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Avant de rejoindre Sébastien Ajavon : Ahossi a démissionné de l’Un, sans tambour…
Publié le mardi 27 mars 2018  |  Matin libre
Basile
© Autre presse par DR
Basile Ahossi, député à l’Assemblée Nationale





« L’Usl est née avec des dents », dixit le député

Député de la 17ème circonscription électorale (Athiémé, Comè, Grand-Popo), Léon Comlan Ahossi a rompu, sans tambour ni trompette, les amarres avec l’Union fait la Nation pour rejoindre le parti politique, Union sociale libérale né le vendredi 26 mars 2018 dans la commune de Sèmè-Kpodji. Pourquoi cette option de rallier ce nouveau-né dont le président d’honneur est Sébastien Germain Ajavon, magna de la volaille, candidat arrivé 3ème à l’élection présidentielle de mars 2016 au Bénin ? La réponse, c’est dans cette interview que l’élu du peuple a bien voulu nous accorder. Membre de la minorité parlementaire (Opposition), il a profité pour répondre à certains commentaires.

1) Député Léon Comlan Ahossi, c'est un secret de polichinelle. À la faveur de la création du parti politique Usl, vous êtes désormais engagé aux côtés de l'homme d'affaires Sébastien Ajavon. Qu'est-ce qui justifie ce choix ?

Depuis avril 2016, je me suis inscrit dans le groupe des députés qui se sont dit que lorsqu’un gouvernement arrive, il faut lui accorder un moratoire. Je crois que ce moratoire a duré le temps qu’il fallait, peut-être un peu plus. Et, nos attentes n’ont pas été comblées pour nous inscrire dans l’Ordre de la grande majorité de la population de notre pays de ne plus suivre le chef de l’Etat suite à un claquement de doigt. Mais il faut le suivre si ce qu’il dit est bon, et si nous estimons que ce n’est pas bon, nous ne le suivons pas. Or, il se fait que depuis que nous avons élaboré et mis en œuvre cette philosophie qui a connu son premier écho le 4 avril 2017 (rejet du projet de révision de la Constitution à l’Assemblée nationale ndlr), nous sommes devenus indésirables. A partir de ce moment, nous nous sommes dit que tous ceux qui subissent les affres du régime, nous nous mettions ensemble pour trouver une solution au mieux vivre ensemble dans notre pays. C’est, en somme, essentiellement cela qui m’a conduit avec certains de mes camarades aux côtés du président Sébastien Ajavon.

2) A l'heure de la réforme du système partisan au Bénin, un nouveau parti dans l'arène. N'est- ce pas trop de viandes dans la sauce?


La réforme du système partisan telle que conçue actuellement est un leurre. Un leurre parce que si vous prenez l’article 7 de la Charte qui régit les partis politiques jusqu’à ce jour, il est clair que lorsqu’un parti politique n’a pas pu participer à deux élections consécutives, il perd son statut juridique. Si on appliquait rigoureusement cette Charte, aujourd’hui on aurait peut-être une dizaine de partis politiques. On n’a pas encore réussi à bien pratiquer cela et on veut créer autre chose. Je crois qu’il y a d’autres intentions derrière. De toutes les façons, comme la nouvelle charte n’empêche pas la création des partis, lorsque cette Charte serait votée, et je doute qu’elle le soit en l’état, on avisera ; on fera les regroupements nécessaires qu’il faut pour se conformer à la loi.

3) Quand on lit les commentaires sur les réseaux sociaux, d'aucuns pensent que sur le choix du nom du parti Union sociale libérale, c'est une aberration que de juxtaposer "Social" et "Libéral". Qu'en dites-vous et quelle est l’idéologie que véhicule l’Usl ?

Nous aimons trop du copier-coller. Chacun élabore son idéologie et finit par la conclure. Dans le groupe nous avons constaté que premièrement nous voulons rester ensemble et deuxièmement, le président d’honneur de l’Union sociale libérale est quelqu’un qui se dépense pour le peuple. Il fait du social. Ensuite, il est dans l’économie libérale. Nous n’avons donc pas besoin d’attendre une formule qui vienne de Washington ou de Paris. Doit-on forcément dire, « on est de la Gauche…, on est de la Droite…, on est du Centre » ? Non, c’est à partir de ce que vous faites et vous voulez que les gens vous voient faire. En un mot, c’est ce que vous voulez professer. C’est peut-être nouveau, mais d’ici peu ils vont s’y habituer en comparant la vie du parti à son nom.

