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Clément KOTAN, Directeur général de l’UPE sur l’ORTB : « Les études d’impact environnementales sont importantes pour la sauvegarde de notre environnement »
Publié le mardi 13 mars 2018  |  La Nouvelle Gazette
Clément
© aCotonou.com par DR
Clément Kotan, Directeur Général de l`unité de protection de l`environnement





Invité de l’émission 5 sur 7 de l’Ortb, le Directeur général de l’Unité pour la Protection de l’Environnement (UPE), Clément KOTAN a parlé de long en large de l’importance des études d’impact environnementales avant l’installation d’une structure. Après avoir fait l’état des lieux de la situation, l’invité de l’Ortb a salué l’Agence Béninoise pour l’Environnement qui fait beaucoup pour amener les promoteurs à se mettre en règle même si les sanctions prévues par la loi planent sur les structures non en règle.

 

La loi-cadre sur l’environnement exige l’étude d’impact environnementale avant l’installation de toute unité de production. Quel est l’état des lieux aujourd’hui ?

Il faut dire que le Bénin a beaucoup évolué ces dernières années dans ce domaine. Et c’est l’occasion de remercier le ministre du cadre de vie et le Dg de l’Agence Béninoise pour l’Environnement (ABE) puisqu’il est difficile à un promoteur aujourd’hui de lancer un projet sans faire l’étude d’impact environnementale. L’Agence fait l’effort d’amener les promoteurs à se mettre à jour en suivant toutes les étapes possibles. Mais c’est à nous, citoyens que revient le travail le plus important : la surveillance. Partout où vous constatez qu’on érige quelque chose, partout où il y des coups de pioche, on doit commencer par s’interroger.

Donc un citoyen lambda peut aller demander si l’étude d’impact environnementale est faite avant le démarrage des travaux ?

La Constitution du Bénin vous donne déjà ce droit en son article 27, le droit à un environnement sain qu’on a le devoir de garantir. C’est là où le rôle de nos Chefs quartier est crucial. Il doit être amené à dire à son chef d’arrondissement qu’il a vu quelque part dans son quartier des ouvrages en gestation. A des moments donnés, on se tait, on ferme les yeux et ça pousse comme des champions.

Donc toutes les structures qui s’installent passent par l’ABE, les supermarchés et autres qui s’implantent partout ?

Pour qu’ils aillent tous à l’ABE, il faut qu’on les dénonce. Les supermarchés qui sont érigés partout, c’est devant nous tous on a commencé la construction. Mais est-ce qu’on s’est posé la question de savoir la nuisance que cela peut poser à notre existence durant tout le temps. Imaginez-vous, au Bénin, le seul supermarché qui a fait cette étude avant de s’installer, c’est Erevan. C’est le seul en règle.

Quand les gens ne respectent pas l’étude d’impact environnementale et qu’ils s’installent, l’ABE fait quoi ?

Si vous ne faites pas l’étude d’impact environnementale, et l’ouvrage existe, vous êtes obligé de passer à l’audit tous les ans. Mais l’audit environnemental n’est pas souvent fait même si l’ABE écrit chaque fois pour rappeler à l’ordre. A part le citoyen lambda qui doit s’impliquer dans cette affaire, il faut parler des autres ministères. Puisque pour créer le supermarché, le promoteur s’est certainement adressé au ministère du Commerce. A ce niveau, on peut déjà demander les documents par rapport à l’étude d’impact environnementale.

Monsieur Kotan, l’autre problème environnemental au Bénin, c’est l’installation anarchique et la gestion des morgues. Dites-nous un peu les conditions pour installer une morgue ?

On a nécessairement besoin d’une étude environnementale pour installer une morgue dans notre pays.  Vous vous adressez d’abord au ministre de la santé. Après cela, le ministre vous informe que vous avez l’obligation de faire votre étude d’impact environnementale. Ce n’est qu’après cela qu’on vous donne un certificat de conformité environnementale et annexé à cela, un plan de gestion.

Oui comment se fait cette étude ? Il suffit que les gens descendent sur les lieux et vous demander de vous installer ?

