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Violences faites aux hommes : Démystifier le phénomène pour encourager les victimes à la dénonciation

Publié le jeudi 13 decembre 2018  |  La Nation
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© aCotonou.com par DR
Les violences faites aux hommes
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Sujet complexe et d’actualité, les violences faites aux hommes ne sont pas souvent évoquées dans des discours sur les droits de l’Homme. Le phénomène détruit silencieusement les victimes qui se résignent, résistent à s’exposer sur la place publique.

C’est un sujet presque tabou au Bénin. Pourtant, le phénomène existe et ronge silencieusement les victimes. Souvent occultées dans les discours, les violences à l’égard des hommes contraignent leurs victimes à la loi de l’omerta. Au cours d’une conférence thématique sur les violences faites aux femmes, au ministère des Affaires étrangères et de la Coopération (Maec), lundi 10 décembre dernier, Michel Mèhinto a tenté de développer le sujet.
Si le féminisme a permis aux défenseurs d’ouvrir les yeux sur la violence conjugale, ils n’ont ouvert qu’un œil. « Le second œil que les féministes ont fermé, représente les violences faites aux hommes », tranche d’emblée le communicateur qui pointe d’un doigt accusateur des femmes comme auteures de violences exercées sur les mâles.
« Tous les discours sont focalisés sur les femmes. Les défenseurs de la cause féminine ont fait des violences faites aux femmes un sujet politique au point où l’homme est perçu comme l’abuseur et la femme, la victime », fustige-t-il.
Il explique qu’en matière de violence, l’action appelle la réaction. « La violence de l’homme peut entraîner celle de la femme en termes de vengeance, et celle de la femme peut entraîner celle de l’homme en termes de réplique », souligne-t-il.
S’appuyant sur les données de la Police, il relève que les hommes autant que les femmes sont victimes de violences et que les violences subies par les hommes s’observent surtout dans les ménages intellectuels.
S’agissant des formes de violences que subissent les hommes, le communicateur se montre plutôt prolixe. « Les hommes subissent les violences psychologiques, verbales, économiques, sexuelles et physiques ». Entre autres manifestations de ce phénomène, il relève la spoliation des revenus économiques du conjoint, les menaces, les mots blessants, le harcèlement moral, l’accusation du conjoint par des chansons satiriques, les injures, les ordres, les interdictions de visites, la dilapidation de l’argent du conjoint et sa mise en dette.
Quant à la question relative aux raisons qui justifient le silence des hommes, victimes de violences, Michel Mèhinto esquisse une réponse à deux niveaux. Il évoque d’abord les raisons institutionnelles pour tenter de justifier leur comportement. « Les violences faites aux hommes se passent dans un contexte d’incompréhension, il y a le procès de l’homme tout le temps comme auteur des violences, la minimisation de sa situation, la banalisation de la violence…», dénonce-t-il. Ces raisons institutionnelles déclenchent la honte chez l’homme.
Ensuite, il fait cas des préceptes culturels pour souligner la stigmatisation des hommes. « Les commandements traditionnels font que les hommes n’arrivent pas à dire sur la place publique qu’ils sont victimes de violences ; ces préceptes culturels obligent les hommes à se dénigrer », soulève-t-il.
Les hommes peinent tellement à dénoncer leurs bourreaux que le Bénin manque aussi de statistiques pour renseigner sur leurs cas. Les données de l’Oms en 2012 révèlent que « 35% des femmes ont été victimes de violences physiques ou sexuelles de la part d’un homme ». Celles de l’Onu-femme renseignent qu’ « une femme sur deux est victime de violence tous les trois jours dans le monde contre un homme sur vingt ». Au Bénin, en 2009, 69% des femmes ont déclaré avoir été victimes de violence de la part d’un homme. Toutefois, à ce jour, aucune statistique n’est disponible dans le pays sur les violences faites aux hommes.
Les hommes sont d’autant oubliés qu’aucune mesure législative n’existe encore pour les protéger contre les violences contrairement aux femmes qui bénéficient de plusieurs dispositions législatives en la matière. « Il n’existe à ce jour aucun instrument juridique qui protège les hommes, victimes de violences», déplore le communicateur.
En attendant que ces initiatives ne portent, il importe que les hommes acceptent de briser le silence pour dénoncer leurs bourreaux. Attendra-t-on encore peut-être longtemps au vu de leur ego à affronter le regard social.

Maryse ASSOGBADJO
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