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Gros dossiers de la République:La Justice fait trembler les « grands »

Publié le mercredi 20 juin 2018  |  Le Matinal
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© Autre presse par DR
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Le Tribunal de première instance de première classe de Cotonou connaît, depuis quelques mois, de grands procès de la République. Pour détournement de fonds publics, mal gouvernance, prévarication, commerce illicite, exercice illégal d’activités et fraudes, de gros bonnets du pays et d’anciens patrons de sociétés d’Etat défilent à la barre ou attendent leur tour.

Longtemps accusée d’inaction ou de connivence avec les milieux mafieux du pays, la justice béninoise est passée à la vitesse supérieure pour élucider de nombreux crimes commis par des personnalités, présumées auteurs de crimes et qui croupissent en prison ou sont toujours libres de leurs mouvements. Et pendant qu’on y est, la justice s’attèle à éclairer l’opinion publique sur des crimes dont la plupart pourraient confirmer le degré de responsabilité des différentes personnalités citées. Le scandale à la Société nationale des eaux du Bénin (Soneb) a certes livré son verdict et l’ancien directeur général de l’entreprise, David Babalola, poursuivi pour prévarication, a été condamné à 3 ans de prison ferme plus 401 millions de FCfa d’amende. Promu par le régime Yayi en mai 2012, David Babalola a été l’un des rescapés de l’ancienne équipe au pouvoir à réussir à filer le parfait amour avec les nouvelles autorités. L’éclatement du scandale a précipité son départ de la direction générale en octobre 2017 pour la prison civile de Cotonou. Alors qu’on craignait qu’il écope de lourdes peines, l’intéressé semble avoir bénéficié d’un verdict clément. Qu’en sera-t-il des autres qui attendent de connaître leur sort ? C’est ce qu’il convient de se demander lorsqu’on sait que la justice devra aussi élucider sous peu, le dossier relatif au Conseil national des chargeurs du Bénin (Cncb). A propos, l’ancien ministre Antoine Dayori, et d’autres responsables du Cncb accusés de méfaits attendent à la prison civile de Cotonou le jour de leur jugement. Mais avant, ce sont d’autres crimes en jugement qui alimentent l’actualité et font trembler certains milieux, pas des moindres du pays.

Deux procès palpitants

La population suit avec attention le jugement des affaires faux médicaments, placement hasardeux de fonds à la Banque internationale du Bénin (Bibe) avec de présumées rétro-commissions payées aux responsables de la Caisse nationale de sécurité sociale (Cnss). Ces dossiers sont suivis et analysés par des citoyens sous le prisme de l’acharnement et de la chasse aux sorcières. Dans le premier dossier où le principal mis en cause se trouve être un député, une certaine opinion soutient qu’il fait les frais de ses opinions politiques et de son désaccord avec le régime et ses alliés, dont le Parti du renouveau démocratique (Prd), d’où il a démissionné pour créer Réso-Atao. Le député Atao Hinnouho dérangerait les intérêts du Prd, aujourd’hui très proche du régime. Victime d’acharnement du régime aux yeux de ses partisans et de l’opposition, le député est cité dans un dossier de fraudes douanières au sujet du trafic des médicaments contrefaits. En fuite après la découverte des tonnes de ces produits dans des entrepôts dont il est le propriétaire, Atao Hinnouho, sous le coup d’un mandat d’arrêt international, est revenu au pays pour se présenter à la justice qui a déjà eu à condamner des acteurs pour commerce de médicaments contrefaits. Montré du doigt comme l’épicentre de ce trafic au Bénin, il n’était pas au procès quand les autres ont été condamnés. Il est rentré après au bercail. Et c’est maintenant que le plus dur commence pour lui. Entre fraudes douanières, flagrant délit, commerce illicite de faux médicaments, le procès du député prend des allures d’une vraie saga judiciaire suivie avec intérêt et passion par les Béninois. Du côté de l’Assemblée nationale, on attend de voir si les poursuites contre l’intéressé seront autorisées au regard des dispositions de l’article 90 qui, tout en exigeant la levée d’immunité d’un député avant toute poursuite, précise que cela ne peut pas s’appliquer en cas de flagrant délit. Parce que bénéficiant une première fois d’une ordonnance mettant fin aux poursuites à son encontre délivrée par le premier juge qui a cité l’article 90 comme argument, Atao Hinnouho n’est pas encore entré en jouissance de cet acte quand il été a retenu dans les liens de la détention préventive pour les faits de fraudes douanières constitutives de flagrant délit. Les déclarations faites à la barre par le Colonel des Douanes, Jacques Yempabou, en sa qualité de directeur du renseignement et des enquêtes douanières, tendent à prouver qu’il y a fraudes et l’auteur n’est rien d’autre que le député de la 15ème circonscription (Cotonou). La défense tente de prouver le contraire. Impatiente de connaître le verdict, l’opinion doit encore attendre jusqu’au 24 juillet, date de la reprise du procès.

