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Dr Odry Fifonsi Agbessi, médecin chirurgien au Cnhu de Cotonou: « La chirurgie plastique est au service du développement »
Publié le mardi 27 fevrier 2018  |  La Nation




Dans la quête d’un mieux-être ou pour faire face à certains traumatismes, le recours à la chirurgie plastique s’avère indispensable. Au-delà de la prise en charge des malformations congénitales et des séquelles d’accident ou de maladie, la chirurgie plastique a développé différentes techniques visant également à améliorer certaines disgrâces esthétiques, à embellir ou à rajeunir. C’est ce que nous explique Dr Odry Fifonsi Agbessi, médecin chirurgien, spécialiste en chirurgie plastique, reconstructrice et esthétique en service à la clinique universitaire de traumatologie, orthopédie et chirurgie réparatrice du Centre national hospitalier et universitaire Hubert K. Maga de Cotonou.

La Nation : Que faut-il comprendre par chirurgie plastique, reconstructrice et esthétique ?

Dr Odry Fifonsi Agbessi : La chirurgie déjà dans la plupart des cas, fait référence à la médecine opératoire. Quand on parle de chirurgie plastique, cela a rapport surtout avec les parties molles, c’est-à-dire les tissus mous qui recouvrent le squelette osseux. Quand on parle de chirurgie reconstructrice, c’est pour dire réparatrice de dommages corporels; chirurgie esthétique pour dire qu’on est parfois amené à réparer des choses qui n’ont pas forcément subi de dommages pathologiques mais la santé n’étant pas seulement l’absence de handicap ou de maladie, en ce moment-là, même la demande esthétique devient un besoin de santé.

Quels sont les types de pathologies qui sont couvertes par la chirurgie plastique?

On a la chirurgie des brûlés, la prise en charge de tout ce qui est plaie avec perte de substance, c’est-à-dire, la prise en charge de la cicatrisation. Dans notre domaine rentre également tout ce qui est cutané, c’est-à-dire, les cancers cutanés, les tumeurs cutanées bénignes, c’est-à-dire, les tumeurs cutanées non cancéreuses. Nous prenons en charge tout ce qui est traumatisme au niveau de la face, que ce soit à la suite d’un accident de la circulation, d’une agression ou d’un accident de sport. Nous prenons en charge tout ce qui est chirurgie de reconstruction. C’est le cas par exemple des plaies qui peuvent exposer l’os ou des éléments qui sont importants et qui ne peuvent pas cicatriser si on les laisse comme ça. Donc nous intervenons pour recouvrir la plaie et faciliter sa cicatrisation mais dans la reconstruction aussi, on a des enfants qui naissent avec des malformations, des fentes que nous pouvons prendre en charge. Il y en a qui naissent avec les orteils qui sont collés ou bien c’est des gens qui ont été brûlés ou ont été victimes d’un autre traumatisme dont la plaie n’a pas été bien prise en charge et qui s’en sortent avec des séquelles. Il y a des séquelles que nous pouvons corriger pour redonner de la fonction à ces gens qui paraissent handicapés. On ne peut pas développer un pays en laissant handicapés ces bras valides.

Quid de la chirurgie mammaire ?

Quand on revient au niveau des cancers du sein par exemple, la reconstruction mammaire fait partie intégrante de la prise en charge. Même si on enlève à la patiente le sein, il y a la possibilité de le reconstruire par diverses techniques. Maintenant en dehors de tout contexte de cancer ou de traumatisme ou des infections des parties molles où on est amené à intervenir, il y a ce qu’on appelle la chirurgie de confort. Ce n’est pas encore la chirurgie esthétique. Je prends l’exemple d’une femme qui a les seins tellement importants que ça lui cause des problèmes de dos, on peut l’opérer pour réduire son sein. On parle de réduction mammaire. Dans ce cas, la chirurgie vient résoudre un problème de santé parce que ses seins agissent sur sa colonne vertébrale et à long terme, peuvent entraîner d’autres maladies. Toujours dans le cas de la chirurgie mammaire, vous avez des gens qui, en tant que femme,n’ont rien du tout comme sein, ça devient un problème de santé parce que la santé, elle est mentale, elle est sociale et même sur le plan social, il y a un problème d’acceptation et ça touche à la féminité. C’est d’ailleurs pourquoi dans certains pays comme la France, la prise en charge de ces cas est prise en compte par la sécurité sociale. Là aussi, on intervient, soit par prothèses ou par d’autres techniques pour lui donner un peu de volume au niveau de la poitrine. Cette pathologie étant considérée comme une anomalie de croissance. Dans la chirurgie mammaire, il y a un volet purement esthétique. Quand par exemple une femme accouche, ses seins se sont affaissés avec l’effet de la pesanteur lié aux différents accouchements. A partir du moment où ça commence à poser un problème d’acceptation de soi, la chirurgie esthétique vient régler ces problèmes. Dans ces cas, nous intervenons pour repositionner les seins.
En dehors de tout ce qui a été dit plus haut et mise à part la chirurgie du sein, il y a également ce que nous appelons la médecine anti-âge. C’est vrai qu’en Afrique, le moment d’en avoir recours est un peu plus tardif à cause de la qualité de la peau noire qui vieillit moins vite que la peau blanche. Mais de plus en plus,on en voit qui ont ces demandes-là. Même si elles ne l’expriment pas en Afrique, on voit beaucoup de femmes noires quitter leur pays pour ces demandes-là. Heureusement qu’aujourd’hui, il y a beaucoup de techniques qui ne nécessitent pas forcément d’apporter du matériel extérieur.