4) L’opinion publique n’a pas été informée que vous avez déposé votre démission à l'Union fait la Nation, cette alliance sous la bannière de laquelle vous êtes retourné au Parlement pour la 3eme fois et vlan, vous atterrissez à l’Usl. N'est.ce pas là une violation flagrante de la charte des partis politiques au Bénin ?


J’ai lu une certaine presse mais je ne m’attendais pas à ce qu’on écrive autre chose. Je dois préciser que je ne voudrais pas être ingrat envers l’Union fait la Nation (Un). J’ai beaucoup appris en politique à l’Un. J’ai reçu un encadrement personnel de la part du président Amoussou. L’Union fait la Nation m’a beaucoup aidé, m’a permis de découvrir ce que c’est que la politique. C’est pour cela que je n’ai pas voulu aller sur un plateau de télévision annoncer ma démission de l’Un. Cela s’est réglé entre les responsables de l’Un et moi. Et ce n’est pas parce que je n’ai pas médiatisé ma démission que ce n’est pas valable. Vous verrez d’ailleurs qu’aucun responsable de l’Un ne s’étonnerait de me voir hors de l’Un. Cette coalition m’a beaucoup apporté mais tel que les choses se passent aujourd’hui et depuis avril 2006, l’Un est sur une pente descendante, s’affaiblit, j’ai estimé qu’il fallait que je quitte. Et je l’ai fait en intelligence avec les responsables. Léon Comlan Ahossi a donc régulièrement démissionné de l’Union fait la Nation, et il l’a fait sans tambour ni trompette.

5) Est-ce que vous croyez en ce projet de mutation de l’Union fait la Nation en un parti politique puisque ça fait un moment que ça dure ?

J’avoue que la chose était envisageable. Peut-être qu’elle l’est toujours. Les responsables de l’Un savent que je me suis battu pour que cela arrive. Mais aujourd’hui avec le pistolet sur la tempe, on est en train de procéder à des regroupements forcés, je ne sais pas… A ce que j’entends, il y aura deux ailes au Sud, une au Nord…, j’attends de voir comment la fusion va être faite. Mais s’il n’y avait pas tout ce bruit venant de quelqu’un (…), l’Un faisait déjà son chemin. J’ai été président de la Commission de l’élargissement de l’alliance à d’autres partis et cela avait vraiment pris. Malheureusement, depuis avril 2016, il y a une autre vision qui s’est imposée avec un autre rythme, une autre méthode. Enfin, je ne suis pas de cette méthode, je ne peux pas suivre ce rythme, je suis parti. Mais je souhaite que l’Union fait la Nation continue la route.

6) Alors que l'Union fait la Nation, lors de la présidentielle de mars 2016, avait prôné "tout sauf Lionel Zinsou", on vous a vu soutenir la candidature de ce dernier puis vous êtes retourné à l'Un après l'échec de Lionel Zinsou. Aujourd'hui, c'est l'USL qui vous fait premier adjoint au Délégué général. Est-ce que ça ne fait pagaille même si vous venez de dire que vous avez démissionné de l’Un?

Non. J’estime que mon cheminement politique doit refléter mes principes et convictions. C’est ce qui fait que je ne peux défendre des causes dont je ne suis pas convaincu. Par principe, l’Union fait la Nation n’est pas au pouvoir. Elle ne peut pas se jeter entièrement dans les bras de quelqu’un qui a conquis le pouvoir sans vous, qui a très peu d’égard pour vous. Je n’ai pas compris ce choix. C’est essentiellement ce qui m’a fait partir. Il faut l’avouer, l’Union fait la Nation, à l’Assemblée nationale, avant le 6 avril 2016, contrôlait la Commission des lois. On l’a perdu au profit d’un autre groupe. Et on a voulu aller au perchoir pour se rattraper, parce qu’à l’Assemblée il y a des équilibres très fragiles et il ne faut pas chercher à les bousculer, on l’a perdu. Le poste que nous avions à la Haute cour de Justice, on l’a perdu. Et puis à la formation du premier gouvernement, le chef de l’Etat n’a pas pris l’avis de l’Union fait la Nation même s’il y a un membre de l’Un qui y était. Ça, c’est les amitiés. Pour ma part, et pour ce que j’ai appris à l’Un, ça devrait être un soutien critique et non un soutien total. Ce soutien total qui nous affaiblissait tous les jours, je ne voudrais pas y consacrer mes énergies. L’autre chose, parlant de Lionel Zinsou, j’ai été élevé par des prêtres catholiques et j’ai appris à être reconnaissant. Les grandes difficultés que j’ai traversées dans ma vie politique, dans ma vie de tous les jours, j’ai vu les parents de Lionel Zinsou à mes côtés. Il m’était donc moralement impossible d’aller sur un champ de propagande ou de déclarations contre Lionel Zinsou. Je ne pouvais le faire pour rien au monde au risque même d’arrêter la politique.