Cnss-Bibe

Commentaires, prises de position, procès d’intention, insinuations diverses et autres formes de pression, c’est ainsi que l’opinion vit le dossier (Cnss-Bibe). La raison de cette attraction: Laurent Mètongnon, principal accusé et figure de proue du syndicalisme. Bien qu’il ne soit pas le seul accusé dans ce dossier, il est vu comme un prisonnier politique. C’est tout un autre procès qui se déroule en dehors du Tribunal. Un autre procès a lieu dans des instances de partis politiques, les organisations syndicales, les services, la rue, l’administration. Chacun y va de ses analyses et de ses prises de position. Pendant ce temps, les vrais débats se déroulent au Tribunal de Cotonou avec de sacrées révélations. En tout cas, l’intervention à la barre dans la matinée du mercredi 13 juin de l’ancien directeur général de la Bibe, au moment des faits, invite à voir les choses avec un esprit de discernement. Il a confirmé qu’à la suite des placements, des rétro-commissions ont été versées par l’intermédiaire d’un tiers au principal accusé, Laurent Mètongnon, alors Président du Conseil d’administration de la Caisse. Il reste à prouver qu’il a effectivement touché cet argent dont le montant n’est pas encore établi. Pour y voir clair, le juge veut faire venir à la barre d’autres acteurs pour les écouter. C’est le cas de Eustache Kotingan actuel Pca, écouté hier. Ce n’est pas opportun, clament les partisans du syndicaliste qui s’en pressent de le blanchir et rêvent de le voir libre de ses mouvements. Au milieu de tout cela, la justice examine les dossiers sans désemparer, loin de toutes pressions. Elle tient à aller jusqu’au bout des procédures pour éclairer l’opinion publique. Du coup, cette volonté manifeste de la justice de faire son travail surprend certains qui la soupçonnent d’être utilisée par le nouveau régime pour régler ses comptes. Pourquoi ne s’intéresse-t-elle pas aux autres affaires dans lesquelles des alliés du chef de l’Etat sont accusés ? S’interrogent-ils. Par contre, pour d’autres, la justice s’évertue à jouer sa partition pour accompagner le président de la République décidé à libérer le pays de son fardeau de corruption et d’enrichissement illicite avec ses corolaires. Comme on peut s’en rendre compte, l’engagement de Patrice Talon à lutter contre la corruption se traduit dans les faits avec plusieurs dossiers déférés devant les tribunaux dans la légalité et le respect des lois de la République. Il avait déjà donné un grand signal avec Segub gate, liée à la gestion des fonds issus du trafic des véhicules d’occasion. Bientôt, on aura droit aux procès des auteurs de la disparition de Pierre Urbain Dangnivo, des responsables d’Icc-services, nom de la célèbre société d’arnaque. A ces occasions, on verra défiler à la barre bon nombre de grands noms du monde politique, soit en qualité de témoins ou en tant qu’acteurs majeurs des crimes.

La justice assure toujours

Avec ces différents dossiers, les Béninois vivent des moments pathétiques. Pourtant, la justice béninoise n’est pas à ses premiers procès qui voient comparaître devant elle des autorités du pays. Dans un passé proche ou lointain, elle a décidé du sort de hauts responsables du pays, de célèbres noms et leurs complices. On se souvient de l’affaire du célèbre marabout Mohamed Cissé, celle des frais de justice criminelle impliquant des magistrats et des responsables du Trésor public. Les responsables du vol de cartes d’électeur à la Commission électorale nationale autonome (Cena) avec des membres de la Renaissances du Bénin, l’ancien ministre Rogatien Biaou mis en cause dans la vente du domaine de l’ambassade du Bénin à New-York, l’ancien ministre Alain Adihou cité dans le dossier Lépi ont connu l’emprisonnement. Il en est de même de Séfou Fagbohoun et de Barthélémy Agnan qui se sont retrouvés derrière les barreaux respectivement à cause des affaires Sonacop et Titan.

FN
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