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Kersti Kaljulaid, présidente de l’Estonie: « Le Bénin a fait des demandes concrètes… et nous avons répondu favorablement »

Publié le vendredi 7 decembre 2018  |  La Nation
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© aCotonou.com par DR
Arrivée ce mercredi 5 décembre 2018, de la Présidente de la République d’Estonie, Son Excellence Madame KerstiKaljulaid Kersti au palais de la marina, Présidence du Bénin où elle a été acceuillie par le président Patrice Talon
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Développement du numérique, coopération entre le Bénin et l’Estonie, apport des entreprises et cadres estoniens à la concrétisation des ambitions du Bénin et au contenu du Programme d’actions du gouvernement…. C’est ce qui ressort de cette interview exclusive avec la présidente de l’Estonie, Kersti Kaljulaid.

La Nation : Madame la présidente, quels sont les grands axes de la coopération entre l’Estonie et le Bénin ?

Présidente Kersti Kaljulaid : Nous avons beaucoup d’entreprises qui offrent, par exemple, des services dans le développement du numérique. Nous travaillons avec des pays du Golfe, de l’Europe. On a beaucoup d’entreprises aussi qui développent des services qui sont faits pour vous, pour votre système et nous cherchons partout des possibilités de développer nos compétences. Nous sommes là actuellement avec des entrepreneurs. Il y en a aussi d’autres qui peuvent venir développer quelque chose au Bénin et élargir leurs capacités dans les pays voisins. Parce que vous avez déjà des liens forts entre les pays de la sous-région, une libre circulation.
Nous trouvons que le fait de venir investir ou s’installer ici offre des possibilités d’opérer des choix plus grands. Nous avons dans le secteur toutes les compétences dont on peut avoir besoin et nous pouvons les mettre à votre disposition pour développer des services. Donc, on peut même dire qu’il y a une demande si forte des prestations de nos entreprises. Le tout ne suffit pas de vouloir le numérique. Il faut en plus avoir des besoins spécifiques et les formuler clairement comme c’est le cas actuellement pour le Bénin où l’on veut numériser les services administratifs, surveiller les frontières avec une haute technologie. J’ai observé que le Bénin est assez précis dans ses demandes et on identifie clairement les besoins qui sont les vôtres.

Que gagne concrètement votre pays à coopérer avec le Bénin ?

L’Estonie fait aujourd’hui partie de l’Union européenne qui fait des efforts pour aider les pays d’Afrique à se développer. Nous cherchons ensemble des solutions de longue durée pour des questions migratoires et de développement en Afrique. Nous ne sommes pas un grand pays comme la France ou l’Angleterre qui peuvent dépenser énormément. Donc, il faut arrimer notre aide ou notre apport à la taille et aux possibilités de notre pays et c’est dans le numérique que nous sommes forts. Votre pays a fait des demandes concrètes en notre direction pour bénéficier de notre expertise dans ce domaine et nous avons répondu favorablement. Même pour les pays européens, nous apportons de l’aide dans ce domaine.

C’est la première fois que vous séjournez officiellement en Afrique, et au Bénin. Vous avez rencontré des jeunes au travail. Quelle a été votre appréciation ?

Le secteur public béninois ressemble à celui de l’Estonie, il y a 20 ans quand on y lançait le numérique alors que, dans le privé, on exploitait déjà toutes les possibilités du monde technologique qui existent pour créer les services en ligne. Ce qu’il faut faire, c’est de soutenir davantage ces jeunes. J’ai aussi observé que la ministre de l’Economie numérique de votre pays maîtrise bien son secteur et connaît les acteurs majeurs. Elle sait qui fait quoi. J’ai aussi observé une similarité avec l’Estonie. Ce qui m’a aussi impressionnée, c’est qu’il y a beaucoup de filles qui interviennent au niveau des start-up. Les filles de ce pays se sentent libres de développer leurs ambitions et de se former. J’ai vu, par exemple, une classe de filles qui ont étudié le numérique et qui ont toutes le Baccalauréat. C’est déjà quelque chose et c’est bien de valoriser ainsi les femmes. Je sais que c’est encore difficile d’accéder à l’école, surtout pour celles qui habitent les zones rurales.
S’il y a des programmes d’école numérique, une bonne connexion internet, cela peut changer très rapidement. Le numérique regorge d’opportunités et cela donne beaucoup de facilités en termes de développement. J’ai compris qu’il y a beaucoup de réformes qui sont entreprises au même moment au Bénin, et il est difficile pour les citoyens de comprendre. C’était le cas en Estonie dans les années 90. L’Etat a fait beaucoup de réformes et tous les citoyens criaient parce qu’ils disaient ne pas en ressentir les effets. Mais finalement, les choses se sont arrangées. On a commencé avec un salaire moyen de 30 Euros et aujourd’hui, nous sommes à 1300 Euros comme salaire moyen. Cela n’a pas été facile, mais nous y sommes arrivés. Donc, s’il y a une libre discussion entre les citoyens et les dirigeants et une libre circulation des idées, un partenariat entre les secteurs public et privé, un mouvement économique qui embrasse tous les capitaux qui entrent le pays, on peut espérer.

Madame la présidente, sur votre parcours, rien ne vous prédestinait à une fonction présidentielle. Comment en êtes-vous arrivée là ?

J’avais 20 ans, quand l’Estonie a accédé à son indépendance après un moment d’occupation soviétique et, en ce moment, j’étais encore étudiante à l’université de Tartu, une université qui, chez nous, est comptée parmi les meilleures. J’en suis sortie avec un diplôme d’ingénieur génétique. Au moment de l’indépendance, les salaires étaient si bons qu’en sortant de l’université, je n’aurais pas pu faire quelque chose d’autre que de travailler. J’avais deux enfants déjà et je pouvais travailler dans le secteur privé. Et après cela, j’ai travaillé avec notre Premier ministre. Comme c’est la pratique en Estonie, tout le monde passe par le secteur privé, puis le secteur public et après, on retourne au secteur privé. Je suis revenue dans le secteur privé et j’ai travaillé en tant que directrice d’une entreprise spécialisée dans l’électricité et le chauffage métallique avec près de deux millions de personnes comme clients. Après, mon pays m’a envoyée travailler à la Cour des comptes européenne parce que le pays est membre de l’Union européenne depuis 2004. Après 12 ans dans cette fonction, notre Parlement a décidé que je sois la présidente de ce pays.

Josué F. MEHOUENOU
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