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DJIDJA: Quand l’eau décime les population
Publié le lundi 19 fevrier 2018  |  ABP
Pénurie
© Autre presse par DR
Pénurie d’eau à Dassa et Glazoué




La marche sur les chemins escarpés à la recherche d’eau de consommation en vogue depuis les années 2003 se poursuit dans la plus vaste commune du département du Zou où les installations de la la Société nationale des eaux du Bénin (SONEB) n'arrivent pas à arpenter l’eau dans les cavernes artificielles installées pour desservir la cité de Djidja. Les robinets de la SONEB sifflent à longueur de journées et pendant plusieurs mois. Ce quotidien est celui de près de mille abonnés de la société de fourniture d’eau dans la commune de Djidja où la rareté de l’eau potable relève de l’ordinaire.

Djidla, 218.400 ha et située à une trentaine de kilomètres au nord de la ville de Bohicon, reste néanmoins le grenier du Zou en raison de ses fortes potentialités agricoles avec une densité de population de 38,7 hab/km² pour une population de 84.590 habitants.

Les raisons de cette défaillance au niveau du réseau d’alimentation d’eau résident dans le fait que le château de relai implanté à Mougnon (un arrondissement de Djidja) pour raccorder les abonnés dans cette commune tient la même hauteur que le relief (surélevé) de Djidja, explique le 2ème adjoint au maire de la commune, Aballo Fagla.

Malgré les apports de L’UNICEF qui a financé un système de refoulement d’eau dans les rayons de l’hôpital de Mougnon, pour alimenter Djidja-centre et l’arrondissement de Dan, la situation n’a pas changé, s’est plaint l’élu communal, l’air résigné.

Dans les services déconcentrés de l’Etat, à l’image de ce qui se passe à la mairie, les agents et les élus locaux se rabattent sur des forages d’eau, arrivent au service avec sous le bras des plastiques, voire des bidons d’eau. Dans les ménages, les retenues d’eau, les piscines surtout constituent les sources d’approvisionnement pour les populations qui passent sous silence la qualité de l’eau, n’ayant cure des risques de maladies.

Dame Fifamè Avléssi, vendeuse de repas à Djidja-centre, continue d’utiliser l’eau de pluie recueillie depuis plus du trois mois dans des jarres et des tonneaux pour servir ses clients.

« Quand ça ne tue pas, ça engraisse, dit-on. C’est ce qu’il y a de mieux à prendre ici. Si la SONEB ne marche pas et que le service de l’hydraulique de la mairie a coupé les robinets pour non-paiement de redevances, que faire ? », a pesté dame Avléssi.

Les appels des autorités de la mairie à l’endroit des pouvoirs publics n’ont jusque-là pas permis de résoudre le problème lié à la fourniture d’eau potable à Djidja, où la santé des populations en pâtit.

Des maladies hydriques aux rudes complications

Les populations sont victimes de plusieurs maladies liées à la consommation de l’eau impropre. Le major du centre de santé communal de Djidja, Anatole C. Allé, indique le choléra sévit dans la localité, les vers intestinaux, la diarrhée, la dermatose, les vers de Guinée.

D’ailleurs, depuis six (06) mois environ, le centre de santé communal manque d’eau de la SONEB, souligne l’infirmier diplômé d’Etat, pour qui, l’hygiène même de l’homme passe par l’eau. Depuis fort longtemps, alarme l’agent de santé, « la fonctionnalité de la SONEB n’est pas régulière, cela sous-entend que depuis six mois, nous n’avons plus de l’eau potable dans le centre de santé communal de Djidja ».

Des deux (02) forages d’eau dont dispose cette formation sanitaire, un seul est fonctionnel et retient toute l’attention du personnel de ce centre qui enregistre plus d’une centaine de cas de diarrhée par mois. Idem pour ces cas de parasitose.

Julien Nontchédigbé, conducteur de taxi-moto affirme avoir vécu une scène horrible. Des malades qu’il transportait pour recevoir des soins sont morts déshydratées en plein chemin.

