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En vérité : La grande attente des travailleurs

Publié le jeudi 19 juillet 2018  |  Fraternité
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Elles sont dans l’attente des élections professionnelles. Les centrales et confédérations syndicales rongent leur frein. Depuis 8 ans, plus rien n’a bougé. Plusieurs fois annoncées, ces consultations électorales ont toujours été reportées. Pourtant, tout avait si bien commencé en 2002. Dans l’euphorie et la ferveur, les travailleurs s’étaient prononcés en faveur des centrales et confédérations qui leur paraissaient aptes à défendre leurs intérêts. Quatre ans plus tard, en 2006, ils ont été à nouveau conviés aux urnes pour le même exercice. Avec enthousiasme, ils se sont encore prêtés au jeu. Ce processus, qui devrait se muer en tradition, s’est subitement arrêté. De 2010 à nos jours, le corps électoral n’a plus été convoqué. Tout est au statu quo. Le gouvernement qui s’est engagé à organiser ce scrutin à intervalles réguliers, soit tous les quatre ans, s’est essoufflé. Après l’épisode de 2006, rendez-vous avait été pris en 2010. Huit ans après, rien n’a été fait.
Les enjeux liés à ce type d’élections ne sont plus à démontrer. Le degré de représentativité recherchée garantit la vie syndicale. En effet, les syndicats qui bénéficient d’une grande audience dans les rangs des syndiqués jouissent d’un certain nombre de droits et de facilités. Mieux, le niveau élevé de représentativité garantit le poids des organisations syndicales dans les accords de la fonction publique et détermine si elles sont habilitées à négocier avec les autorités compétentes. Enfin, la représentativité est une preuve de la reconnaissance de la légitimité des syndicats par les agents. « Si les syndicats s’inquiètent tout autant du taux de participation que de leur propre résultat aux élections, c’est que le pourcentage d’électeurs qui utilisent leur droit de vote a un sens : il peut être interprété par les pouvoirs publics comme un indicateur de l’importance et de la légitimité que les agents accordent à leurs représentants ».
La période de latence observée est préjudiciable au renforcement de l’édifice syndical. Depuis plusieurs années, les querelles intestines entre partenaires sociaux sont attisées à souhait. Les guerres de leadership et les tiraillements répétés fragilisent la lutte syndicale. Lorsqu’il a fallu désigner les représentants des travailleurs devant siéger pour le compte de la mandature en cours du Conseil économique et social, l’opinion a assisté à des scènes de chiffonniers indignes des travailleurs. Tout se passe comme si les pouvoirs publics ont du plaisir à voir se déchirer entre elles les organisations de travailleurs. Pis, par défaut d’élections professionnelles, toutes les centrales et confédérations syndicales agissent comme si elles bénéficiaient toutes du même intérêt auprès des syndiqués. La preuve, le cadre officiel de négociations collectives gouvernement-centrales et confédérations syndicales inclut tout le monde alors qu’en principe, seuls les syndicats légitimes sont habilités à engager des pourparlers avec les décideurs.
La semaine écoulée, l’Université d’Abomey-Calavi a connu une double révolution. Pour la première fois, les élections devant aboutir à la détermination des organisations faîtières estudiantines les plus représentatives se sont déroulées. A la surprise générale, les étudiants ont jeté prioritairement leur dévolu sur l’Union nationale des scolaires et étudiants du Bénin (Unseb), alors qu’avant la tenue de ce scrutin, personne ne vendait cher la peau de ce regroupement syndical. Jusqu’à nouvel ordre, en ligne de mire sur ce campus, on retrouvera cette association lorsqu’il s’agira de défendre les intérêts des étudiants. Les travailleurs aussi désirent départager les centrales et confédérations syndicales qui se positionnent toutes comme des leaders. L’organisation des élections professionnelles dont la pertinence n’est plus à démontrer s’impose pour assainir et discipliner quelque peu les faîtières des syndicats. Si le précédent régime n’a pas pu honorer ses engagements sur ce plan, le gouvernement actuel devrait inverser la tendance en renforçant les libertés syndicales. Ce n’est pas trop demander au ministre de la fonction publique de relever ce défi.
Moïse DOSSOUMOU
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