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Editorial : Les camions de la mort
Publié le jeudi 12 avril 2018  |  Fraternité
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© Fraternité par DR
Les conducteurs de gros camions




Ils ne manquent pas d’air, les conducteurs des gros porteurs. Depuis plusieurs années, sans désemparer, on les a vus faire dans la ville de Cotonou. La conduite approximative au mépris des règles du code de la route est leur sport favori. De jour comme de nuit, sous le soleil ou la pluie, ils s’érigent en maîtres de la circulation routière, allant jusqu’à réduire à néant les téméraires qui osent se mettre sur leur chemin. Craignant d’être victimes de la terreur des conducteurs des camions, les autres usagers de la route n’hésitent pas à leur vouer le respect à la hauteur de la frayeur qu’ils inspirent. Se considérant comme les seigneurs de la route, ils circulent comme il leur plaît, au vu et au su de tous, sans que véritablement les pouvoirs publics ne mettent en branle, l’arsenal de dissuasion à leur portée.
Le désordre et le carnage à leur actif sont si manifestes à Cotonou que la préfecture du Littoral et le ministère de l’Intérieur se sont décidés à prendre quelques mesures susceptibles de tempérer leurs ardeurs. A titre d’illustration, aux heures de pointe en matinée comme en soirée, il est interdit aux gros porteurs de se retrouver sur la route. La parade trouvée pour contourner cette réglementation, lorsqu’elle n’est pas abusivement violée, est le stationnement anarchique de ces engins le long de certaines grandes artères de la ville. Cet encombrement créé exprès occasionne encore plus de désagréments aux autres usagers de la route. A toutes les sorties de la métropole, ce phénomène est observé au quotidien. On ne compte plus le nombre de morts enregistrés du fait des multiples accidents causés par ces véhicules dont la spécialité est de rouler à vive allure, avec des freins défectueux et ce, en pleine agglomération.
Le comble est que ce n’est pas qu’à Cotonou que les gros porteurs sèment le malheur. A l’intérieur du pays, la folie meurtrière dont ils font montre sans se lasser est encore plus prononcée. L’axe Cotonou-Parakou est un exemple édifiant de la rage des conducteurs des camions déterminés à semer la mort toutes les fois qu’ils prennent la route. Des stationnements anarchiques au beau milieu de la chaussée sans aucune signalisation et même dans des tournants sont des faits d’armes de ces chauffeurs de type particulier qui n’ont que faire des prescriptions du code de la route. En plein jour, il est pénible pour les conducteurs des véhicules légers de se frayer un chemin dans le dédale de ces camions malicieusement et outrageusement disposés le long de la route pour des objectifs morbides. A la nuit tombée, le compteur nécrologique se met rageusement en marche.
Parce que la plupart de nos axes routiers ne sont pas éclairés ou le sont partiellement, les accidents de la circulation impliquant les camions surviennent à un rythme accéléré dès que le ciel enveloppe la terre de son manteau noir. On ne compte plus ces véhicules et leurs occupants qui ont fini leur course sous les camions stationnés sans aucune signalisation, du fait des pannes répétées ou des caprices des chauffeurs. Déjà en état défectueux avant leur mise en circulation, les gros porteurs sont de véritables machines à tuer. Rien qu’à les voir se dandiner sur la chaussée, les autres usagers de la route essuient des sueurs froides. Véritables cercueils roulants, ils sont incessamment à la quête de cadavres pour justifier leur raison d’être. Et, en dépit de tout ça, les autorités laissent faire. Elles seules connaissent les motifs de leur laxisme légendaire. Peu importe pour elles que les citoyens meurent sur la route. Du moment où il ne s’agit pas de leurs enfants ou de leurs proches, la série noire peut se poursuivre indéfiniment.


Moïse DOSSOUMOU
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