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Mutilations génitales féminins: Renforcer le combat contre l’excision
Publié le mardi 13 fevrier 2018  |  La Nation
Manifestation
© Autre presse par Marcos del Mazo/LightRocket
Manifestation contre les mutilations sexuelles féminines à Madrid, le 3 février: 200 millions de victimes dans le monde.




Le 6 février dernier, la communauté internationale a célébré la Journée mondiale de lutte contre l’excision. Les mutilations génitales féminines (Mgf) sont considérées comme une violation des droits des filles et des femmes. Malgré les efforts déployés par le Système des Nations Unies et les organisations de la Société civiles, force est de constater que cette pratique persiste et demeure une menace pour la santé de la femme. D’où, importe-t-il de renforcer le combat.

« L’excision reste une pratique généralisée dans une quinzaine de pays d’Afrique », affirme l’Organisation des Nations Unies qui précise « que 30 millions de femmes seront victimes de mutilations sexuelles dans les dix ans à venir ». L’Unicef confirme que des études réalisées au cours des vingt dernières années dans les vingt-neuf pays les plus touchés par cette pratique, plus de 125 millions de jeunes filles et de femmes d’Afrique et du Moyen-Orient vivent en ayant subi une mutilation sexuelle. Les nombreux efforts n’ont pu étouffer le phénomène qui, entre temps, avait connu une légère diminution en 2015.
Alors que les institutions internationales s’emploient à éradiquer le phénomène, du fait de ses conséquences tant sur la santé des femmes que sur leur vie en société, certaines autorités religieuses continuent de considérer les mutilations sexuelles féminines comme faisant partie de la nécessaire éducation d’une jeune fille et de sa préparation à l’âge adulte et au mariage.
Les raisons pour lesquelles les mutilations sexuelles féminines sont pratiquées varient d’une région à l’autre et divers facteurs socioculturels au sein des familles et des communautés sont en cause.
Pour certains garants des valeurs endogènes, les mutilations sexuelles féminines relèvent d’une convention sociale qui incite à se conformer à ce que font les autres, ainsi que le besoin de reconnaissance sociale et la crainte du rejet par la communauté. Ces diverses raisons constituent une forte motivation pour perpétuer cette pratique qui, dans certaines communautés, reste rarement contestée.
« Pire, les mutilations sexuelles féminines sont souvent motivées par des croyances relatives à ce qui est considéré comme un comportement sexuel approprié », ajoute Huguette Bokpè Gnacadja, coordonnatrice de Wildaf-Bénin. Elles visent à assurer la virginité prénuptiale et la fidélité conjugale. Selon les croyances de nombreuses communautés, les mutilations sexuelles réduiraient la libido féminine, ce qui aiderait les femmes à résister aux actes sexuels extraconjugaux. Lorsqu’une ouverture vaginale est obstruée ou rétrécie, la crainte de douleurs en cas de réouverture, et la peur que cette réouverture soit découverte, sont aussi censées décourager les femmes d’avoir des relations sexuelles hors mariage.
Or, « Ces pratiques ne présentent aucun avantage pour la santé des jeunes filles et des femmes », dira, Me Huguette Bokpè Gnacadja.

Conséquences néfastes

Les mutilations sexuelles féminines altèrent ou lèsent intentionnellement les organes génitaux externes de la femme pour des raisons non médicales. Elles ne présentent aucun avantage pour la santé et sont préjudiciables à bien des égards aux jeunes filles et aux femmes. Il s’agit en général de l’ablation des tissus génitaux normaux et sains qui endommage ces tissus et entrave le fonctionnement naturel de l’organisme féminin. D’une manière générale, plus l’intervention est importante, plus les risques sanitaires augmentent.
Les complications immédiates, déplore l’Unicef, peuvent se traduire par des douleurs violentes, le choc, l’hémorragie, le tétanos, la rétention d’urine, l’ulcération génitale et les lésions des tissus génitaux adjacents. Elles peuvent provoquer des saignements excessifs ; le gonflement des tissus génitaux ; la fièvre et des infections telles que le tétanos; des problèmes urinaires, des problèmes de cicatrisation de la blessure, des lésions des tissus génitaux adjacents et des décès. A long terme, poursuit cette institution, elles sont sources de problèmes vaginaux, menstruels, des problèmes liés aux tissus cicatriciels et chéloïdes, de problèmes sexuels comme des douleurs pendant les rapports sexuels ou la diminution du plaisir sexuel ; un risque accru de complications lors de l’accouchement et de décès des nouveau-nés sans oublier la nécessité de pratiquer ultérieurement de nouvelles opérations chirurgicales. Lorsque la mutilation aboutit à la fermeture ou au rétrécissement de l’orifice vaginal, il faut procéder à une réouverture pour permettre à la femme d’avoir des rapports sexuels. Ainsi, l’orifice vaginal est parfois refermé à plusieurs reprises, y compris après un accouchement. Ce qui accroît et multiplie des problèmes psychologiques.
Elles peuvent aussi provoquer des kystes, des infections, la stérilité. Les mutilations sexuelles féminines recouvrent toutes les interventions incluant l’ablation partielle ou totale des organes génitaux externes de la femme ou toute autre lésion des organes génitaux féminins, qui sont pratiquées pour des raisons non médicales.

