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Léonce Houngbadji sur Africa N 1 sur "La saison des exilés" : " Malgré les purges au sein de l’opposition, nous ne laisserons pas le Bénin être abîmé, mourir dans nos bras, voir ses libertés mises en cause et son État de droit saccagé"

Publié le jeudi 1 novembre 2018  |  aCotonou.com
Léonce
© aCotonou.com par Didier ASSOGBA
Léonce HOUNGBADJI, Président du Parti pour la Libération du Peuple (PLP) lors de la Conférence de presse du Front pour le Sursaut Patriotique FSP.
Cotonou, Codiam le 25 Août 2017. Le Front pour le Sursaut Patriotique invite le president Patrice Talon a un dialogue politique national pour réorienter la gouvernance du Bénin pour un développement harmonieux.
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"La saison des exilés". Voilà le thème central de l'émission "Le Grand Débat" sur Africa N 1, ce mercredi 31 octobre 2018, en direct de Paris, en France. Le président du Parti pour la Libération du Peuple (PLP), Léonce Houngbadji, en exil en France depuis le 20 octobre 2018, et le président du parti Alternative Citoyenne, Rock David Gnahoui, proche du pouvoir. Voilà les deux responsables politiques qui ont accepté l'invitation de Francis Laloupo. Le troisième invité, un autre défenseur du régime, s'est désisté à la dernière minute, fuyant ainsi le face-à-face avec Léonce Houngbadji. Même la direction de la communication gouvernementale n'a pas eu le courage d'envoyer un représentant. Houngbadji s'est donc retrouvé face à un Gnahoui en panne d'arguments et totalement déconnecté des réalités du pays.


Voici un extrait des déclarations de Léonce Houngbadji sur Africa N 1


"...Au cours d'un entretien à la télévision nationale du Bénin, le chef de l’Etat a affirmé ceci : " Ce n'est pas le bilan d'un président qui le fait réélire, mais la façon dont il tient les grands électeurs". Pour lui, que le bilan du président soit négatif, catastrophique, désastreux, s'il parvient à soumettre les grands électeurs et empêcher la compétition électorale, alors il sera réélu très facilement. Voilà le programme d'actions de Patrice Talon : soumettre les grands électeurs et empêcher la compétition dans tous les domaines, en politique comme dans les affaires.

Les grands électeurs, pour Talon, ce sont les maires, les députés, les hommes d'affaires, les journalistes, les acteurs de la société civile, les leaders d'opinions, les anciens ministres... Trente mois ont suffi à Patrice Talon pour atteindre ses objectifs égoïstes.

Tous les maires qui ne l'avaient pas soutenu lors de l'élection présidentielle ont été destitués (Allada, Ouidah, Parakou...), d'autres suspendus (Cotonou). Vous êtes au courant du cas du maire légitime de Cotonou, Léhady Soglo, suspendu et poussé à l’exil, après avoir échappé à un enlèvement orchestré par le pouvoir à son domicile à Cotonou, alors même que tous les rapports des audits ciblés réalisés n'ont rien reproché à sa gestion à la tête de la ville de Cotonou. Plus est, son passeport a été annulé. Acharnement maladif.

En ce qui concerne les députés, l'Assemblée nationale est transformée en une chambre d'enregistrement du gouvernement, c'est le prolongement de l'exécutif. 60 à 63 députés sur 83 sont dressés comme des chiens et votent les lois liberticides et scélérates contre le peuple les yeux fermés. Des députés godillots, aux ordres comme des majordomes de palais. Patrice Talon tient le parlement avec la complicité active de son premier responsable, Adrien Houngbédji.

Certains anciens ministres sont gênants pour le régime parce qu'ils ont refusé de faire allégeance à un système mafieux qui vide le Bénin de ses ressources et qui affame le peuple. D'où les persécutions. Komi Koutché, Valentin Djènontin, Simplice Codjo, Fatouma Amadou Djibril, Aboubacar Yaya et bien d'autres anciens responsables (le député Idrissou Bako, par exemple) subissent une cabale permanente. Puisqu'il fallait les accuser de la rage pour vite les égorger, des dossiers saugrenus et vides sont créés de toutes pièces contre eux. Komi Koutché, Valentin Djènontin, Simplice Codjo et Fatouma Amadou Djibril sont en exil. Des instructions fermes ont été données à la police pour procéder à l'arrestation de certains parmi eux à l'aéroport ou aux frontières dont le député Valentin Djènontin, ancien ministre de la justice. Concernant Komi Koutché, la persécution aveugle a atteint le sommet de la pyramide. Son passeport a été carrément annulé. Le pouvoir lui demande de se présenter à la justice et au même moment il annule son passeport. Mais comment va-t-il voyager ? Vous comprenez aisément que la manoeuvre est de le contraindre à l'exil pour empêcher la compétition électorale.

