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Les sourds, les laissés-pour-compte de l’éducation au Bénin
Publié le mardi 15 octobre 2013   |  France 24


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© Autre presse par DR
Les sourds, les laissés-pour-compte de l’éducation au Bénin


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Au Bénin, les enfants sourds sont les grands oubliés du système éducatif. Le premier collège public pour sourds et malentendants du pays n’a ouvert qu’en 2012, et selon notre Observateur, les conditions d’apprentissage y sont toujours particulièrement difficiles. Jusqu’à l’année dernière, l’immense majorité des enfants sourds béninois ne dépassaient pas le niveau CM2. Quand ils avaient la chance d’être scolarisés… Les rares établissements – dont un seul public – qui leurs étaient réservés ne dépassaient pas la primaire. Il existait toutefois un collège privé à Porto-Novo, au nord de Cotonou. Mais à 480 000 francs CFA (environ 730 euros) l’année avec un salaire minimum au Bénin de 30 000 FCFA, il n’était accessible qu’à une poignée de privilégiés."Les professeurs n’ont pas été formés pour enseigner". Les perspectives étaient alors plutôt limitées : soit les enfants partaient en apprentissage, soit ils restaient chez leurs parents, sans accès à l’éducation. Si l’ouverture du collège d’Akogbato est une petite révolution en soi, les enfants sourds restent encore largement marginalisés, comme l’explique notre Observateur, Abdoul Zigo. Mon neveu a 17 ans. Il vient d’entrer cette année en sixième au collège d’Akogbato. Le bâtiment est délabré. Les fenêtres sont rouillées, les toitures trouées. Le directeur a dû installer son bureau sur la terrasse, parce que la salle qui lui était réservée se trouve dans un état lamentable. Les professeurs sont eux-mêmes sourds et malentendants. Mais s’ils ont fait des études supérieures, ils n’ont pas été formés pour enseigner.
Surtout, le collège est situé à la périphérie de la capitale, dans une zone privée d’électricité, et qui n’est desservie par aucune route. On ne peut s’y rendre qu’en taxi-moto. À la longue, à 150 francs CFA (20ct d’euro) l’aller-retour, ça coûte cher. Les parents d’élèves songent à louer un appartement pour les loger, car la plupart habite à plusieurs kilomètres de là.
Après l’école, certains intègrent un centre d’apprentissage, qui les forme à la coiffure, à la menuiserie ou à la poterie. Mais ils sont peu nombreux, d’autant que cet établissement est loin du centre-ville. Du coup, la plupart des sourds restent ensuite chez eux, sans instruction, à la charge de leurs parents.

L’État ne fait rien pour eux. Ils ne reçoivent aucune aide. S’ils doivent s’équiper d’un appareil auditif, c’est entièrement à leur charge. Mon neveu en a un, que sa mère a acheté. Ça lui a coûté 1 million de francs CFA (environ 1500 euros). Je trouve injuste que les parents des sourds, qui paient leurs impôts comme tout le monde, qui participent au financement de l’État, ne soient pas du tout aidés en retour.

L’enseignement et le monde professionnel ne sont pas les seuls secteurs, où les sourds sont victimes de discriminations. Dans un mémoire datant de 2011 consacré à la problématique de la surdité au Bénin, une étudiante-chercheuse de l’université de Grenoble montrait que nombreux étaient les préjugés les concernant, liés, d’après elle à des croyances religieuses. "On se méfie du sourd, qui porterait en lui les marques de la manifestation de la colère d’un Dieu", expliquait-elle. "D’autre part, une personne sourde semble être souvent considérée comme incapable, comme inférieure à un être entendant."

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