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Démission historique du pape: Benoît XVI redevient « simple pèlerin », un geste historique
Publié le vendredi 1 mars 2013   |  L`événement Précis


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© Autre presse par Dr
le Pape Benoît XVI a annoncé sa démission pour le 28 février prochain


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C’était une journée historique pour le Vatican hier : Benoît XVI, pape depuis avril 2005, a abdiqué ce jeudi 28 février 2013. Un événement quasiment inédit en 2000 ans d’histoire de l’Eglise catholique. A 85 ans, Joseph Ratzinger s’est retiré pour deux mois à Castel Gandolfo, la résidence d’été des papes, pour échapper au brouhaha médiatique entourant l’élection de son successeur.

Benoît XVI est devenu jeudi soir le premier pape depuis 700 ans à abdiquer de plein gré et redevenir « simple pèlerin », après des adieux plein d’émotion à ses proches et à une foule de fidèles souvent en larmes. Conformément à la volonté de simplicité de Joseph Ratzinger, aucune cérémonie n’a marqué cet instant historique, jeudi à 20H00 (19H00 GMT), à partir duquel le siège pontifical est « vacant » jusqu’à l’élection d’un successeur. Aux huit coups de 20H00 sonnés par la cloche de l’église, les gardes suisses en faction devant le porche de la villa pontificale de Castel Gandolfo, au sud-est de Rome, ont levé le camp, fermant les lourds battants de la porte à grand fracas. Le drapeau blanc et or du Vatican a été descendu, sous les applaudissements chaleureux de la foule et les « Viva il papa ». Au Vatican, des scellés ont été posés sur les appartements pontificaux, en attendant le prochain occupant. L’ex-pape, à la tête d’une Eglise d’1,2 milliard de fidèles sur les cinq continents, devient « Sa Sainteté Benoît XVI, pape émérite » mais n’a plus aucun pouvoir. Au terme de huit ans de pontificat, le pape allemand s’est brièvement adressé une ultime fois depuis le balcon de la villa de Castel Gandolfo à des milliers de personnes enthousiastes et émues, dont beaucoup pleuraient, leur annonçant qu’il ne sera « plus pape mais pèlerin ».

« Chers amis, je suis heureux d’être avec vous, entouré par votre sympathie qui me fait tant de bien, et aussi par la beauté de la création », a-t-il lancé, depuis ce beau village perché au dessus d’un immense lac. Le pape, qui compte se consacrer à la prière et la réflexion, a confié vouloir « encore travailler pour le bien de l’Eglise et pour le bien commun de l’Humanité avec mon coeur, mon amour, ma prière et ma réflexion ». Sur une maison du village, des lettres géantes proclamaient « Merci Benoît, nous sommes tous avec toi! ».

Le maire, Milvia Monachesi, qui l’a fait « citoyen honoraire », a trouvé Benoît XVI « très très fatigué, très très éprouvé ». Moins de trois heures avant sa démission, le pape avait quitté le Vatican, sans cérémonie. Dans la cour Saint-Damase et devant une cinquantaine de gardes suisses au garde-à-vous, des cardinaux, prêtres et tous ses collaborateurs proches ont salué Joseph Ratzinger, certains s’agenouillant pour baiser son anneau. Alors que son secrétaire particulier Georg Gänswein éclatait en sanglots, le vieux pontife, frêle et vouté, s’appuyant sur une canne et marchant à pas lents, est sorti de l’appartement pontifical. Il a esquissé un pâle sourire et salué timidement l’assistance de la main. Puis, à bord d’un hélicoptère blanc, orné d’un fanion aux couleurs du Saint-Siège, il est parti pour la résidence d’été où il passera les deux prochains mois.

