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28 ans après la conférence nationale de février 1990 : Social Watch et d’autres acteurs se remémorent
Publié le jeudi 1 mars 2018  |  Matin libre
Gustave
© Autre presse par DR
Gustave Assah, Le président de Social Watch Bénin




La clôture des travaux de la Conférence des forces vives de la Nation au Bénin, c’était le 28 février 1990 à l’Hôtel Plm Aledjo. Dix jours de réflexions, dix jours d’échanges francs entre fils et filles du pays. A l’arrivée, des recommandations et actes importants ont sanctionné ces assises historiques, avec une lumière d’espérance qui a jailli sur le peuple béninois. 28ème ans après, la société civile à travers Social Watch Bénin et l’Observatoire chrétien catholique de la gouvernance (Occg), se remémorent. C’est à la faveur du premier Forum citoyen sur les acquis de la Conférence nationale (Fociac-nationale) sur le thème : « Conférence des forces vives de la Nation : devoir de mémoire et d’engagement pour le futur ».


« Dans les villes et les campagnes de notre pays, qui oublia l’émotion collective qui se dégagea de cette grâce ? Beaucoup ont coulé des larmes de joie et se demandaient si un autre Bénin ne venait-il pas de voir le jour ? Nous ne devons jamais oublier ce moment de communion qui nous a fait oublier nos appartenances régionales, ethniques et religieuses pour ne voir et vivre que la fierté d’appartenir à une même nation (…) Hélas, c’est avec beaucoup d’amertume et pincement au cœur que, nous nous apercevons que, la route est encore longue, le chemin bien rocailleux, parsemé de ronces et d’épines, avec souvent beaucoup d’incertitudes qui planent au firmament. C’est donc légitime que 28 ans après, chacun de nous puisse se préoccuper de notre avenir et, comme le philosophe pour qui rien n’est immuable, se poser les questions suivantes : Des acquis de cette conférence, quel usage en a fait le peuple béninois? En quoi ce renouveau démocratique a-t-il contribué au développement socio-économique national ? Et par-delà tout cela, quel souvenir les témoins de cet événement en ont gardé ? ». C’est autour de cette charpente définie par le réseau d’organisations de la société civile Social Watch à travers son président, Gustave Assah, que la conférence débat sur les 28 ans de la Conférence des forces vives de la Nation a été animée hier, mercredi 28 février 2018, jour anniversaire, aux Chants d’Oiseau à Cotonou. Un parterre de personnalités femmes, hommes, jeunes, vieux, civile militaires et politiques. Entre autres, Albert Tévoèdjrè, Sadikou Alao, Paulin Hountondji, Adékpédjou Akindès, Léontine Idohou, le Général Félix Hessou, Narcisse Tomety, Père Julien Pénoukou, Victor Topanou, Valentin Djenontin. Pour l’ancien ministre et député, Sylvain Akindes Adékpédjou, une seule date est importante est à retenir : le 25 février 1990 où la Conférence a proclamé sa souveraineté ; la souveraineté du peuple. Il rappelle que la Conférence nationale a permis la consultation avec l’instauration de la Décentralisation tant au niveau département que des communes. Malheureusement, regrette-t-il, depuis ces assises historiques, c’est tout le contraire qui se produit. Akindès Adékpédjou a cité en exemple la dernière tentative de révision de la Constitution en faisant comprendre que vu l’intérêt que cela avait suscité, on aurait pu profiter pour élargir la consultation suivant l’esprit de la Conférence nationale. Mais la précipitation semble se révéler comme la norme, a déploré entendre l’ancien ministre. Et il ajoute avec regret qu’on a prolongé la conception de l’Etat colonial sans créer une conscience citoyenne ou sans assigner une tâche réelle à la population. Dans sa réflexion, le Général à la retraite, Félix Hessou a souligné qu’à la Conférence nationale beaucoup de choses ont été dites. « Nous devons voir si nous avons vaincu la fatalité », a-t-il déclaré. Selon ce militaire, il y a des défis à relever notamment le défi de la ponctualité. La démocratie s’expose par les défauts de ses qualités, relève le Général qui déplore que depuis que la vision Alafia 2025 le Bénin un pays phare a été lancée, on en soit encore là. Tout simplement parce qu’on n’y croit pas et on n’y travaille pas pour. Pour le Général, la Conférence nationale est le seul label que le Bénin doit vendre, car les autres pays qui ont voulu rééditer cette Conférence n’ont pas réussi. Me Sadikou Alao estime qu’il ne faut pas considérer les acquis, le succès de la Conférence nationale comme acquis définitifs et dormir sur ses lauriers. C’est grâce à la lutte des Béninois de l’intérieur qui ont résisté à la faim que cette Conférence nationale a été obtenue. Raison pour laquelle, le praticien du Droit martèle que les anciens doivent continuer de lutter pour indiquer le chemin à la jeunesse. Des souvenirs gardés de ces assises nationales, Léontine Idohou a insisté sur le pouvoir de la prière et la force des femmes. D’où, selon elle, la question de l’égalité des sexes doit devenir une réalité pour que cesse la mise à l’écart des femmes dans les actions de développement du pays. Beaucoup d’acquis et des valeurs de la Conférence nationale se dégradent. « Tout est parti. C’est comme si on a donné une date de péremption pour le principe actif de la Conférence nationale », alerte le député et ancien ministre Valentin Djenontin. Il suggère à cet effet : « Il faut qu’on se retrouve pour réfléchir sur le vivre ensemble. Quand on évalue les institutions de la République, plus aucune d’entre elles ne joue convenablement son rôle. Nos aînés doivent nous aider à avoir le minimum d’eux avant qu’ils ne s’en aillent. Retournons à nos valeur », lança-t-il en appelant au courage.

