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Constat d’abandon de poste : Les grévistes pris à leur piège
Publié le jeudi 1 mars 2018  |  Fraternité
S.E.M
© Présidence par DR
S.E.M Patrice Talon assiste à la messe de clôture de la Synode Générale de2017 à l`Eglise Protestante Méthodiste de Béthel à Porto-Novo




Responsabilité et patriotisme. Telle est l’énième exhortation du conseil des ministres à l’endroit des fonctionnaires grévistes. Une exhortation assortie d’une menace à peine voilée, mais légitime au regard du contexte d’instauration progressive d’un espace de non droit. « L’Etat doit revenir dans notre société et l’Etat, c’est l’application de la règle… », a déclaré hier le professeur Joseph Djogbénou, ministre de la justice, à l’occasion du compte rendu du conseil des ministres à la présidence de la République. En effet, le gouvernement considère désormais que tout agent de l’Etat en cessation illégale de travail, se met dans une posture d’abandon de poste. Nul n’est au-dessus de la loi, et la liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres.
La violation en toute impunité des dispositions de la loi 2001-09 portant exercice du droit de grève, a longtemps fait le lit à l’extrémisme. Qui prend la défense de la veuve et de l’orphelin contre les effets néfastes des grèves illégales et illégitimes, dans un Etat où tous les citoyens sont égaux devant la loi ? Il est incongru de revendiquer un droit au mépris de la loi. Et constater dans le rang des grévistes inconséquents, des magistrats qui en arrivent à fouler aux pieds la procédure réglementaire avant toute cessation collective de travail, il y a de quoi s’indigner. L’article 7 de la loi 2001-09 du 21 juin 2002 portant exercice du droit de grève renseigne ‘’qu’en cas d’échec total ou partiel des négociations, la cessation concertée de travail par les personnels doit être précédée d’un préavis dûment transmis aux autorités compétentes’’. Y avait-il des raisons d’aller en grève sur la question dite de violation des libertés, relative au retrait du droit de grève, alors même que la loi querellée n’était pas entrée en vigueur, mais plutôt soumise au contrôle de constitutionnalité ? Y-a-t il des raisons de déclencher une cessation collective de travail, sans outre mesure, au motif qu’il a y eu ‘’une défalcation’’ illégale ? Ainsi, quand il s’agira de leurs intérêts, les fonctionnaires auront le loisir de marcher sur toute règlementation en vigueur, parce qu’ils en détiendraient le monopole. Nul n’a la science infuse. La loi prescrit que le premier acte en cas de litige, c’est la négociation sanctionnée par un procès-verbal, et c’est seulement lorsqu’elle échoue qu’un préavis est adressé aux autorités. Il faut s’en tenir au respect strict de ces dispositions. Autrement, il faut en subir les conséquences. Le gouvernement s’évertue à faire restaurer l’autorité de l’Etat. Les grévistes considérés comme ayant abandonné leur poste se verront bientôt suspendre leurs salaires s’ils ne se ravisaient pas. C’est aussi ça la démocratie.
Arnaud DOUMANHOUN
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