« Ils étaient deux en novembre 2016, atteint de choléra à rendre l’âme sur ma moto en pleine route. Ces cas sont fréquents à Djidja. Les maux de ventre tuent du fait de la consommation de l’eau impropre », témoigne ce conducteur de taxi-moto, horrifié.

Son collègue assis sur sa moto, renchérit qu’il a connaissance de beaucoup de personnes qui sont décédés en tout silence dans ces mêmes conditions. « Ce ne sont pas seulement ces deux cas et les autorités en sont conscientes », déplore ce taxi-moto stationné devant le centre de santé de Djidja.

Dans l’attente d’un projet hydraulique d’envergure

Plus technique dans ses explications, le directeur départemental de la SONEB Zou-Collines, Alphonse Badou précise que le système d’adduction d’eau potable de la zone part des forages de Cana (Zogbodomey) et de la station de traitement de Bohicon. C’est donc à partir de ces équipements que toutes les localités d’Abomey, Bohicon, Djidja, Za-Kpota, Agbangnizoun sont desservies.

L’augmentation de la population a fait que le nombre d’abonnés s’est accru et cela explique en partie le fait que Djidja est isolé par moments du réseau de fourniture d’eau.

« Mais le réel problème, est d’ordre technique et ces imperfections seront corrigées bientôt à travers un grand projet » prévient le directeur départemental de la SONEB.

Effectivement, souligne M. Badou, « le relief de la zone empêche l’eau de monter à Djidja, une localité faisant partie des zones hautes, contrairement aux zones basses qui sont desservies sans difficultés. De ce fait c’est le réservoir au sol qui desserre actuellement Djidja-centre, le château de Mougnon ayant montré ses limites. »

Ce technicien pose à cet effet le problème lié à l’insuffisance de ressources pour que l’eau atteigne les zones hautes, et place tout son espoir dans le projet hydraulique d’envergure actuellement en étude, et qui permettra, une fois mis en œuvre, de surmonter les difficultés d’acheminement d’eau vers Djidja.

L’actuel système, explique-t-on, était conçu pour tenir compte des besoins du temps et des ressources disponibles. « Le gouvernement béninois mesure la portée de la situation et à l’heure où je parle, les études ont été faites pour corriger ces dysfonctionnements que nous observons. Incessamment donc, le vaste projet de fourniture d’eau verra jour pour le bien-être des populations », confie M. Badou.

Le directeur départemental de la SONEB demande aux populations de Djidja de « patienter un peu », déclare que la Société nationale de distribution d’eau compatit à leurs difficultés et rassure que le gouvernement, saisi de ce « problème crucial » prend les dispositions pour raccorder au mieux les abonnés de Didja et étendre le réseau de fourniture d’eau de la SONEB dans la commune.

L’aboutissement du projet en question est fortement attendu, d’autant plus que les Adductions d’eau villageoise (AEV) qui alimentent en eau potable les populations dans les arrondissements sont momentanément coupées.

En effet, courant juin 2017, 150 forages d’eau ont vu leurs pompes sautées et saisies par une équipe de la mairie pour non-paiement de redevances. Les comités de gestion de ces A.E.V ont failli par endroits, pour n’avoir pas versé des redevances à la mairie. Ailleurs, ce sont plutôt les populations bénéficiaires de ces forages qui ont fait preuve d’incivisme en refusant de payer l’eau à la pompe.

Soixante mille (60.000) F CFA par an, soit 5000 F CFA le mois, c’est le coût des redevances par station d’eau. Ce qui dans les clauses, pourrait permettre aux services de la mairie en charge de la question d’eau, de procéder à la réparation ou au changement des pièces défectueuses dans le système de pompage.

Conséquences, une bonne partie de la population de Djidja résident dans les zones rurales notamment, retourne à la consommation d’eau de marigot, des rivières et des étangs impropres à la consommation.

En attendant la construction d’ouvrages hydrauliques plus efficaces, la majeure partie de Didja se désaltère comme dans les pays préhistoriques, au mépris des règles d’hygiène et de santé.
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