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« Statu quo » et « gratuité » des inscriptions dans les universités publiques : L’Unseb et la Fneb grognent, le Dac/Mesrs en rattrapage

Publié le lundi 15 octobre 2018  |  Matin libre
UAC
© aCotonou.com par Didier Assogba
UAC : Campagne électorale rectorale
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Dans son message le 7 octobre dernier, Marie Odile Atanasso, ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique a pensé faire le buzz en annonçant une bonne nouvelle à la communauté universitaire notamment aux étudiants et à leurs parents. Malheureusement, au regard des faits, son concept de « statu quo » quant aux frais d’inscription et de formation, doublé de la forte campagne médiatique sur ‘’la gratuité’’, a semé la confusion et provoqué l’ire de beaucoup d’étudiants. Pour corriger le tir, son directeur adjoint de cabinet, Josué Azandégbé, a dû faire le tour de plusieurs radios. Voici le dossier de la Rédaction sur la question.

La Rédaction a essayé de tendre son enregistreur à certains étudiants et responsables d’étudiants au sujet de la décision. Il se sont prononcés, mais outre cela, il y a la réaction de l’Unseb et du Dac de la ministre de l’Enseignement supérieur. Lisez plutôt.

Gaccia Hossou, étudiante en troisième année de Droit :

« La décision du gouvernement de maintenir le statu quo sur les droits d’inscription et de formation dans les universités publiques du Bénin me réjouit un peu. Il a été bien mentionné dans cette décision «le compte de l’année académique 2018-2019 ». Cela stipule que le sort des années à venir n’est pas encore connu. Si c’est ainsi, je constate alors que la question de la gratuité des frais d’inscription et de formation dans les universités publiques, n’est pas encore définitivement résolue. Pour ma part, cela constitue un piège, puisque les joutes électorales sont proches. Notre gouvernement est dans une politique de rapprochement et une décision du genre ne démontre pas réellement qu’il tient à cœur, les problèmes que nous vivons sur le campus ».

Romain Adounvo, bachelier :

C’est une décision qui ne me rassure pas à la longue. Puisque j’ai ouïe dire, il y a quelques jours, que les inscriptions s’élèvent désormais à 25.000 Fcfa. D’autres parlaient même de 100.000 à 150.000 Fcfa, ce qui me faisait vachement peur car en l’état, je ne pouvais pas trouver tout cet argent, pour m’inscrire. La décision ne me rassure pas à la longue car d’après ce qu’ils ont dit, elle prend en compte cette année seulement. Si je m’inscris gratuitement cette année académique, que vais-je espérer l’année prochaine ? S’ils reviennent nous demander les 120.000 ou 150.000 Fcfa comme frais d’inscription, je fais comment ? Franchement, nous voulons une solution définitive ».



Junias Hounguè, étudiant en deuxième année de Physique-chimie :

« Par cette décision, je comprends que rien n’a changé. Par rapport à cette décision, c’est que je suis satisfait, mais… Déjà, ça me donnait la peur au ventre de payer 100.000 à 125.000 Fcfa sachant qu’on n’arrivait pas à bien manger, à cause de la pauvreté qui règne dans le pays. J’espère en tant qu’étudiant, que le statu quo sur les frais d’inscription et de formation demeure, jusqu’à la fin du mandat du Président Patrice Talon ».

Elodie Kponou, étudiante en première année de Linguistique :

« Par cette décision, c’est que je ne vais rien payer cette année, si je passe. C’est une bonne décision et c’est d’ailleurs ce que nous voulons, de la part du gouvernement. Si non, il y aurait pu avoir beaucoup des abandons puisque, tous les étudiants n’ont pas de moyens ».

Alain Nouho, Président de l’Union nationale des étudiants du Bénin (Uneb) :

« (…) je ne peux pas comprendre ce qui a poussé notre Ministre de tutelle, à ne pas dire la vérité à l’opinion publique. Si non en réalité, il ne s’agissait pas d’une gratuité, prônée par la Ministre, et surtout ventilée dans certains médias. Il s’agissait seulement de la ruse si non jusqu’à nouvel ordre, l’étudiant Béninois bénéficiaire d’une allocation universitaire paye 15.000 Fcfa. Celui qui reprend une année aussi paye 15.000 Fcfa. Les étudiants fonctionnaires payent au moins 40.000 Fcfa. Ceux qui ne payent rien sont les nouveaux bacheliers non boursiers et non secourus, et également les étudiants qui passent régulièrement. Mais quand on se lève de go en clamant la gratuité de tout sur le campus, c’est faire économie de vérité. C’est une sortie ratée qu’elle a faite, osons le dire. Je m’attendais par exemple qu’elle nous dise qu’à partir de cette année, les frais de formation dans les écoles et pour le master et doctorat, sont revus à la baisse, comme dans des pays de la sous-région. Avec 200.000 Fcfa, vous pouvez déjà vous inscrire en master dans ces pays. Mais chez nous, il te faut 600.000 à 700.000 Fcfa. Or ces pays ne sont pas pour autant, plus riches que nous. Ça voudra dire que la bonne volonté du gouvernement pour accompagner l’étudiant Béninois est carrément absente. Si tant est qu’ils veulent faire réellement du social, qu’est-ce qui les empêche de laisser les étudiants qui ont une moyenne leur permettant d’être allocataires, de bénéficier de leurs allocations ? Puisqu’ils ont tout phagocyté avec leur affaire de quota où avec une moyenne de 11 désormais, l’étudiant peut ne plus être secouru par exemple. Qu’est ce qui les empêche de supprimer ces dispositions ? Jusqu’à présent, on ne sait même pas sur quels critères ils sélectionnent désormais les allocataires. Laissez-moi simplement-vous dire qu’ils font du surplace ».

