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Chronique judiciaire : Emile Madjronon condamné à 10 ans de réclusion pour séquestration et traite d’enfant
Publié le mercredi 18 avril 2018  |  Fraternité
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© Autre presse par DR
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Cultivateur à Hèkanmè dans la commune de Zè, et père de 7 enfants, Emile Madjronon a été condamné hier par la Cour d’assises à 10 ans de réclusion criminelle. Il a été accusé d’avoir séquestré en 2007 la fillette Sèlimatou, alors âgée de moins de 14 ans qu’il a pris pour femme pendant 5 ans. Le Président de céans est Christophe Atinmakan, avec comme assesseurs Ismaël Sanoussi et Martial Boko. Le fauteuil du greffier a été occupé par Louis Houngbo et le Ministère public a été représenté par Marie Josée Patinvo.
Les faits remontent au 18 novembre 2007. Alors que la fillette Sèlimatou M. a fugué du domicile de sa cousine Moibatou Lemonfa, elle croisa en chemin un jeune homme nommé William Hounsinou qui lui a promis de l’aider. Ce dernier, aujourd’hui en fuite, l’a conduite dans une maison à Godomey en demandant à Sèlimatou de se faire passer pour sa sœur. Il est revenu vers 20 heures accompagné de deux autres jeunes dont Emile Madjronon à qui, il a remis la fille en mariage contre la somme de 40.000 francs Cfa.
Emile Madjronon au moment des faits, avait déjà une femme et 5 enfants. Il a amené la fillette dans son village à Hèkanmè où il l’a gardée pendant 5 ans, sans informer les parents qui, dans le même temps, avaient lancé des avis de recherche au Bénin et au Togo.

A la barre

Emile Madjronon qui séjourne en prison depuis le 21 mai 2013, reconnait les faits. Il s’explique en s’inscrivant dans la logique de ce qu’il a pris Sèlimatou M. pour épouse. « J’ai dépensé de l’argent pour l’épouser. Mais je ne suis pas allé voir ses parents ». Le Président de céans, Christophe Atinmakan appelle alors la victime, aujourd’hui mère de trois enfants, à la barre. Celle-ci rappelle les circonstances de sa fugue avant de revenir sur les conditions de sa séquestration : « Ils m’ont dit que si je fuyais, les fétiches vont me rattraper (…) Emile ne parle même pas avec moi. (…) il me bat pour tenir des rapports sexuels avec moi ». L’accusé récuse. « Je ne la bats pas pour tenir des rapports sexuels avec elle ».
Suivront les dépositions des parents de la victime, le père, la mère, et puis le tuteur en la personne du magistrat Azalou qui a confié avoir mis tous les moyens pour rechercher la fillette, pendant 5 ans, en vain. Il met un accent sur les préjudices subis. « Pendant plus de 5 ans, nous avons vécu ce calvaire. Si aujourd’hui Sèlimatou s’est remariée, c’est une résilience qu’il faut saluer au regard de tout ce qu’elle a subi », a-t-il déclaré avant de se constituer partie civile pour, dit-il, réclamer un franc symbolique.

Débats

Dans son réquisitoire, le Ministère public représenté par Marie Josée Patinvo a rappelé les dispositions qui punissent la séquestration et la traite des enfants. Il s’agit de l’article 341 du code pénal et surtout de l’article 7 de la loi 2006-04 du 10 avril 2006 qui stipule qu’ « aucun enfant ne peut être déplacé à l’intérieur du pays, séparé de ses parents biologiques ou de la personne ayant autorité sur lui, sans une autorisation spéciale délivrée par l’autorité administrative compétente du lieu de sa résidence ». En l’espèce, selon l’avocat général, l’accusé a agi avec conscience car pour lui, c’est de l’aubaine et il faille en profiter. Marie Josée Patinvo rappelle ensuite les sévices subis par la victime en se basant sur les propos de celle-ci : « Toutes les fois que je m’opposais à ses désirs sexuels, il me battait ». Le ministère public a alors requis 20 ans de travaux forcés contre l’accusé.
Quant à la défense assurée par Me Aziz Koladé Onifadé, l’accusé n’est pas dans la logique de la séquestration mais du mariage. « Nous sommes dans un contexte conjugal » a-t-il souligné. Me Aziz Koladé Onifadé insiste aussi sur le fait que l’accusé ne pouvait pas imaginer tout le scénario qui se situe derrière la remise de la somme de 40.000 francs puisque croyant que sa future épouse était la sœur de William Hounsinou en fuite. « Condamner Emile au-delà du temps déjà passé en prison, c’est condamner le père des deux enfants qu’il a eus avec la victime. Il a assez payé. Je voudrais que vous lui donnez la possibilité de se réinsérer et de s’occuper des enfants ».
Après quelque temps de suspension, la cour et les jurés reviennent du délibéré avec une décision qui condamne Emile Madjronon à 10 ans de réclusion criminelle pour séquestration et traite d’enfant. Donc, Emile Madjronon a encore 5 ans à passer en prison. L’accusé a été aussi condamné à payer un franc symbolique pour les préjudices causés aux parents de la victime.


Fulbert ADJIMEHOSSOU
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