Les cloches de Rome se sont mises à sonner à toute volée au moment où l’hélicoptère décollait et se trouvait au-dessus de la basilique Saint-Pierre. Au même moment, le pape postait son ultime tweet sur son compte @pontifex, qui est désormais suspendu. « Mettez le Christ au centre de vos vies ». « Merci pour votre amour et pour votre soutien ». Benoît XVI laisse à son successeur, à qui il a promis « obéissance inconditionnelle », la charge de reprendre en main une Eglise soumise à des défis sans précédent. Le pape allemand, 85 ans, qui ne se sentait plus à même d’assumer le poids de sa charge et de répondre aux défis d’un monde en rapide mutation, avait annoncé sa démission le 11 février à la surprise générale. A un moment où l’Eglise catholique est confrontée à la fois à une contestation interne, à la persécution des chrétiens dans le monde, à de multiples enjeux éthiques et à des scandales de toutes sortes en son sein.

Le dernier départ d’un pape de son vivant et de sa pleine volonté remonte au Moyen Age, en 1294, lorsque Célestin V, humble ermite, avait démissionné, dépassé par la corruption et les intrigues après seulement quelques mois à la tête de l’Eglise. Benoît XVI avait exprimé sa vénération pour ce pape mettant Dieu avant son pouvoir temporel. « J’ai franchi ce pas dans la pleine conscience de sa gravité et aussi de sa nouveauté, mais aussi dans une grande sérénité d’âme », avait dit Joseph Ratzinger mercredi devant la foule réunie place Saint-Pierre.

Pour son dernier jour, dans la solennelle Salle Clémentine, il a pris congé un à un de 144 cardinaux venus de la Curie et des cinq continents, dont ceux qui, âgés de moins de 80 ans, participeront à l’élection de son successeur. « Parmi vous se trouve le prochain pape, auquel je promets déférence et obéissance inconditionnelles », leur a-t-il promis, comme s’il voulait lever toute ambiguité sur la future cohabitation dans le petit Etat du Vatican d’un ancien pape et de son successeur.

Benoît XVI va prendre en effet sa retraite dans deux mois dans un monastère sur la colline du Vatican. Le règne de Benoît XVI, pape très religieux mais peu communiquant, a été ponctué par des controverses et surtout par le scandale des centaines d’actes pédophiles commis dans le passé par des prêtres que la hiérarchie a parfois protégés. Plus récemment, le scandale Vatileaks a révélé de nouvelles intrigues, tandis que la presse évoquait la présence d’un prétendu « lobby gay ». Le futur pape devra « prendre la Curie en mains », a estimé le cardinal belge Godfried Danneels, tandis que le cardinal George Pell, chef de l’Eglise australienne, a été ouvertement critique, déplorant la décision « déstabilisante » selon lui de Benoît XVI.

Ce changement fondamental dans le fonctionnement de l’Eglise –la possibilité pour un pape de démissionner– n’est pas du goût de tous. Benoît XVI est critiqué aussi pour n’avoir pas réformé la Curie. « Le gouvernement n’était pas (le) point fort. Je préfère quelqu’un qui puisse mener l’Eglise et la rassembler un peu », a déclaré Mgr Pell à la télévision australienne, en regrettant le scandale des fuites Vatileaks qui a jeté le discrédit sur la Curie romaine.

Le prélat béninois Barthélémy Adoukonou, ancien élève de Benoît XVI et numéro deux de « ministère » de la Culture du Saint-Siège, a affirmé à Radio Vatican que le nouveau pape aurait à s’opposer à plusieurs évolutions selon lui inquiétantes, dont « la volonté de construire le monde en tout comme si Dieu n’existait pas ». Pendant la période de « siège vacant », le cardinal camerlingue, le fidèle secrétaire d?État Tarcisio Bertone, contesté dans la Curie, assurera l’interrègne, mais ne pourra qu’assurer les affaires courantes. Le pape émérite, qui n’a pas de maladie grave connue, devrait se reposer à Castel Gandolfo, loin du brouhaha médiatique qui entourera le conclave chargé d’élire son successeur mi-mars. Le Vatican a déjà reçu pas moins de 3.641 demandes d’accréditations de 668 médias venant de 61 pays.

Selon le porte-parole Federico Lombardi, le pape a reçu de nombreux messages de sympathie de chefs d’Etat et de gouvernement mais aussi de simples fidèles.

De Jean-Louis DE LA VAISSIERE (AFP)

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