N’est-ce pas parce qu’elles ne savent pas que ces soins sont disponibles au Bénin ?

Parfois, elles se disent qu’il n’y en a pas mais parfois, c’est la peur du qu’en dira-t-on, donc elles préfèrent le faire incognito surtout si elles en ont les moyens. Il y a d’autres sous-spécialités qui rentrent dans l’esthétique. En dehors des injections, il y a beaucoup d’autres techniques qui sont disponibles. Comme vous l’avez dit, les gens ne savent pas et donc la majorité de patients que je reçois actuellement au Cnhu est beaucoup plus orientée vers les lésions liées au service dans lequel je suis. Mais de plus en plus, avec le bouche à oreille, je commence à recevoir les autres pans de ma spécialité. C’est toujours à améliorer.

Pensez-vous que ce secteur constitue aujourd’hui une priorité ?

Quand les gens entendent chirurgie plastique, ce qui les intéresse, c’est le volet esthétique et du coup, pour un dirigeant ou un planificateur, ce n’est pas une priorité. Vous êtes d’accord avec moi que si on comprend sous cet angle, ce n’est pas une priorité. Mais je dis que la chirurgie plastique est au service du développement. Pourquoi ? Parce que si ça peut permettre de lever des handicaps, si ça peut permettre de prendre en charge efficacement pour éviter des handicaps, cela permettra à toute cette population jugée incapable de participer activement à la vie socio-économique de leur localité. Ce qui fait une plus-value, donc la chirurgie plastique n’est pas qu’esthétique. Quoiqu’en étant esthétique, elle demeure au service du développement parce que s’accepter est un moteur d’avancement qui vous permet de donner le meilleur de vous-même alors que cela n’est pas toujours possible si vous vous sous-estimez ; vous n’êtes pas dans ce cas au plein de vos capacités.

Jusqu’où peut-on aller au Bénin en matière de chirurgie plastique ?

Il y a tellement de choses qu’on peut faire ici parce que les choses ont évolué de sorte qu’on n’a pas forcément besoin de matériel étranger. La majeure partie de tout ce qui concerne cette spécialité peut déjà être réalisée ici au Bénin. La prise en charge des brûlures, les corrections de cicatrice, certaines malformations, la réduction mammaire, la chirurgie d’augmentation mammaire, la reconstruction mammaire dans le cadre de la prise en charge des cancers de sein. La chirurgie plastique post chirurgie bariatrique qui est la chirurgie d’amaigrissement. Il est également possible de bénéficier des soins anti-âge, tout ce qui est injection dans le contexte du rajeunissement facial. Je voudrais faire une mention spéciale au traitement par Prp (plasma riche en plaquette) qui permet de réaliser beaucoup de choses et n’a pas besoin d’une hospitalisation ; l’exemple de l’utilisation du Prp dans la prise en charge de la calvitie qui donne des résultats magnifiques.
Les différents gestes à réaliser sont décidés d’un commun accord par le chirurgien et son patient. En effet, dans le domaine particulier de la chirurgie plastique, il y a ce qu’on appelle le consentement éclairé du patient. Ce qui signifie que le patient vient, vous lui expliquez tout dans les détails et dans la langue qu’il comprend, ce que vous envisagez lui faire en réponse au problème qu’il vous expose. On lui donne le temps de partir et de revenir poser des questions, pas seulement pour lui montrer les bons aspects, mais c’est aussi pour lui montrer les risques. Et on laisse le choix au patient. Je dirai juste aux gens de ne pas hésiter à consulter afin d’avoir un meilleur panorama de tout ce qui est possible sur place.
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