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Colloque international pluridisciplinaire à l’Uac: Des chercheurs contribuent aux débats sur la maladie et la guérison en Afrique

Publié le mercredi 5 decembre 2018  |  L`événement Précis
Bénin
© Autre presse par DR
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Le campus de l’Université d’Abomey-Calavi (Uac) a abrité les 03 et 04 décembre, l’un des grands colloques internationaux de 2018. Il s’agit du Colloque International pluridisciplinaire placé sous le thème intitulé : « Sociétés, maladies, ethnomédecine et guérison en Afrique ». Co-organisé par la Faculté des sciences humaines et sociales (Fashs) de l’Uac et l’Ecole nationale d’administration et magistrature (Enam), avec le soutien de l’Université d’Abomey-Calavi et la Fondation Ahr, il a démarré lundi dans l’amphithéâtre de l’Enam par une cérémonie officielle à laquelle ont pris part, plusieurs autorités à divers niveaux. Ayant réuni des chercheurs venus de la sous-région, il a permis au comité d’organisation et au comité scientifique de cette messe scientifique, de situer l’assistance sur le contexte et les objectifs de ce rendez-vous du savoir.
Selon le professeur Albert Nouhouayi, président du comité scientifique du colloque, le conclave de Cotonou vise entre autres, à élaborer une nomenclature des formes de maladies entrant dans le cadre de l’ethnomédecine, à partir d’études de cas et des témoignages, pour la production des connaissances scientifiques empiriques sur les maladies et rites de guérison. Mieux, il permettra, selon le professeur Nouhouayi, d’éclairer les concepts de maladie, de santé, de thérapie et de culture, en fonction des «mondes africains », fortement enrichis par des retours d’expériences propres, venant de l’évolution récente de l’ethnomédecine en Afrique. Au nom de l’Uac, le vice-recteur chargé des affaires académiques, Pr Marcel Zannou, représentant le recteur empêché, a fait un état des lieux de la situation. A l’en croire, « aujourd’hui, plus de 80% de la population africaine recourent toujours à l’ethnomédecine pour les besoins en soins de santé ». Or, malgré son caractère ancestral, poursuit-il, la médecine traditionnelle n’est pas encore intégrale dans les systèmes nationaux de santé alors même que des insuffisances de la médecine moderne en milieu africain sont de plus en plus relevées. Une situation qu’il dit être, renforcée par un vaste courant d’opinion très critique, voire sceptique, dans les pays industrialisés, vis-à-vis des pratiques de la médecine moderne qui semble se limiter à des preuves objectives. « Chercheurs que nous sommes, nous ne pourrons rester en marge de cette révolution. Nous devrons apporter notre pierre à l’édifice par des contributions originales provenant des sciences humaines et sociales, voire des sciences biomédicales » a-t-il conclu.
La qualité sociale de la thématique a poussé la Fondation Ahr, de Nathanaël Koty, à appuyer l’initiative. Pour sa part de responsabilité dans cette rencontre, il voit l’urgence d’encourager les chercheurs aussi bien dans la médecine traditionnelle que moderne à travailler à l’amélioration de la santé des populations. Des objectifs qui répondent à sa vision et aux idéaux que prône l’Ahr, notamment, le bien-être social et la valorisation des savoirs endogènes. C’est pourquoi, la vice doyenne de la Faculté des sciences humaines et sociales (Fashs) de l’Uac, Dr Monique Ouassa Kouaro, a relevé l’intérêt pour les acteurs et les participants d’avoir une meilleure compréhension des concepts. Pour elle, ce colloque est l’occasion d’avoir une meilleure compréhension des nouvelles tendances dans la recherche sur les maladies à travers l’ethnomédecine ainsi que les rites de guérison et d’explorer des pistes de recherches pouvant permettre de renforcer et d’améliorer dans le temps, les systèmes de soins en Afrique. L’Ecole nationale d’administration et magistrature (Enam), où se tiennent les assises, a salué, à travers son directeur adjoint, le professeur Edouard Aho, le caractère pluridisciplinaire du colloque face aux besoins de l’heure pour accompagner les populations dans leur survie sanitaire. Il a reconnu l’importance que revêt l’évolution des connaissances en matière de médecine non conventionnelle ou médecine traditionnelle en Afrique. Il a convié les participants à plus d’ardeur au cours des deux jours de travaux afin de trouver des résolutions qui permettront aux médecins généralistes ou spécialistes associant les ethnosciences dans leurs pratiques quotidiennes, de construire un nouveau paradigme de l’approche de la santé et de la maladie dans le cadre des politiques publiques en Afrique. Au terme des allocutions, le président du comité scientifique, le professeur Nouhouayi, a présenté la conférence inaugurale du colloque, suivi d’un débat. Les échanges se sont poursuivis dans les ateliers où plusieurs communications ont été présentées sur la thématique. Le colloque a pris fin hier, mardi 4 décembre, sur une note de satisfaction des enseignants chercheurs et des participants.

L’appel d’Abomey-Calavi !