7) C’est vrai que vous avez parlé de conviction et de principe. Que répondez-vous alors à ceux qui soutiennent que ce sont des calculs politiques dans la perspective des échéances électorales notamment les législatives de 2019 qui vous font courir?

Calculs politiques, oui (avec hésitations). Mais en prélude aux élections législatives, non. J’ai toujours été aux élections sans secours. Vous savez bien que j’ai passé mes deux dernières législatures dans l’opposition. Vous savez aussi que l’Un n’avait pas les moyens d’aider les candidats. Donc, j’ai appris à me battre seul. Face à un régime qui déploie toutes ces énergies, déroule un rouleau compresseur, on a besoin d’être ensemble. Je n’ai fait aucun calcul. Le président Ajavon n’est pas venu me faire la cour, je ne suis pas allé non plus lui faire la cour. Mais dans nos démarches, chacun de son côté, avec beaucoup d’autres, comment faire pour survivre, pour ne pas se faire enterrer vivants.

Nous nous sommes rencontrés, nous nous sommes compris et nous nous sommes engagés ensemble.

8) Vous parliez de rouleau compresseur. N'avez-vous pas peur que ce choix vous soit préjudiciable quand on sait que Sébastien Ajavon, président d'honneur de l'Usl, 3eme à la présidentielle de 2016 et ancien allié du Pouvoir en place n'est plus en odeur de sainteté avec celui-ci ? La preuve, plusieurs de ses soutiens qui sont des acteurs politiques bien connus ont dû le lâcher.

Ceux-là ne s’appellent pas Ahossi. J’ai honte. J’ai vu des gens qui lui ont pris beaucoup de sous et dès qu’il a échoué, ils se sont retrouvés de l’autre côté. Ils ont déménagé armes et bagages. Ce n’est pas mon principe. J’aurais pu, comme certains, l’escroquer pendant la campagne. Je ne l’ai pas fait. Et puis, le rouleau compresseur, si vous avez peur, il vous tue très vite. Mais si vous résistez, il n’est pas sûr de vous tuer (…) La peur tue, mais le courage sauve.

9) Quelles sont les perspectives pour ce parti qui vient de naître et dont vous en êtes l’Adjoint au premier Délégué général ?

C’est d’abord de ratisser large. L’Usl est née avec des dents. D’aucuns disent que c’est un parti du Mono. Qu’on me dise dans ce pays un parti qui n’a pas d’ancrage dans un département. Il en n’existe pas. Vous allez au Fard-Alafia, son ancrage c’est le Borgou. Vous prenez le Prd, l’ancrage c’est l’Ouémé. Cela ne me gêne pas, puisque ces genres de critiques viennent des affidés du régime. Mais notre mission c’est de rassembler encore plus de gens qui partageront nos idées et nous permettre d’aller à l’alternance parce que tel que ça se passe avec des déguerpissements sauvages, des impôts insoutenables…, nous pensons qu’il faut aller à l’alternance. Ce pays mérite mieux.

Votre mot de la fin

Juste pour dire que je n’ai pas été surpris des commentaires que j’ai lus au lendemain de la création de l’Usl, même venant du président d’un parti qui n’a aucun député à l’Assemblée nationale, aucun élu local. Ce sont des partis du genre qui encombrent le paysage politique béninois. Je sais que le débat va se mener. Je suis très serein. Je répondrai à tous ceux qui me poseront de questions, et je n’ai pas fait mon choix au hasard.

Propos recueillis par Jacques BOCO
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