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Menaces sur la santé maternelle et risques d’avortements clandestins : 9 sur 10 femmes post parthum n’ont pas accès à la Pf
Publié le vendredi 4 mai 2018  |  Matin libre




Si d’après l’Organisation mondiale de la santé (Oms), la planification familiale contribue à réduire de 30%, la mortalité maternelle, l’urgence de recourir aux méthodes contraceptives n’est visiblement pas encore perçue par les femmes béninoises. Et pour preuve, le contre rapport associatif de l’Alliance droits et santé sur le Plan national budgétisé pour le repositionnement de la Pf au Bénin fait état de ce que 9 sur 10 femmes post parthum (qui viennent d’accoucher et qui vivent maritalement) n’ont pas accès à la Pf. Toute chose qui justifie les naissances rapprochées, la récurrence des avortements clandestins et les conséquences restent dommageables pour la santé voire la vie de la femme…

Neuf sur dix femmes post parthum n’ont pas accès à la planification familiale et le corollaire immédiat est non négligeable. 70% des avortements seraient pratiqués sur des femmes mariées, selon le Professeur Adisso, dans l’une de ses récentes communications. Une situation suffisamment inquiétante pour interpeller la conscience de tous sur la nécessité de recourir aux services de la Pf pour le bien-être de la femme et le mieux-vivre des ménages. A en croire la Responsable du Projet de prévention des avortements à risques à PSI-Bénin, AyiviPrudencia, il est inadmissible qu’une femme en post parthum n’adopte pas de méthode contraceptive étant donné qu’elle est exposée à un risque de grossesses rapprochées. « Après avoir porté une grossesse pendant neuf mois, après l’accouchement qui a été peut-être laborieux, elle a toujours la charge du nourrisson et dans ce contexte, elle se retrouve encore enceinte. Que peut-elle faire ? Rares sont les femmes qui acceptent garder deux grossesses dans une même année. D’une manière ou d’une autre, elles se débrouillent pour aller se faire avorter dans la clandestinité. Car la loi interdit l’avortement sauf en cas de viol, d’inceste, de malformation fœtale ou de maladies graves. Mais voilà que cette femme ne remplit aucune des quatre conditions pour qu’elle soit autorisée à avorter. Autant de risques pour les femmes qui sont dans le post parthum et qui n’adoptent pas la Pf» a-t-elle fait savoir. Refusant souvent d’être la risée de leur communauté pour s’être retrouvée à nouveau enceinte alors qu’elle continue d’allaiter un nouveau né, ces femmes recourent donc à des pratiques dangereuses ou aux services des non professionnels de la santé pour se débarrasser de la grossesse. Et ceci ne reste point sans conséquences sur la santé. L’acte est susceptible de coûter la vie à la femme. D’ailleurs, d’après les récentes statistiques, 15% des décès maternels sont liés aux avortements clandestins. Chose curieuse, les méthodes contraceptives restent pourtant un moyen incontournable pour procréer quand l’on veut et quand il le faut.Face au fait, il convient de s’interroger sur les raisons motivant la non adhésion massive des femmes à la planification familiale. « Une étude a montré que les femmes ne veulent pas se mettre sous planification familiale de peur des effets secondaires qui pourtant constituent des effets passagers. Car même la simple quinine peut produire des effets secondaires. C’est plutôt une question de communication. Les prestataires doivent sensibiliser les femmes sur les effets secondaires tout en les aidant à surmonter lesdits effets. Au niveau de l’Abms/Psi nous formons les prestataires à gérer les effets secondaires », a confié Ayivi Prudencia de Psi-Bénin avant d’être davantage rassurante : « Il y a 25 ou 30 ans, on parlait d’analyses préalables mais les choses ont évolué et aujourd’hui, il y a un outil qu’on appelle les critères d’éligibilité à la méthode de contraception. Cet outil a été conçu par l’Organisation mondiale de la santé. C’est-à-dire en demandant un bilan avant d’adopter une méthode contraceptive, on recherche des pathologies données. Ces maladies ont des signes, des antécédents médicaux. Ces signes sont répertoriés dans l’outil appelé le Disque d’éligibilité de l’Oms. Face à la cliente, le prestataire formé à cet outil de l’Oms, il suffit qu’il pose des questions qui sont sur le disque et selon que la femme réponde oui ou non, il y a une cotation par rapport à chaque maladie. Lorsque la cotation donne 1, cela veut dire que cette personne peut utiliser la méthode sans restriction aucune ni problème. Si la cotation donne 2, cela signifie qu’elle peut utiliser mais qu’il faut faire attention et lorsqu’elle donne 3, cela veut dire que quelque soit ce qui se passe, ne lui faites pas adopter cette méthode. Cet outil remplace valablement le bilan». Cela ne fait donc plus l’objet d’aucun doute, les effets secondaires sont non seulement passagers mais aussi maîtrisables. De même, contrairement à ce qui serait distillé dans l’opinion publique, la planification familiale ne vise pas à limiter les naissances mais plutôt à les espacer, les maîtriser. Et l’adhésion des confessions religieuses aux méthodes contraceptives témoigne désormais de l’impérieuse nécessité pour les femmes, les couples d’adopter la planification familiale pour un véritable progrès de l’humanité.

Aziz BADAROU
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