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Art et Culture

Sacrifices humains au Bénin: Le Boconon « Maître Bobos » livre des secrets !
Publié le mercredi 21 mars 2018  |  L`événement Précis




Enlèvements d’enfants, sacrifices humains, crimes d’horreur, des organes humains amputés, des menaces d’assassinat proférées au quotidien. C’est ce qui fait l’actualité du moment, au Bénin. Au banc des accusés, des cybercriminels et des dignitaires appelés « Hounon ». Une situation qui demeure une énigme à résoudre. Mais en attendant, la peur s’empare des populations, qui observent avec passivité se dérouler, le macabre feuilleton. Pour mieux comprendre le phénomène, nous avons interrogé pour vous, Sylvain Adoho, alias « Maître Bobos ». Consultant de Fâ, spécialiste des questions endogènes, il nous révèle, sans langue de bois, des secrets plutôt croustillants sur l’usage des organes humains dans la tradition béninoise, avec à la clé, des pistes de solution pour arrêter l’hécatombe. Et c’est à travers une interview qu’il nous a accordée. Lisez plutôt.

L’Evénement Précis : Nous assistons aujourd’hui à des enlèvements d’enfants, à des crimes odieux à des fins de rituels à certaines divinités. Est-ce la tradition qui exige aussi les crimes humains ?

Maître Bobos : Je dirai que si la tradition avait réellement un lien avec les sacrifices humains, je crois qu’il n’aurait plus d’hommes sur la terre. La tradition n’a donc rien à voir avec ces crimes odieux. L’essentiel à comprendre, c’est que depuis toujours, nos parents ou certains garants de la société avaient toujours un secret sur lequel il s’adosse pour lutter contre l’ennemi. Et il y avait toujours des notions, des connaissances qui leur permettaient d’affirmer leur autorité dans la société. Avant même l’arrivée des colons, il y avait déjà ces notions chez nous. Seulement que cela ne nécessitait pas des sacrifices humains. Il y avait des animaux féroces qu’on pouvait utiliser pour renforcer la capacité des divinités. Il s’agit, entre autres, des chats, des chiens, des rapaces, des aigles. Malheureusement, aujourd’hui, force est de constater que les gens utilisent le sang humain en sacrifice pour renforcer ces divinités.

Dans nos investigations et au regard de l’actualité, il ressort que certaines divinités sont constituées à base d’organes humains. Et des dignitaires comme les « Hounons » en témoignent. En tant que chercheur et spécialiste des questions endogènes, que pourriez-vous dire ?

A vrai dire, que des divinités soient constituées à base d’organes humains, je vous répondrai tout simplement que je ne connais pas cette notion pour mieux satisfaire votre préoccupation. Ce sont ces Hounons qui en témoignent, qui doivent peut-être nous éclairer dans cette dimension des faits. L’essentiel à retenir, c’est qu’apprivoiser une entité demande tous les règnes. Et lorsqu’on prend les règnes, il y a le règne minéral qui est l’eau, le règne végétal que constituent les feuilles, le règne animal et autres. Je dois préciser que l’homme fait partie du règne animal. En tant que tel, lorsqu’on veut constituer une divinité, on peut utiliser un animal et non un être humain. Par exemple, lorsqu’on veut constituer la divinité « Lègba », on peut utiliser soit un bélier, soit un cop bien en forme. On n’a donc pas besoin d’un homme avant de le faire. Mais je dois avouer que dans l’ancien temps, la colère, de la guerre, amenait certains rois à enterrer des esclaves et à ériger le Lègba dessus, juste pour montrer leur suprématie. Il y avait également certains sièges des rois montés sur des crânes humains. A titre d’exemple, nous pouvons citer le tabouret royal du roi Ghézo qui était monté sur trois crânes humains. Tout ceci pour démontrer sa puissance et montrer aux autres qu’il n’est pas un roi ordinaire. Je sais aussi qu’au temps des premiers hommes, c’est-à-dire de Rumila, il y avait aussi des divinités comme AléIfè qui pouvaient prendre du sang humain. Mais à l’arrivée de Rumila, ces pratiques ont été abolies et des animaux sont utilisés pour constituer les mêmes divinités dotées des mêmes puissances.

Les sacrifices humains ont-ils réellement une histoire dans la tradition béninoise ? Expliquez-nous, si oui.

Il fut un moment où les gens étaient tués. Mais ils ne le sont pas pour des divinités. Aucune des dix divinités de la tradition n’avait donc besoin de sang humain pour fonctionner. Je viens de citer par exemple les règles pour lesquelles on avait besoin de certains ossements qui ne sont pas trop loin du taux vibratoire de l’homme. Cela veut dire donc qu’on n’a pas besoin de l’homme pour lesdits règnes. Car, l’homme, dans son essence, est sacré et il ne faudrait pas chercher à le massacrer. Mais quand je rentre dans le Fâ « Gouda fotroukpin », je crois qu’il y est dit qu’on pouvait tuer des hommes à la divinité « Dan » pour que la pluie tombe. A un moment donné, certains dignitaires sont allés tuer cette divinité « Dan », pour mettre fin aux crimes odieux dont nous parlons actuellement.

En tant que promoteur de l’Ong Chandelier de la Paix, quel message avez-vous à l’endroit des populations désormais affolées par ce phénomène qui prend de l’ampleur dans notre pays ?

Je voudrais dénoncer le calme parfait de la population face à ce drame. Il faudrait qu’elle se mette en accord avec le gouvernement pour jouer le rôle qui est le leur. Car, nous les Baconon, lors du Bénin Tofâ, cette année, nous avons bien dit de faire attention, qu’il y aura perte d’enfants, des sacrifices d’enfants. Mais malheureusement, personne ne nous a écoutés, parce que les responsables des religions importées sont plus écoutés que nous autres qui sommes de la tradition. Du coup, ce que dit la tradition n’intéresse personne et ce sont les conséquences que nous sommes en train de vivre ensemble.

Un mot de conclusion ?

Ce que je m’en vais ajouter, c’est que c’est maintenant ou jamais de nous lever tous, pour lutter contre ces crimes odieux qui s’observent dans notre pays. Et je crois que lorsque certains dignitaires et Boconon vont s’unir pour consulter le Fâ sur la méthode à adopter pour arrêter la saignée, des révélations seront faites et les sacrifices seront exécutés pour que nous puissions bannir notre société de ces crimes-là. On peut faire en sorte que lorsque ces gens vont vouloir commettre leur forfait, qu’ils aient eux-mêmes des ennuis, pourquoi pas des accidents de route qui les empêcheraient d’agir.Il faut aussi dénoncer ces gardiens de la tradition qui s’adonnent à ces pratiques pour éviter à notre population, cette peur.

Propos recueillis par Donatien GBAGUIDI
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