D’autres panelistes…

A la suite du député Djènontin, la presse ou les medias représentés par le président du Patronat ont passé leur message. Pour Basile Tchibozo, 28 ans après, la presse continue de subir une instrumentalisation, une fragilisation de la part des acteurs politiques. Le système partisan doit être réformé pour que les acteurs politiques prennent le devant les choses au lieu des parvenus, propose-t-il. ''28 ans après, l’œil de Caïn continue de nous regarder’’, affirme-t-il en invitant à ce « que la Nation soit regardante vis-à-vis de la presse ». Basile Tchibozo a profité pour faire un plaidoyer pour la prise effective des décrets et arrêtés pour l’application effective de la loi portant Code de l’information et de la Communication. Dans son intervention sur Les travers de l’argent dans la société béninoise sous le Renouveau démocratique, Narcisse Tomety, délégué à la Conférence nationale a dénoncé la course effrénée à l’argent qui caractérise aujourd’hui la société. « On doit refonder le Bénin tant sur le plan social, économique et politique », a-t-il préconisé. Pour lui, 28 ans, c’est le temps qu’il a fallu à la Chine pour opérer de grandes réformes et s’imposer aujourd’hui comme puissance mondiale. Mais au Bénin, déplore-t-il, on ne tisse pas la nouvelle corde au bout de l’ancienne. Chaque régime vient saccager les acquis et non acquis. « «Nous devons arrêter avec cela. La modernité doit être voulue de façon consensuelle et non imposée. La Chine, la France, les Etats-Unis ont leur modèle de développement. Mais quel est le modèle de développement du Bénin ? Pour quel type de Béninois ? », lance Narcisse Tomety soutient qu’ « il est temps qu’on retourne à un forum national pour nous parler franchement en vue de prendre de nouvelles résolutions ». Il a ensuite fait un plaidoyer pour que certaines avenues soient baptisées Avenue du 25 février en souvenir de la proclamation de la souveraineté de la Conférence nationale, et l’Avenue 28 février en souvenir à la fin des travaux de la Conférence nationale. Aussi a-t-il plaidé pour la réhabilitation de l’hôtel Plm Alédjo à baptiser Cité de la paix.

Le gouvernement banalise la Conférence nationale

Les dirigeants actuels du pays banalisent les acquis de la Conférence nationale. Cela a été appuyé d’exemples sur plusieurs points hier. Mais ce qui a choqué plus d’un hier c’est l’absence remarquée de représentants du gouvernement et du Parlement dignement mandatés à cette conférence débat alors même que des invitations officielles ont été envoyées, déplore Narcisse Tomety. « Cette rencontre d’aujourd’hui est un signe que nous avons vaincu la fatalité. Il y a la foi en ce qui a été dit ici…Il reste vous aujourd’hui. Nous, nous allons partir… L’opinion publique c’est vous. Qu’est-ce que 5 ans ? Qu’est-ce que 10 ans ? Il n’y a rien qui dure plus que l’opinion. Le Bénin ne sombrera pas », a confié l’ancien Médiateur de République et ancien Rapporteur de la Conférence nationale.

Extrait de ce que Gustave Assah de Social Watch Bénin a dit :

« S’il est vrai que depuis son avènement, notre démocratie s’est caractérisée par sa vitalité et par l’esprit de tolérance qui anime les acteurs politiques de notre pays, il n’en demeure pas moins qu’il est important de rappeler à tous les acteurs de la vie politique, le principe de la primauté de l’intérêt national sur les intérêts des groupes organisés et ceux des individus. Nous devons donc bannir de nos pratiques le tribalisme et le régionalisme pour privilégier, tout ce qui nous unit et renforce l’unité et la paix, dans l’effort de construction de la nation (…) N’ayons pas peur de le dire, les vieux démons semblent être à nouveau de retour et le Bénin a encore plus que besoin de se réconcilier avec lui-même. Car, à travers des faits et gestes très peu glorieux dont se rendent coupables au quotidien, décideurs et citoyens, on se rend simplement compte à nouveau et ce de manière récurrente que, la haine triomphe de l’amour, le militarisme triomphe de la raison, et la barbarie de la tolérance (...) comment peut-on comprendre que ce lieu symbolique puisse être dans un tel état ? Est-ce une démission collective vis-à-vis des acquis de la conférence nationale ? (…) En ce moment où les autorités se souviennent à peine des 28 ans de cette conférence, le Bénin fait face à plusieurs défis et qui nécessitent le recours aux valeurs fondatrices de la démocratie béninoise, qu’incarne la Conférence des forces vives de la Nation. Trois de ces valeurs sont intimement liées et méritent d’être appréhendées comme le socle de la gouvernance au Bénin : le droit à la différence, le dialogue et le consensus. Le modèle démocratique béninois ne peut s’appréhender qu’avec ce triple principe à valeur constitutionnelle. C’est cela le Bénin et c’est ce qui fonde sa spécificité. Au regard de tout cela, nous avons à affronter le recul du militantisme et l’urgence du réengagement de la jeunesse pour prendre en main le destin de ce pays. Comme dans la seconde moitié des années 1980 avec les mouvements sociaux étudiants et dans plusieurs administrations publiques, le Bénin est confronté à la même situation de crise, et ce contexte inquiète sérieusement nous, acteurs de la société civile (...) La crise de confiance entre les acteurs politiques, entre gouvernants, syndicats d’étudiants et de travailleurs, recommandent un vrai débat national, non pas pour réchauffer les acquis de février 1990, mais pour mettre en place les grands axes d’un nouveau pacte républicain, favorable à la gouvernance participative et inclusive dans chaque secteur et chaque territoire (…). Il faut dire que dans la perspective de commémoration des 30 ans de la Conférence nationale, ce Forum, Fociac, sera réédité.

MM
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