Jamais. Une étude d’impact environnementale est faite par les spécialistes. Vous demandez à un cabinet. Vous dites ce que vous voulez faire. Le consultant rédige l’étude qui fait parfois 100 à 300 pages. Il tient compte de tous les facteurs. Par rapport à une morgue, par exemple voir s’il y a des puits dans la zone ou si vous êtes dans une agglomération. Ce n’est qu’après tout cela que vous écrivez au ministre du cadre de vie pour dire votre intention d’installer une morgue. Quand vous avez tous les documents avec l’étude d’impact environnementale, vous l’envoyez à l’ABE. A ce niveau aussi, il y a des conditions à remplir. On doit valider vos TDR. C’est-à-dire que vous faites un petit courrier pour décrire le projet afin que le thème de votre référencier. Avant la validation du projet, l’ABE calcule la redevance à payer à parti du coût global du projet. Et ce n’est qu’après ce paiement, que l’ABE convoque les experts qui viennent s’assoir pour statuer sur les études que vous aviez eu à faire et qui leur ont été envoyées une semaine auparavant. Les experts sont donc convoqués après pour donner leurs avis.

Mais il y a des morgues qui s’installent avant d’informer l’ABE ?

Vous savez bien ce que les morgues ont subi ces derniers temps dans notre pays.

Mais il y en a qui résiste à l’Etat ?

Ils vont résister jusqu’à quand ? C’est fini désormais. Cette affaire va être réglée.

Voilà qu’on ne connait même pas le nombre réel de morgues il y a au plan national ?

On connait le nombre de morgue. On a fait plusieurs descentes sur le terrain pour constater l’existence des morgues dans notre pays. L’ABE fait le suivi chaque jour.

L’ABE a-t-il vraiment les moyens pour ce suivi ?

Le dossier des moyens est le sujet le plus délicat dans un pays en voie de développement comme le nôtre. On fait avec les moyens de bord. Une chose est claire, l’ABE d’aujourd’hui est toujours sur le terrain contrairement à l’ABE, il y a cinq ans. Et bientôt les supermarchés sans étude d’impact environnementale seront sanctionnés. Parce qu’ils feront l’objet d’audit. Vous connaissez le ministre Tonato. Les sanctions vont tomber.

Mais quelle est la sanction quand on installe la structure sans que l’Agence Béninoise pour l’Environnement  ne soit informée ?

Compte tenue par exemple des nuisances créées par l’emplacement, on peut amener à vous fermer. Vous savez qu’Il y a des supermarchés sans parking à Cotonou ici ? C’est très grave. Pour garer parfois, c’est tout un problème. On bloque la voie pour garer où pour partir avec les agents de sécurité qui embêtent. L’ABE veille à tout cela même si elle ne peut pas tout faire à la fois. Il faut cibler des secteurs pour commencer.

Pour construire ma maison, ai-je besoin d’une étude d’impact environnementale ?

Non. Ce n’est même pas prévu par la loi. Mais nous devons déjà faire l’effort de sensibiliser le citoyen lambda pour que le système d’étude d’impact environnementale entre dans nos mœurs et à tous les niveaux. L’ABE ne peut pas tout faire. C’est vrai que l’Agence est sur le terrain tout le temps pour voir si les études sont faites ou suivre le plan de gestion d’étude environnementale est suivi à la lettre.  Parce qu’il y a des recommandations à faire. La gestion des produits avariés par exemple. C’est pour l’Agence est engagée pour le suivi.

Est-ce que dans les descentes sur le terrain pour les suivis, l’Agence n’est pas exposée à la corruption ?

Ne doutez pas  de notre conscience. Vous êtes là  aussi pour dénoncer et on prend les sanctions qui s’imposent.

Est-ce dans l’étude d’impact environnementale, l’avis des populations est toujours considéré ?

C’est très important la consultation du public. Et vous ne pouvez pas faire d’étude environnementale sans la consultation publique. L’avis de la population est important. Il arrive des moments où les projets amènent à déplacer les populations. Et il faut régler le problème de leur déplacement, revoir leur manière de vivre. Je vous informe que nos partenaires financiers sont rigoureux en ce qui concerne cet aspect du sujet. Si la BOAD par exemple finance un projet et vous ne faites pas de consultation publique, et vous ne dites pas dans quelle condition vous voulez déplacer les populations, comment elles seront dédommager, leur nouveau lieu d’installation…, la BOAD ne finance pas. Votre Etat peut avoir sa part du financement, elle vous dira niet. Allez questionner l’actuel ministre de développement quand il était à la BOAD ? Si votre dossier est bon sans la consultation publique dans les moindres détails, n’espérez rien de lui. Vous devez dire clairement comment les populations ont été dédommagées et qu’elles continueront à mener la vie dans les mêmes conditions avant leur déguerpissement.

Publication de la Nouvelle Gazette du jour
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