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Mawussé Hountondji, Directeur exécutif de Jve-Bénin : "Le scénario de 2° est catastrophique pour nos pays "

Publié le jeudi 11 octobre 2018  |  Fraternité
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La limitation des émissions des gaz à effet de serre semble être une utopie au regard des difficultés que connait la mise en œuvre de l’accord de Paris et des analyses faites par le Groupe Intergouvernemental des experts sur le changement climatique (GIEC). Rencontré à Nairobi, Mawussé Hountondji, Directeur exécutif de Jve-Bénin décrypte le rapport du GIEC et relève les difficultés que rencontrent les pays comme le Bénin dans la mobilisation des financements.
Quel regard portez-vous sur le rapport du GIEC lancé lundi dernier sur l’état des lieux du processus de lutte contre le dérèglement climatique ?
Le rapport du GIEC fait ressortir le scénario d’augmentation de la température à 1,5° et un autre scénario de 2°. Aujourd’hui, le scénario de 2° est catastrophique, notamment pour nos pays sous les tropiques, ce qui peut entraîner une augmentation du niveau des eaux de près d’un mètre. Pour un pays comme le Bénin qui est déjà victime de l’érosion Côtière et qui, de par un certain nombre de causes endogènes, subit l’aggravation des effets des changements climatiques, le rapport du GIEC vient tirer la sonnette d’alarme. De toute façon, ils ne disent rien de nouveau. Mais, ils ont fait maintenant des études scientifiques pour confirmer les indicateurs qu’on note depuis une dizaine d’années. Aujourd’hui, il appartient aux climato-sceptiques et à ceux dont les positions font trainer l’évolution du processus de lutte contre le dérèglement climatique de changer de paradigme. On parle de quelque chose que l’on vit déjà. Ce n’est pas futuriste.

Nous avons encore moins de quinze ans pour tenir dans le temps. Que peut changer la Cop 24 qui s’ouvre en décembre prochain ?
Ces réunions, de l’avis de plusieurs, n’ont pas l’impact escompté. Les gens se demandent leur utilité. Malheureusement, nous sommes dans la sphère de la haute diplomatie. Et on ne peut éviter ces réunions. Mais pour la Cop qui vient, il y a un certain nombre d’enjeux clés. C’est la question du financement des actions d’adaptation, d’atténuation, et la cohésion dans les mécanismes financiers de sorte à avoir un guichet unique. Voilà l’un des enjeux. Il faut réfléchir sur comment intégrer les thématiques comme l’agriculture, l’accès à l’eau, etc, au niveau de ces processus. Quand on parle de négociation, beaucoup se demandent ce qu’on négocie. Dans le fond, on négocie de l’argent, après les négociations à la base, qui permettent de situer les responsabilités. Donc, la Cop 24 n’est pas une des plus stratégiques qu’on ait connues. Elle n’est pas celle qui a des enjeux décisifs. Mais elle va permettre de faire avancer un certain nombre de sujets.

Le Bénin dispose depuis environ deux ans de sa Contribution déterminée nationale (CDN) qui regroupe nos ambitions. Mais le véritable problème reste le financement. En tant que spécialiste, que proposez-vous ?
D’abord, la contribution de nos pays mérite d’être révisée. Parce que, à la Cop de Paris, ce mécanisme de négociation qui avait été mis en place permettait à chaque pays de s’engager suivant la trajectoire de 2°. C’est pour cela, que le GIEC nous présente aujourd’hui un scénario pour nous montrer les dangers si on s’en tient aux engagements des pays. La Cop de Paris dit qu’il faut aller vers la limitation à 1,5°. Le Bénin doit aujourd’hui renforcer son engagement par une réécriture de notre contribution déterminée nationale. En ce qui concerne le problème de financement, les mécanismes de financement existants favorisent quelque part les pays du Sud comme le Bénin. Maintenant, c’est encadré par un certain nombre de normes. Lorsqu’ on n’a pas une grande volonté intellectuelle et linguistique, puis politique, vous n’y accéderez pas. Et malheureusement, le Bénin se trouve confronté à ce cas. Que ce soit sur le fonds vert sur le climat ou le fonds pour l’adaptation, nous sommes restés aux programmes de préparation. Nous n’avons pas pu effectivement accéder pour permettre de faire face aux questions des changements climatiques. Il y a d’autres fonds qui continuent d’accompagner le Bénin, mais ce n’est pas suffisant. La dernière fois, les autorités ont fait une revue des ressources qui rentrent dans le pays pour l’adaptation ou l’atténuation, ce n’est pas mal. Mais quelle est la politique du gouvernement pour que chacun ne reste pas de son côté, c’est à dire les Ong de leur côté reçoivent des financements des ministères également. Il faut revoir le mécanisme pour que tout soit bien coordonné et capitalisé.
Propos recueillis par Fulbert ADJIMEHOSSOU
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