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Réformes dans le secteur santé: Les dénonciations du Collectif des praticiens hospitaliers

Publié le mardi 13 novembre 2018  |  L`événement Précis
Benjamin
© aCotonou.com par DR
Benjamin Hounkpatin, ministre de la Santé
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Les militants et militantes du Collectif des praticiens hospitaliers (Cph) ne sont pas contents de la situation sanitaire et ils ont tenu à le faire savoir au ministre de la santé, Benjamin Hounkpatin à travers une lettre ouverte. Dans ladite lettre en date du 26 octobre 2018, le Cph n’est pas allé de main morte pour dire au ministre ce qu’il pense notamment de cette situation, mais aussi de la mise en œuvre des mesures d’accompagnement promises par le gouvernement. Dénonçant la «mise en œuvre forcée » du décret du 25 juillet 2018 au sujet de l’exercice en clientèle privée des professions médicales et paramédicales par un agent public fonctionnaire ou contractuel, le Cph accuse le ministre d’avoir « installé une situation de non-soins aggravant l’état de santé déjà précaire » des Béninois. Lire l’intégralité de la lettre.
Lettre ouverte à monsieur le Ministre de la santé

Monsieur le Ministre,

Les militants et militantes du Collectif des Praticiens Hospitaliers (CPH) se sont réunis en Assemblée Générale (AG) extraordinaire le vendredi 26 octobre 2018 pour examiner d’une part la situation sanitaire de notre pays et d’autre part la mise en œuvre des mesures dites d’accompagnement promises à cor et à cris par vous et le Gouvernement auquel vous appartenez.
Par la mise en œuvre forcée du décret portant suspension de délivrance d’autorisation et révocation d’autorisation pour l’exercice en clientèle privée des professions médicales et paramédicales par un agent public fonctionnaire ou contractuel pris en Conseil des Ministres le 25 juillet 2018, vous avez achevé de désarticuler le système de santé de notre pays. Ainsi sans aucune préparation préalable, à coups de coercitions et de déclarations largement relayées par la presse qui vous est acquise, vous avez installé, une situation de non-soins aggravant l’état de santé déjà précaire de nos concitoyens.
Monsieur le Ministre, quelles actions vous, votre cabinet, et le Gouvernement auquel vous appartenez, avez-vous entreprises depuis le 1er septembre 2018, pour augmenter les capacités d’accueil dans nos hôpitaux? Quelles améliorations substantielles avez-vous apportées pour faciliter l’accès aux soins dans notre pays? Au contraire, dans une fougue digne d’un néophyte (que vous n’êtes pourtant pas), vous avez détruit l’existant, isolant ainsi nos concitoyens du secours médical, vous avez abandonné les demandeurs de soins à leur propre sort. Pour vos confrères et collaborateurs qui dispensent des soins au péril de leur santé et de leurs vies, vous vous êtes transformé en bourreau, jamais connu de mémoire d’hommes. Les professionnels de la santé sont devenus pour vous et vos commanditaires, des proies à abattre à tout prix. A coup de déclarations et de menaces, vous avez restreint non seulement leur liberté d’aller et de venir mais aussi créé un nouveau délit, celui de soigner en dehors de l’hôpital public. Combien en avez-vous fait déférer devant les tribunaux? Par vos actions, vous avez instauré le découragement chez les professionnels de la santé dont la plupart n’a plus le cœur à l’ouvrage.
L’Assemblée Générale réitère son opposition et rejette cette méthode de gouvernance, basée sur la coercition, les menaces et digne d’un âge révolu. Elle vous rend responsables, le Gouvernement et vous-même, de ce coup de grâce porté à un système de santé qui avait besoin d’être réorganisé et non d’être démantelé.
Monsieur le Ministre, tout le monde et surtout celui qui est investi de la puissance publique, peut donner un coup de pied dans la fourmilière, mais là où l’on attend le dirigeant, c’est moins à ce niveau, c’est plus dans sa capacité à prendre des mesures correctrices. Et malheureusement, l’Assemblée Générale a été déçue par votre incapacité à prendre des initiatives dans ce sens, vous avez raté l’occasion de marquer positivement l’histoire et relever le défi de toute une génération.
