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Edito: Tous sont en exil

Publié le jeudi 25 octobre 2018  |  L`événement Précis
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© aCotonou.com par DR
Les ministres de Yayi poursuivie par le Président Talon Aboubakar Yaya, Valentin Djènontin, Simplice Codjo et Madame Fatoumata Amadou Djibril et de Monsieur Komi Koutch
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Il y a quelques mois, lorsque je disais à cor et à cri que l’opposition béninoise était en train de s’enterrer, je passais à la limite pour un pro-Talon qui ne prêche que pour sa paroisse. Où en sommes-nous aujourd’hui ? Tous ceux qui se sont battus à coups de marches, de grèves, de conférences de presses et autres déclarations tapageuses pour empêcher la révision de la constitution, se rendent bien compte maintenant qu’ils se sont bien fait avoir par leur propre aveuglement.

Une bonne partie des opposants les plus en vue n’ont trouvé le salut que dans un exil plus ou moins forcé qu’ils auraient pu éviter en ne s’opposant pas systématiquement à tout.

Que devient Valentin Agossou Djènontin ? Aux dernières nouvelles, lui qui avait juré tenir ferme face à la « dictature Talon » est finalement annoncé pour être en France d’où il distille sa haine pastorale contre le Chef de l’Etat. Il faut même le comprendre. En dehors du dossier Sonapra pour lequel son immunité a été levée, il y a le flagrant délit pour lequel son beau-frère est actuellement en prison, étant tombé sous le coup de la loi sur le numérique. En attendant le procès, plusieurs observateurs notent que les chances sont faibles que le député échappe objectivement à la prison, le flagrant délit étant presque entièrement consommé sur ce coup.

Que devient Sébastien Ajavon ? Aux dernières nouvelles, il a sollicité un asile politique dans l’hexagone, excipant du harcèlement dont il serait victime. Mais concrètement, qui voit encore l’avenir d’Ajavon à la Marina ? Même si ses affaires ne chutent pas, le seul fait d’avoir été condamné par défaut, est un facteur aggravant devant la Cour Suprême statuant en dernier ressort. Si les avocats de l’homme d’affaires doivent lui dire la vérité, ils lui diront que sa cause a peu de chances d’aboutir pour la seule raison qu’il s’est volontairement abstenu de se présenter à l’audience. A moins d’un revirement spectaculaire, le sort de Sébastien Ajavon se trouve entre les mains de Patrice Talon qui, seul, peut lui accorder la grâce présidentielle en cas de condamnation définitive. Cette condamnation définitive est rédhibitoire pour être candidat en 2021.

Que devient Léhady Soglo ? Il faut croire que l’ancien maire de Cotonou, en exil lui aussi en France, a encore un destin politique. Son parti, la RB, est déchiqueté, en attendant que la justice en décide autrement. Mais même s’il arrive qu’il ait raison, je vois mal comment il pourrait revenir à Cotonou, sans risquer les foudres du pouvoir. Les dossiers contre lui n’ont pas encore été ouverts, avant qu’il ne s’en aille dare-dare. Quand la tentation lui prendra de se pointer aux frontières…

Komi Koutché. L’ancien ministre des finances a les ressources intellectuelles et la solidité politique nécessaire pour résister à la bourrasque Talon. Mais il sait que la machine judiciaire qui s’est déjà mise en branle à son encontre ne le ratera pas s’il se hasarde à revenir au pays. Observez bien que Komi Koutché peut se faire élire député, sans être obligé de se déplacer sur le terrain. Il est pratiquement le seul parmi les opposants, à garder une prééminence certaine au sein de sa base. Mais le problème est celui-ci : il reste une proie facile à l’exécutif. Son absence du territoire et l’impossibilité pour lui d’opérer depuis le Togo constituent des facteurs de fragilité. Le régime Talon fait montre d’une solidité stratégique qui tranche largement avec les louvoiements de l’époque Yayi. C’est dire…

L’on se rend compte que ces opposants se sont contraints à l’exil, à force de se complaire dans une opposition radicale. Cet extrémisme a obligé Talon à envisagé les avantages d’un second mandat. Il avait promis et juré, à cor et à cri, à temps et à contretemps, qu’il ne voulait pas d’un second mandat. Il fallait l’aider à concrétiser sa promesse, en adoptant la révision constitutionnelle, quitte à la modifier plus tard. En jetant le bébé avec l’eau du bain, on oblige Talon à briguer un second mandat, alors qu’on avait la possibilité de le prendre au mot pour l’amener à faire un seul mandat.

Les opposants irréductibles doivent s’en mordre le doigt aujourd’hui: ils ne peuvent plus rien alors qu’ils pouvaient tout.

Par Olivier ALLOCHEME
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