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Contrastes emblématiques

Publié le jeudi 23 aout 2018  |  Le Matinal
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Le roi Toffa et le roi Béhanzin sont, sans doute, des figures emblématiques des anciens royaumes Hogbonou et Danxomè. Alors que Béhanzin a connu une existence comprise entre 1845 et 1906, Toffa a vécu de 1850 à 1908. Ce sont donc deux rois de la même génération de l’histoire de l’ex colonie française devenue Bénin. Le règne de Toffa fut marqué par une alternance d’alliances et de conflits avec des voisins militairement puissants et expansionnistes : le royaume de Danxomè, l’Angleterre et la France. A la mort de Toffa, le royaume de Hogbonou, encore appelé Porto-Novo est annexé par la France et rattaché à la colonie du Danxomè. Dans la même période et sous le règne de Béhanzin, le royaume du Danxomè est défait, pour constituer la colonie du Dahomey avec le rattachement de Porto-Novo du roi Toffa, son cousin et son ennemi. En mémoire de ces deux souverains antagonistes leurs statues ont été majestueusement érigées à l’entrée de Porto-Novo pour Toffa et d’Abomey pour Béhanzin.

Les concepteurs de ces représentations ont dû s’inspirer, soit de ce que chacun des rois incarnait face au Colon blanc, soit d’images prises à l’époque par des photographes dans certaines situations. Les statues de Béhanzin et de Toffa ont des similitudes et des dissemblances. Elles présentent toutes deux des images de grands souverains en stature complète. Elles ont arboré chacune une tenue d’aparat illustrative de leurs attributs de suzerain. En effet, les statues montrent deux personnalités drapées de rouleau épais de pagne. Chacun des rois est coiffé d’un bonnet. Celui de Toffa a une forme cylindrique et est muni d’une sorte de fourragère. Il porte au cou un énorme collier pendant jusqu’à l’intersection de ses jambes. A la différence du bonnet de Toffa, celui de Béhanzin a une forme conique prolongé par des rabats qui recouvre les pavillons des oreilles.

Mais pour le bon observateur des images sur scène, la grande différence se trouve au niveau des gestes corporels. Alors que Béhanzin, comme sur pied de guerre, tenant dans la main droite une récade à la manière d’un gourdin, le buste dégagé, la main gauche tendue et laissant voir la paume légèrement au-dessus de sa tête, Toffa tient dans sa main droite une canne. La main gauche de l’ancien roi de Hogbonou tend à cajoler son propre corps ou à embrasser un tiers. Voilà tout le contraste de gestes. Cela semble traduire l’attitude des deux rois vis-à-vis du Blanc. Les Anglais incitent Toffa à reprendre son titre de roi par la force mais il transige. Toffa se rend à la cour d’Abomey où il est bien accueilli par le roi Glèlè. Pour prendre ses distances avec son trop puissant voisin et aussi parce qu’il se méfie des Anglais qui ont soustrait Dangbo et Kéténou à sa suzeraineté, Toffa signe en 1882 avec les Français un protectorat. Aidé par l’armée française, Toffa conquiert Dangbo et Kéténou.

En 1889, le Danxomè de Béhanzin lance un raid contre Porto-Novo. Dès lors, Toffa se range définitivement dans le camp français : Porto-Novo sert de base à la première et à la seconde guerre du Dahomey de 1890 à 1894. Toffa fournit en particulier environ 2 000 porteurs, qu’ils recrutent de gré ou de force. Les Français lui versent une prime pour chaque porteur. Après la victoire, les Français offrent le trône en bois doré d’Abomey à Toffa qui ajoute à sa titulature « maître de Béhanzin », le dernier roi du Danxomè. Le conflit prend fin le 15 janvier 1894 lorsque le roi Béhanzin signe sa reddition, après des cérémonies rituelles et un fameux discours d’adieu. Il se rend au capitaine Privé, qui le conduit au général Dodds, à Goho. Le traité du 29 janvier 1894 marque la fin du conflit ; son article 6 interdit la traite des esclaves au Dahomey, ainsi que les sacrifices humains.

Jean-Claude Kouagou
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