Les mesures d’accompagnement que vous proposez sont-elles à la hauteur? Vous et le Gouvernement auquel vous appartenez, avez pensez après la casse du siècle contre notre système de santé, qu’il fallait juste jeter quelques miettes aux professionnels de la santé pour parler de mesures d’accompagnement.
Ces mesures à l’endroit de tous les agents du secteur de la santé ont été évoquées d’abord par le Président de la République puis par le ministre de la santé que vous êtes. C’est dans cette optique que vous avez évoqué la caducité de l’arrêté N°174/MS/DC/SGM/DRFM/SA portant indemnisation des gardes, astreintes, consultations et actes dans les hôpitaux, et qu’il urge d’élaborer un autre arrêté plus raisonnable.
Pour y parvenir vous aviez initié plusieurs réunions d’abord avec le personnel du ministère de la santé et les partenaires sociaux y compris le CPH puis deux rencontres interministérielles dont la dernière s’est tenue du 01 au 05 octobre 2018 à Abomey.
Cette dernière était consacrée à la validation du décret Portant Organisation et Allocation d’Indemnité des gardes, astreintes et Heures supplémentaires dans les formations sanitaires publiques.
Des propositions pertinentes ont été faites pour permettre d’assurer la continuité des soins dans toutes nos formations sanitaires publiques. Aussitôt après la validation dudit projet de décret, il nous est revenu que le document élaboré par consensus à Abomey aurait été modifié sans informer les différents cadres alors qu’il s’agissait d’un document validé. Nous en étions là quand votre cabinet a organisé d’autres rencontres avec certains directeurs d’hôpitaux à qui ont été remis des documents comportant des pourcentages incroyables et injurieux à appliquer aux différents actes exécutés par les agents de santé. Il leur a été demandé de procéder à des estimations du coût des ristournes sur acte de même que pour les gardes et astreintes.
Ces documents remis aux différents directeurs qui ont commencé par sensibiliser certains agents de santé sur son application sont différents des propositions contenues dans celui validé à Abomey.
Lesdits documents dont le contenu est humiliant et dégradant sont rejetés en bloc par l’Assemblée Générale. Il s’agit d’une régression sociale inacceptable par rapport à l’arrêté N°174/MS/DC/SGM/DRFM/SA que vous avez annoncé comme suspendu sans qu’aucun acte administratif réglementaire puisse sanctionner cette suspension. Les praticiens hospitaliers toutes catégories confondues dénoncent avec la dernière vigueur la manière dont vous gérez ce dossier d’indemnisation des gardes et astreintes dans nos formations sanitaires. Ils rappellent que l’indemnisation des gardes et astreintes ne saurait être considérée comme mesure d’accompagnement.
Il est inadmissible que vous vous basiez sur un soit disant audit pour annuler théoriquement l’arrêté N°174/MS/DC/SGM/DRFM/SA alors que vous n’avez pas encore élaboré quelque chose de mieux.
Sur la base de cette annulation théorique sans aucune base juridique, vous interdisez aux directeurs de payer les arriérés de primes de gardes et les ristournes sur acte. L’assemblée Générale dénonce, ce refus injustifié de payer les arriérés qui sont des dettes vis-à-vis des praticiens. Ce comportement s’apparente ni plus ni moins à de l’escroquerie administrative que vous érigez en méthode de gouvernance.
Il urge que vous pensiez à de réelles mesures d’accompagnement afin d’améliorer la qualité des soins pour nos populations et d’encourager les agents de santé que vous avez maintenu dans une précarité hors norme depuis deux mois.
Le CPH, reste ouvert à toute discussion franche pour sauver l’hôpital public comme il l’a fait par le passé.
Le CPH se réserve le droit de prendre les mesures idoines au cas où le Gouvernement s’entêterait à mettre en application un arrêté ou un décret qui ne prendra pas en compte les intérêts de ses militants.
Veuillez croire Monsieur le Ministre, l’expression de notre franche collaboration.

Fait à Cotonou le 26 octobre 2018

L’Assemblée Générale
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