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Affaire ‘’tentative d’atteinte à la sûreté de l’Etat’’ : Entre amateurisme et doutes, grosses préoccupations
Publié le mardi 5 mars 2013   |  La Nation




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On n’en a pas fini avec l’affaire dite de tentative d’empoisonnement du chef de l’Etat, et voici une nouvelle affaire : celle de la tentative de coup d’Etat ou d’atteinte à la sûreté de l’Etat. Comme dans la précédente, l’objectif serait d’évincer le président Boni Yayi du pouvoir. La République vit désormais au rythme de ces affaires, qui font planer des nuages d’incertitude ou de méfiance sur le pays.

Si l’on en croit donc le procureur de la République, Justin Gbènamèto, il s’agirait d’une « tentative d’atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat ». Une tentative de coup d’Etat visant à « empêcher le chef de l’Etat de rejoindre Cotonou après son voyage et d’instituer un régime militaire qui contraindrait le président Boni Yayi à l’exil ». C’est vrai que le chef de l’Etat était au Japon la semaine dernière. Les personnes interpellées dans le cadre de cette affaire, l’expert-comptable Johannès Dagnon et le commandant Pamphile Zomahoun, entendaient-elles l’obliger à rester hors du pays ?

Dans l’absolu, il y a lieu de ne jamais railler d’emblée pareille hypothèse en politique, surtout quand ça ne va pas. Dans le cas d’espèce, la circonspection doit être de mise.
D’après des informations récurrentes recoupées, le sieur Johannès Dagnon serait un cousin de Patrice Talon, ancien baron du système Yayi, tombé en disgrâce et accusé d’être le commanditaire de la présumée tentative d’empoisonnement du chef de l’Etat. Inutile de revenir, ici, sur les tenants et aboutissants de cette affaire qui a contraint l’homme d’affaires à prendre la tangente pour se retrouver en quasi exil depuis lors. Et quand on évoque le nom de Patrice Talon dans cette nouvelle affaire, cela appelle à quelques réflexions. Soit, la précédente a réellement existé et, non content de son échec, l’homme et son réseau n’auraient pas démordu, attendant ou cherchant une autre occasion de frapper. Le cas échéant, cette action permettrait de réhabiliter les bannis et d’effacer à jamais l’affaire. Soit, elle n’a jamais existé et, en interpellant à nouveau des gens pour une affaire du même genre tout en y associant le nom du banni, l’on veut faire définitivement ratifier la thèse du sérieux de la première affaire. Ou enfin, la première n’a peut-être pas existé mais en l’évoquant, l’on a donné des idées à ceux qui en voudraient au président Boni Yayi. En tout cas, foi du procureur de la République et de certaines sources proches du dossier, il y a bien eu une tentative cette fois-ci.

Les sources en question exposent, en effet, que le commandant Pamphile Zomahoun, approché par le clan Talon, à travers Johannès Dagnon, était partant pour le coup. Qu’il a tenté d’y impliquer le colonel Bako, chef d’état-major de l’armée de Terre. A ce dernier, il aurait miroité la perspective de devenir chef d’Etat, lui aurait même remis un projet de discours et une charpente du gouvernement qu’il mettrait en place si le coup réussissait. Le tout, sous l’impulsion de Johannès Dagnon, intermédiaire entre Pamphile Zomahoun et Patrice Talon. Le même Patrice Talon que le commandant Zomahoun aurait appelé étant au bureau de son hôte, permettant à celui-ci d’échanger avec ‘’l’exilé’’. C’est le colonel Bako qui aurait vendu la mèche, faisant enregistrer les conversations qu’il a eues à son bureau avec le commandant. Ce qui a conduit à l’interpellation de ce dernier et de Johannès Dagnon. La suite, on la connaît en attendant d’autres développements…

Il serait utile de rappeler que le commandant Zomahoun a eu l’opportunité de travailler avec le clan Talon, notamment dans l’escorte, en ce qui concerne la mise en œuvre du PVI.
Et de faire constater que, si l’on a déjà élaboré un projet de discours et ébauché la composition du gouvernement, c’est que la préparation du coup serait très avancée. Alors, s’impose la question de savoir si trois individus, un civil et deux militaires, suffisent pour exécuter et réussir un coup d’Etat, s’ils n’ont choisi d’office de se faire conduire à l’abattoir.

