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Pour ne pas hypothéquer l’avenir des apprenants:La Csa, la Cgtb et le Csub disent « non » à une année blanche
Publié le mardi 10 avril 2018  |  Le Matinal
Anselme
© aCotonou.com par DR
Anselme Amoussou,Secrétaire général de la Confédération des syndicats autonomes (Csa)




Les Secrétaires généraux de la Confédération des syndicats autonomes (Csa), de la Confédération générale des travailleurs du Bénin (Cgtb) et de la Centrale des syndicats unis du Bénin (Csub) ne veulent pas d’une année blanche. Hier lundi 9 avril 2018, ils ont posé un acte patriotique en suspendant leur motion de grève lancée le 16 janvier 2018.

La fibre patriotique des Secrétaires généraux de la Confédération des syndicats autonomes (Csa), de la Confédération générale des travailleurs du Bénin (Cgtb) et de la Centrale des syndicats unis du Bénin (Csub) a parlé. Après moult rencontres avec les autorités à divers niveaux et trois mois de paralysie, l’école béninoise va rouvrir ses portes ce jour. Ainsi en ont décidé Anselme Amoussou, Moudassirou Bachabi et Christophe Houessionon qui ont finalement entendu raison. Contrairement à leurs camarades de la Confédération syndicale des travailleurs du Bénin (Cstb), de la Confédération des organisations syndicales indépendantes (Cosi-Bénin) et de l’Union nationale des syndicats des travailleurs du Bénin (Unstb) pratiquent jusque-là un syndicalisme aveugle, ils ont pris leurs responsabilités devant l’histoire en se montrant patriotes. Dans la journée du lundi 9 avril 2018, ces leaders syndicaux de la Csa, de la Cgtb et de la Csub ont déposé les armes de la grève sensibles au spectre de l’année blanche qui plane sur l’école béninoise. Ainsi donc, dès ce mardi 10 avril 2018, l’ensemble des travailleurs sont conviés, – dans une motion cosignée et dont nous publions ci-dessous la teneur -, à reprendre le travail. La paralysie observée depuis janvier 2018 et qui a plongé le pays dans une crise sociale sans précédent prend ainsi fin au grand bonheur des apprenants, des parents d’élèves et des enseignants.

AT

Déclaration de suspension de la motion de grève

Depuis le 16 janvier 2018, nous avons dans une action concertée historique appelé les travailleurs béninois à un débrayage général. Ce mouvement a été largement suivi par nos vaillants et intrépides militants sur toute l’étendue du territoire national. C’est le moment de les féliciter pour ce combat citoyen. Notre administration et notamment les secteurs de l’éducation, de la santé et de la justice ont été sérieusement secoués, en témoignent les différents rounds de négociations tant au niveau sectoriel que central. Depuis lors des médiations de tout genre se sont multipliées toutes visant le dégel. Pendant ce temps notre Gouvernement, tel un Félin blessé est allé d’escalade en escalade, d’abus en abus soumettant les travailleurs en particulier et le peuple en général à des tortures les plus ignobles jamais vécues. Le Gouvernement de la rupture, au lieu de mettre sa foi dans un dialogue franc et sincère s’est illustré dans un déni de droit et une expérimentation diabolique de tortures et d’actes attentatoires aux libertés individuelles et collectives. Nous avons vécu tout ceci avec dignité et détermination et nous pouvons en être fiers.

Les enseignants ont particulièrement payé le prix fort, ils ont été humiliés et blessés dans leur dignité d’homme. Malgré tout cela, ils ont tenu bon, c’est le lieu de leur rendre un hommage mérité.

Quel bilan pouvons-nous faire du combat engagé depuis le 16 janvier 2018 ?

Déboires :

– Mépris, humiliation, infiltration en vue de déstabilisation, réquisition à tour de bras, limogeages, lynchages médiatiques, intimidations, trafic d’influence de tout genre, menaces et que sais-je encore ?,

– Traitement partiel et parfois expéditif des revendications objet de la motion de grève en raison de l’emprise étouffante de la ruse et de la rage sur les négociations tant au niveau sectoriel que central,

– Obstination du Gouvernement à appliquer à tous les points de revendications ses solutions et non des solutions consensuelles mettant ainsi à mal les règles élémentaires du dialogue social,

– Gestion à des fins propagandistes et électoralistes de la grève aussi bien par le Gouvernement que par certaines « organisations des travailleurs », le premier pour diaboliser les partenaires sociaux , les seconds pour servir des causes inavouées et se lancer par anticipation dans la conquête de l’électorat dans la perspective des élections professionnelles ouvrant ainsi la porte à la surenchère,

– Tentatives de récupération de la grève à des fins politiques aussi bien par l’opposition que par la mouvance présidentielle avec la malheureuse complicité de certains acteurs syndicaux sacrifiant ainsi les intérêts des intrépides travailleurs,

– Etc.