Alimi Gounou, Président de la Fédération nationale des étudiants du Bénin (Fneb) :

« Nous avons noté une petite déception car pour nous, la Ministre a une fois encore raté l’occasion de vider ce dossier. Depuis plus d’un an, la Fneb lui a adressé une correspondance, pour souhaiter l’instauration d’un débat de fond sur la question mais à ce jour, nous avons observé un silence de sa part. Dans le souci d’avoir une année apaisée, la Fneb, en date du 17 septembre, a adressée à la Ministre Marie Odile Atanaso de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, une lettre ouverte pour souhaiter qu’elle rencontre les acteurs de la communauté universitaire. Nous avons fait allusion aux Syndicats des Universités Publiques et à toutes les Organisations estudiantines les plus représentatives. Cette rencontre d’après nous, permettra d’aborder avant la rentrée, toutes les questions qui fâchent. En lieu et place de la rencontre, la Ministre a choisit s’adresser à cette communauté, par un message. Cette attitude suscite à notre niveau des inquiétudes: la Ministre ne serait-elle pas hostile aux acteurs qu’elle a, à charge? Un message suffit-il pour dissiper les craintes que la communauté universitaire a, au sujet des réformes annoncées sans y être associée? Nous sommes un peu confus. Sur la question, elle évoque le statu quo mais dans le même temps, le 23 août, elle a saisit les Recteurs par un courrier qui a pour objet: ‘’nouvelle mesure relative aux inscriptions dans les Universités nationales du Bénin’’. Dans cette correspondance, l’autorité Ministérielle informe les Recteurs de l’abrogation du décret n°2008-802 du 31 décembre 2008, portant prise en charge des frais d’inscription des étudiants béninois non boursiers, non secourus et non salariés. Quand on se réfère aux dispositions et à l’esprit de ce décret, l’inscription n’est même pas gratuite, mais la communication qui se fait autour de la sortie de l’autorité fait croire à l’opinion publique qu’elle est gratuite. Certains évoquent même la gratuité de l’enseignement supérieur. A cette allure, les parents pourraient taxer leurs enfants de vouloir les escroquer lorsque, en cas de besoin, les apprenants demanderont à leurs géniteurs les frais pour s’inscrire ».

Wenceslas A. DEGLA, Président de la Fédération Nationale des Étudiants de l’Université de Parakou. (FNEUP)

Ce qu’a fait le gouvernement peut s’analyser comme un recul de sa part. Le gouvernement a esquivé un tollé au début de cette rentrée universitaire, parce que les uns et les autres se préparaient et attendaient la décision du gouvernement afin d’orienter la lutte.

Dans un second temps, c’est un sentiment de joie et de satisfaction qui m’anime. Car nous ne sommes pas souvent heureux quand les cours sont troublés. Nous ne sommes pas toujours contents d’aller en mouvement pour revendiquer. Mais, il y a une petite précision. Le statu quo est pour l’année universitaire 2018-2019, ce qui veut dire que le débat risque de résurgir l’année prochaine. C’est le moment de demander au gouvernement de prendre ses responsabilités pour que nous sachions à quoi nous en tenir. On a l’impression qu’il s’agit d’une pause. Je voudrais préciser que nous ne sommes pas pour la gratuité totale des inscriptions. Tout ce que nous demandons est que les coûts soient raisonnables et à la portée de la bourse du béninois lambda afin que tous les fils et filles du Bénin puissent avoir accès aux études universitaires.

Mohamed KORA, ancien étudiant de la faculté de droit de l’Université de Parakou

Il faut que le gouvernement tienne compte du pouvoir d’achat des citoyens avant la prise de toute décision. C’est un repli tactique de l’exécutif et c’est heureux qu’il ait décidé du statu quo, sinon si ce qui était annoncé était maintenu, beaucoup de béninois aux revenus modestes seront primés des études universitaires. Ce qui n’est pas bien. Le gouvernement doit aller sur le terrain des mesures sociales pour soulager les populations. Je pense que les étudiants à travers leur organisation à caractère syndical ne doivent pas croiser les bras.

Hedosline Azon, étudiante en 2ème d’Anglais à la Flash UP

Le gouvernement a vu juste en décidant du statu quo pour cette rentrée, car c’est une décision qui nous a surpris à quelques jours de la rentrée. Si les frais doivent être augmentés l’année prochaine, que le gouvernement discute avec tous les acteurs et que le coût soit fixé tôt pour que nous sachions à quoi nous en tenir pour la rentrée prochaine.



Propos recueillis par Janvier Gbedo (Stag)
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