Les rideaux sont tombés sur les assises de Cotonou, avec de forts engagements pour un bon départ. La recommandation majeure issue de ce colloque international pluridisciplinaire est ce qu’on pourrait appeler ‘’l’Appel d’Abomey-Calavi ‘’. Car, au terme des échanges qui ont duré 48 heures, à l’Uac, la communauté scientifique a pris des résolutions de faire des colloques tournants. Ainsi, l’Uac est considérée comme ayant donné le déclic de la grande campagne qui s’annonce pour la révolution. L’intérêt pour les participants, est de permettre de susciter chez les chercheurs l’intérêt des pratiques de soins et de guérison, non pas pour entrer en concurrence avec la médecine moderne, mais pour accompagner « la médecine moderne qui a des insuffisances connues par l’Oms». Sans fausse modestie, il va falloir retenir que la préoccupation qui a réuni à l’Uac, les chercheurs de la sous-région, est effectivement d’une importance capitale pour la recherchée scientifique en Afrique. Dans un contexte où la médecine traditionnelle est considérée en Afrique comme l’ensemble des pratiques, mesures, ingrédients, interventions de tous genres, ou tout autre procédé qui permet à l’africain de se prémunir contre une maladie organique ou psychosomatique, voire de soulager ses souffrances et de se guérir, il s’impose des solutions idoines devant sortir l’Afrique de la crise sanitaire. Le Bénin vient de donner un signal fort. Les organisateurs ont fait la promesse ferme de publier les actes du colloque, à la grande satisfaction des participants, fiers d’avoir fait le déplacement de Cotonou.

Ils ont dit

Professeur Albert Nouhouayi, président du comité scientifique du colloque
«Il est question de découvrir certaines plantes qui ont perdu leur vertu »
« Je trouve que ce colloque a été d’un intérêt particulier. En perspective, un colloque intéressant au regard de la thématique même qui est fécond en instruction, en informations et en motivation. Il s’agit de nous motiver davantage à faire de la recherche en général, non pas seulement sur les plans moderne et scientifique, mais aussi sur le plan traditionnel. Il est revenu de constater que certaines plantes qui ont perdu de leur vertus et il s’agit de les découvrir…..».

Dr N’do Jérôme Kpatta, articipant
« En Côte-d’Ivoire, il y a un ministère pour la valorisation de la médecine traditionnelle »
« La thématique a été passionnante et intéressante. C’est pourquoi, je félicite les organisateurs d’avoir su penser et construire un tel sujet, parce que je pense que c’est vraiment une piste de solutions aux problèmes de santé aux populations africaines. Voyez-vous ? La médecine officielle peine à trouver de solution à nos problèmes de santé. Est- ce qu’il faut recourir à nos valeurs, savoirs locaux pour peut-être aider les populations. Le colloque a effectivement donné des pistes en favorisant la rencontre de plusieurs chercheurs d’Afrique qui ont présenté des travaux dont les synthèses seront transmises aux différents gouvernements pour intégration afin que les populations puissent réellement faire un choix en terme d’efficacité, de coût et d’utilité. En Côte – d’Ivoire, il y a déjà un ministère créé pour la valorisation de la médecine traditionnelle. Mais le problème qui se pose, est que, ce n’est pas encore valorisé. Les vrais praticiens sont encore cachés et on n’a pas encore un vrai répertoire de ces savants pour pouvoir aider nos populations ».

Nathanaël Koty, président de la Fondation Ahr, partenaire à l’organisation
« Notre part de responsabilité est d’encourager les chercheurs »
« Nous encourageons les recherches dans la médecine en général. C’est dans ce cadre que nous avons été intéressés par ce colloque qui veut discuter des questions de la médecine traditionnelle et moderne. Notre part de responsabilité est donc d’encourager les chercheurs aussi bien dans la médecine traditionnelle que moderne pour l’amélioration de la santé de nous tous. Je saisis l’occasion pour vous préciser que la Fondation Ahr Intervient beaucoup dans le social, dans l’environnement, la famille et autres ».

Dr Pierre Claver Vonan, participant
« …..En société, aucune maladie n’est naturelle. Et pour arriver surmonter et rétablir la santé, il faut faire recours à certains procédés d’où l’utilisation de certaines techniques ethnomédecines pour la quête de guérison. Or, dans cette recherche, il se trouve que nos sociétés sont riches en ressources. Mais ces ressources ne sont pas exploitées et ne sont pas reconnues, même si certains en font usage. Le comble est que d’autres dénigrent la chose. C’est ce qui nous réunit ici à Abomey-Calavi. Donc, il s’agit pour nous de nous mettre ensemble pour revaloriser nos pratiques de soins et de guérison… La résolution phare de cette rencontre nous envoie en mission. Car, 80% de la population africaine recoure au traitement par la médecine africaine pour les soins. Donc, si l’on trouve les moyens pour accompagner la médecine dite moderne, cela va s’ajouter aux 20% de populations et bien, tous les africains auront accès à des soins efficaces à 100% ».

Emmanuel GBETO
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