur. Par exemple, le Bénin est responsable du maïs, le Ghana des racines et tubercules. Chacun travaille sur quelque chose qui a de la valeur pour toute la région et ainsi, reçoit aussi quelque chose de la région. Voilà notre mécanisme de travail.

Les perspectives d’avenir, comment les entrevoyez-vous?
Au vu de ce que j’ai entendu ici à Cotonou, je pense qu’elles ne sont que radieuses. Et ceci, grâce à la volonté de travailler ensemble, à l’esprit de solidarité que nous avons montré pour répondre à la question de la crise post-Ebola que nous avons pu éviter du point de vue alimentaire, au fait que nous avons des partenaires financiers qui nous font confiance, et surtout au dispositif selon lequel ce sont les pays mêmes qui empruntent de l’argent auprès de la Banque mondiale qui mettent cet argent au service de la recherche et du développement agricoles. C’est ça le futur, prendre notre avenir en main, et le prendre ensemble.

Le CORAF a été invité à participer à la SSAO, et notamment à la 33ème réunion du Réseau de prévention des crises alimentaires (RPCA).Comment jugez-vous cette participation ?
On nous a entrouvert la porte. C’était un cercle relativement fermé d’humanitaires, d’intervenants dès qu’il y avait une crise. Nous sommes venus avec une idée qui dit qu’on peut éviter de se retrouver en situation de crise. On nous a accueillis à bras ouverts, nous en sommes très heureux. On nous a même proposé d’institutionnaliser la présence de la recherche aux rencontres du Réseau de prévention des crises alimentaires. On ne peut qu’être satisfaits.

Que retenir de votre intervention à l’occasion de l’événement spécial dédié au CORAF en marge de la 33ème réunion du RPCA?
Ce que j’ai dit tient en quelques mots : on parle de résilience et de précarité et nous, nous disons que la recherche a les moyens d’éviter, qu’on se retrouve en situation de précarité en renforçant la résilience. Au lieu d’attendre la crise, j’ai dit que nous pouvons nous préparer et avoir des stocks semenciers que nous pourrons distribuer parce qu’ils sont l’une des premières victimes de toute crise. Quand vous avez des inondations, c’est des champs qu’on ne peut plus cultiver, c’est des semences qui s’en vont. Quand c’est la sécheresse, c’est les semences qui disparaissent. C’est pareil pour les animaux. La recherche peut mettre à la disposition des communautés les moyens de se prendre en charge pour être plus résilientes face à une crise. Et nous, les chercheurs, ne devons pas être pris comme étant des personnalités mystiques injoignables. Nous sommes dans la communauté, nous vivons dans la communauté, nous en connaissons les préoccupations et nous voulons contribuer aux solutions. C’est ça mon message.

Quel type de collaboration le CORAF entretient-il avec l’Institut national des recherches agricoles du Bénin (INRAB) ?
Nous faisons beaucoup de choses ensemble. Déjà, l’INRAB sera l’un des éléments clés de l’initiative qui se met en place sous l’égide du président béninois Patrice Talon et qui est la création d’un centre avancé de recherches sur les changements climatiques qui sera dans les locaux de l’IITA à Abomey-Calavi. Mon organisation a été cooptée pour être plus ou moins le porteur de cette initiative auprès de la CEDEAO entre autres. En plus de cela, il y a beaucoup de recherches que nous finançons directement avec l’INRAB, et l’INRAB nous apporte aussi son expertise humaine dans d’autres pays. C’est ce genre de brassage que nous faisons.
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