Une affaire d’amateurs ?

Si cette affaire est fondée, il conviendrait de s’interroger sur les capacités de ses auteurs. D’abord, en ‘’exil’’ et se sachant sans doute surveillé, à moins de faire preuve d’une naïveté ou d’une assurance déconcertante, comment Patrice Talon peut-il se permettre d’échanger encore, par téléphone, avec des ‘’comploteurs’’ au point même de parler à quelqu’un qu’il ne connaît pas vraiment ? Ne sait-il pas qu’il peut être écouté ? Enregistré au besoin ? En somme, ce serait l’histoire de l’assassin qui, alors que l’on peine à trouver les preuves de son forfait, fait irruption sur la scène du meurtre pour se vanter. Egalement, comment est-ce qu'un commandant, à moins d’avoir des accointances avérées avec son supérieur, peut-il aller lui faire une telle proposition ? Il faut donc croire que les individus ici mis en cause, seraient de simples amateurs, des débutants.

Plus encore le mode opératoire envisagé d’après le procureur de la République, s’il est avéré, en rajoute à l’amateurisme. En effet, vouloir faire un coup d’Etat pour contraindre le président de la République en exercice à l’exil forcé, dans le contexte international actuel, ferait apparaître les putschistes comme des enfants de chœur. Ignorent-ils que débarquer un président en exercice, élu démocratiquement, en lui laissant la vie sauve, les expose aux pressions de la communauté internationale et des partisans dudit président ? Pressions qui inviteraient à le réhabiliter pour revenir à l’ordre constitutionnel… Donc, non seulement, ils seraient de purs amateurs, mais en plus sans aucune capacité d’appréciation de la géopolitique nationale et internationale.

Et de doutes ?

Sachant que la précédente affaire, celle dite de l’empoisonnement, a mis en avant des ressortissants du centre et du nord Bénin, par ailleurs proches du président Boni Yayi, que gagne Patrice Talon à recourir encore à des ressortissants de la même région, et qui sont, a priori, plus proches de sa ‘’victime’’ que de lui-même ? Myopie, insouciance ou manque de précaution ?

Mais, a contrario, se croyant peut-être intouchable, l’homme peut avoir fait le choix de ne composer qu’avec des gens d’une certaine obédience, en se disant qu’en cas de pépin, ils seront seuls à payer le prix. Seulement, là, l’on doit se demander pourquoi il ferait jouer un rôle de premier plan à son parent qui, du coup, se trouverait tout aussi exposé que les autres. Et c’est aussi ici qu’il faut se demander, en cas de complot venant du pouvoir, pourquoi avoir choisi d’impliquer le parent de l’allié banni. Autant cela pourrait convaincre de la détermination de l’homme à en finir avec le pouvoir, autant cela peut faire croire à l’acharnement contre sa famille et ses proches.

Quand on ajoute à cela, la possibilité, soutenue par certaines sources, que dans le cadre du dossier précédent, la France refuse l’extradition de Patrice Talon, parce que le dossier d’accusation présenté par le Bénin ne serait pas consistant, et qu’elle serait sur le point de lui accorder l’asile politique, il peut paraître logique que le pouvoir, qui lui en voudrait, se livre à des actes de représailles. En l’espèce, réussir à engager des acteurs, filmer même des réunions, peuvent être d’une grande utilité. Autant de considérations qui soulèvent de grands doutes. Et il faut espérer une instruction diligente et totalement indépendante pour être fixé définitivement. Ce que l’inflation de dossiers chauds ne favorise pas forcément ; tant ils s’accumulent sur la table des mêmes personnes ; même si la présente affaire peut présenter des liens de connexité avec la précédente

Par Wilfried Léandre HOUNGBEDJI

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