Tout ce qui précède, camarades militantes et militants, n’a pas permis d’aborder avec la rigueur et la sérénité requises les vrais problèmes qui fâchent le monde du travail en particulier et le peuple en général. Ainsi les différentes rencontres et médiations, au lieu d’offrir des perspectives radieuses nous ont enlisés, ont aggravé la misère ambiante et tendent aujourd’hui à rendre impopulaire la grève.

Malgré cela, nous pouvons nous féliciter d’avoir réussi le combat de la dignité et d’avoir donné au Gouvernement et ses disciples tapis dans les autres Institutions de la République, une bonne leçon de maturité et de démocratie, démontrant par la même occasion que la gouvernance du Bénin ne peut s’accommoder impunément, ni de la médiocrité, ni de la méchanceté gratuite de ses gouvernants.

A ce sujet, on peut constater aisément aujourd’hui, en dépit de tout, les points positifs non négligeables ci-après :

– Réaffirmation de l’Etat de droit,

– Restauration définitive du droit de grève pour tous les travailleurs,

– Début de l’effectivité de la rétrocession des défalcations pour fait de grève par le paiement intégral du salaire du mois de mars malgré la poursuite du mouvement qui a généré les défalcations sur salaire du mois de février,

– Résurrection du dialogue social et la reconnaissance de ses vertus par tous,

– Urgence du déploiement de modules de formation pour une meilleure préparation de nos militants à un syndicalisme vrai et pur,

A présent, camarades travailleuses et travailleurs, l’heure est venue de tirer leçons de ce premier round de contestations ouvertes contre la gouvernance et les choix du régime de la Rupture par la classe ouvrière, d’explorer les perspectives à travers l’usage d’autres moyens de règlement de conflits pourquoi pas ? Dans les circonstances actuelles où le chaos semble être voulu, recherché et entretenu par le Gouvernement lui-même, notre position de responsables et de leaders exige de nous, l’audace de risquer la lucidité malgré l’ambiance de grave crise de confiance et de suspicion généralisée. C’est cela aussi le prix à payer quand l’histoire vous impose la charge qui est la nôtre en ce moment. Et nous ne comptons pas nous y dérober. Pour y parvenir nous nous appuierons sur deux évidences majeures en temps de combat, ainsi résumées :

1- La culture du droit à la différence, des possibilités d’accords ou de désaccords doit entrer dans nos mœurs comme un ferment essentiel de la vitalité d’une démocratie normale, animée et vécue par des gens normaux. Nous ne devons en aucun cas, vivre ces évènements comme des preuves patentes de trahison.

2- Le respect de la discipline de groupe et de la position majoritaire doit être vécu par les démocrates comme indispensable à toute démocratie et s’y soustraire devrait appeler des sanctions conséquentes dans l’intérêt de la démocratie elle-même.

Camarades travailleurs, c’est fort de ces évidences et de la nécessité de démontrer une énième fois encore notre bonne foi à la face du monde que, tout en rejetant en bloc les propositions humiliantes du Gouvernement relatives notamment aux statuts particuliers des enseignants et en dénonçant son silence sur les autres points de revendication, nous décidons de la suspension de la motion de grève en cours depuis le 16 janvier 2018 et appelons l’ensemble des travailleurs à reprendre le travail dès le mardi 10 avril 2018.

Oui, pour nous, aucun prix n’est assez fort pour éviter à notre peuple le chaos que le Gouvernement lui-même a fait l’option de lui offrir.

Au niveau syndical, il s’agit pour nous de ne pas cautionner l’abus de confiance et l’escroquerie. En effet, nous savons tous que ceux qui prétendent que nous les avons rejoints dans le mouvement et qui s’efforcent désespérément dans leurs machinations habituelles de prendre le lead d’un mouvement dont ils ne sont pas géniteurs, ne sont pas les plus vertueux. Vous savez et ils le savent qu’avant notre entrée en mouvement le 16 janvier 2018, ils ont fait plus d’un mois de grève sans être suivi. Aujourd’hui par réseaux sociaux interposés, ils tentent de récolter là où ils n’ont pas semé et diabolisent les vrais artisans des succès engrangés au cours de notre intrépide combat. Ce holdup éhonté ne passera pas et nous devons leur prouver qu’il est temps d’assainir le milieu syndical.

Camarades travailleuses et travailleurs, la conspiration du silence ne fera que nous affaiblir davantage et discréditer le syndicalisme béninois, c’est pourquoi nous invitons tous les travailleurs des secteurs en luttes à s’affranchir de la psychose entretenue par des usurpateurs sans foi ni loi connus pour leurs pratiques fascistes, en reprenant patriotiquement et dans l’intérêt supérieur de la Nation le chemin de leurs lieux de travail. Il ne s’agit que d’un repli tactique.

Ainsi, nous laisserons le Gouvernement face à ses responsabilités pour expérimenter ses «solutions messianiques unilatérales» en vue de permettre au peuple, seul détenteur de la souveraineté nationale de lui appliquer la sanction appropriée.

En avant pour un syndicalisme débarrassé de toute souillure !

Non à une année académique blanche !

Vive le Bénin, nous vaincrons !

Nous vous remercions.

Fait à Cotonou, le lundi 09 avril 2018
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