Mesures contre ce fléau

Boris Tandji, président de la Jci Cotonou-Saphir, lors de la célébration de cette journée, le 6 février dernier, a invité les jeunes et toutes les personnes actives de la société à combattre avec force et vigueur toutes les pratiques allant dans le sens de la discrimination et de la violence sur la femme.
« Nous devons œuvrer à briser la loi du silence et les mythes qui entourent les mutilations féminines, afin d’entamer le long combat pour en venir à bout. Ensemble, bâtissons donc un monde où toutes les filles pourront grandir à l’abri de la discrimination et de la violence, dans le plein respect de leur dignité, de leurs droits et l’égalité », a-t-il précisé.
Pour lui, cette journée est une occasion pour mobiliser au plan national et international, les acteurs de la société civile et les Etats pour l’abandon des pratiques néfastes pour la santé des filles et des femmes.
Quant à Huguette Bokpè Gnacadja, coordonnatrice de Wildaf-Bénin, elle estime qu’il faut encourager l’abandon des mutilations génitales féminines. C’est l’objectif primordial de la Journée internationale de tolérance zéro à l’égard des mutilations génitales féminines.
Elle invite aussi les autorités locales, les chefs religieux, les chefs de famille et chefs coutumiers à prendre des initiatives pour en finir avec cette pratique rétrograde. Il importe, conseille-t-elle, d’expliquer aux adolescents, filles comme garçons, que cela existe, que le risque est là, malgré les lois, malgré les campagnes de prévention. Il s’agira ainsi d’informer les ados des risques qu’encourent les jeunes filles issues de l’immigration, lors de leurs vacances dans les pays de leurs parents où se pratique encore l’excision.
En vue d’éliminer les mutilations sexuelles féminines, l’Organisation mondiale de la Santé (Oms) met l’accent sur le renforcement des systèmes de santé en élaborant des supports de formation, des outils et des lignes directrices à l’intention des professionnels de la santé pour les aider à prendre en charge et à conseiller les femmes qui ont subi ces pratiques.
On peut informer davantage les populations en élaborant des publications et des outils de sensibilisation pour permettre des actions aux niveaux international, régional et local afin d’en finir avec les mutilations sexuelles féminines en moins d’une génération.
Tout en invitant les autorités béninoises et la communauté internationale à continuer le combat, la coordonnatrice de Wildaf a rappelé que le Bénin dispose depuis mars 2003, d’une loi réprimant les mutilations génitales féminines. Cette loi prévoit des peines d’emprisonnement de six mois à trois ans pour les personnes pratiquant les Mgf, ainsi que des amendes pouvant atteindre 2 millions de F Cfa. Lorsque l’intervention entraîne la mort des victimes, les peines passent de 5 à 20 ans d’emprisonnement et de trois à six millions de F Cfa d’amende. Et la non dénonciation est punie d’une amende de 50 000 à 100 000 F Cfa. Une loi dont l’application est hésitante comme beaucoup d’autres dans le pays. Une situation qui préoccupe Me Huguette Bokpè Gnacadja. Elle invite les autorités à divers niveaux à œuvrer pour l’éradication totale de cette pratique et la prise en charge sanitaire des victimes puisque des cas sont toujours signalés dans certaines régions du Bénin.

« Les mutilations sexuelles féminines sont une atteinte fondamentale à l’intégrité de la femme et entraîne de graves conséquences », souligne-t-elle. Par conséquent, les Nations Unies prônent l’intensification des campagnes de sensibilisation et la prise de mesures concrètes contre les mutilations génitales.
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