Vous avez aussi la presse, le quatrième pouvoir. Plusieurs médias libres sont fermés ou suspendus, une attaque réelle contre la démocratie. Le dernier exemple, c'est le journal La Nouvelle Tribune, suspendu jusqu'à nouvel ordre par la Haac (Haute autorité de l'audiovisuel et de la communication) pour outrage au chef de l’Etat, celui-là même qui méprise son peuple. Saisie, la justice aux ordres s'est déclarée incompétente.

La société civile, elle, n'en parlons pas. Tous ces animateurs qui criaient sous l'ancien régime ont été casés, promus, remerciés pour services rendus. Ils ont donné leur langue au chat. Silence radio. Pendant ce temps, les partis politiques traditionnels sont désarticulés, affaiblis ou détruits : RB (Renaissance du Bénin), PSD (Parti Social Démocrate) et FCBE (Forces Cauris pour un Bénin Émergent).

Les hommes d'affaires, quant à eux, sont également dans le collimateur du pouvoir. Martin Rodriguez a vu ses biens saisis et bradés, son hôtel et ses usines d'égrenage de coton. Lui-même se trouve en exil, contraint de vivre hors de chez lui.

Le dernier exemple palpable concerne le président Sébastien Ajavon dont les voix au second tour de la présidentielle ont permis à Patrice Talon d'être élu président de la République. Cet opérateur économique patriote, président du patronat du Bénin, est également sur la liste noire. De la drogue a été mise dans l'un de ses containers au port de Cotonou. Il a été arbitrairement gardé à vue pendant huit jours. La justice l'a blanchi. Mais puisque le pouvoir cherche à tout prix à l'affaiblir économiquement, financièrement et politiquement, il met la cour d'exception créée spécialement pour les opposants à ses trousses. Une affaire déjà jugée refait surface et la justice politique de Talon le condamne à 20 ans de prison ferme, ses avocats empêchés de s'exprimer à ce procès de la honte. Avez-vous vu ça dans un pays normal ? Je ne crois pas. Cela se passe au Bénin, au 21ème siècle.

Pour ce qui me concerne, le plan que j'ai réussi à déjouer visait à m'enlever à mon domicile dans les mêmes conditions que le camarade Sabi Sira Korogoné, actuellement en prison pour ses opinions. Je gêne le pouvoir. Mes activités politiques dérangent. Je donne l'insomnie au gouvernement au plan national et international. Les dictateurs n'aiment pas qu'on les marque à la culotte.

En réalité, nous avons en face de nous des terroristes politiques qui utilisent des méthodes de voyous pour faire régner la terreur dans le pays. Patrice Talon s'est entouré de gens qui nous disent eux-mêmes qu'ils sont persécutés et qu'il faut le combattre. Certains de ses ministres, députés et proches collaborateurs nous parlent. Ils ont peur pour leur sécurité lorsqu'ils voient que la sécurité du président de la République est assurée par des Rwandais, lorsqu'ils sont aussi convaincus que le président homme d'affaires avait effectivement tenté de tuer son prédécesseur, Boni Yayi, par un empoisonnement.

Le député Atao Hinnouho se trouve actuellement dans un état très critique à la prison civile de Cotonou, jeté en prison sans la levée de son immunité parlementaire. Il avait été molesté dans les locaux du tribunal de Cotonou et empoisonné. Nous demandons aux organisations internationales de défense des droits de l'homme d'aller enquêter, de rendre visite aux prisonniers politiques pour voir comment ils sont traités.

Voilà comment Patrice Talon organise la purge en notre sein. L'objectif est clair : nous réduire au silence et nous empêcher de compétir, afin de poursuivre sereinement le pillage systématique des ressources publiques, tous les secteurs économiques sont dans ses mains. Il contrôle tout : le port, l'aéroport, les transports, le coton, la filière acajou...

Il n'y a plus de démocratie au Bénin. L’Etat de droit n'existe plus. Les magistrats eux-mêmes appellent au secours. Ils disent être persécutés aussi, qu'ils ne sont plus libres d'exercer leur métier. L'Union nationale des magistrats du Bénin a organisé récemment une conférence de presse pour rappeler la vassalisation de la justice. Elle a même critiqué la cour de répression créée pour les opposants. Lorsque les acteurs du secteur eux-mêmes expriment ces appréhensions, vous voyez que nous avons raison de parler de justice inique.

Malgré les purges au sein de l'opposition, nous ne laisserons pas le Bénin être abîmé, mourir dans nos bras, voir ses libertés mises en cause et son État de droit saccagé. C'est le combat d'une vie. Et nous le mènerons ensemble. Il y va de notre survie, celles des générations futures et de l'existence même de la nation béninoise. A cette guerre d'asservissement du peuple qui nous est imposée par le dictateur, nous allons lui opposer des actions citoyennes et démocratiques conséquentes.

Déjà, nous exigeons au niveau de l'opposition, la libération immédiate et sans condition de tous les prisonniers politiques, le retour des exilés politiques, l'arrêt des persécutions des opposants, le retrait sans délai du code électoral et de la charte des partis politiques, l'audit international indépendant de la liste électorale et le dialogue national pour asseoir les bases d'une meilleure gouvernance..."
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