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La Presse du Jour N° 2002 du 30/10/2013

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Ma compréhension du « Livre bleu » de Pascal I. KOUPAKI
Publié le mercredi 30 octobre 2013   |  La Presse du Jour


Lancement
© aCotonou.com par DR
Lancement du livret bleu de Pascal Koupaki
Samedi 26 Octobre 2013, Palais des Congrès, Cotonou : L`ancien Premier Ministre Pascal Irénée Koupaki lance son livret bleu Photo : M. Pascal Irénée Koupaki


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L’ancien Premier Ministre du Bénin, Pascal Irénée KOUPAKI, a fait une sortie remarquée, le samedi 26 octobre 2013, par la publication d’un livre de poche bleu de 32 pages qui ressemble à un passeport. On pourrait supposer ce faisant qu’il convie chaque béninoise et chaque béninois à faire des propositions qu’il y formule, des repères identitaires indispensables à notre développement. Il n’est pas en effet banal qu’un homme de sa trempe, de son parcours, dont on connaît le goût de la mesure en paroles et en actes, se livre à un exercice de décryptage des maux qui hypothèquent le développement de notre pays, et formule des propositions pour lever patiemment et sûrement les contraintes qui jalonnent son chemin. Il me semble utile, après avoir suivi l’exposé, lu et fermé le livre bleu, de restituer en termes simples l’essentiel de ce que j’en ai retenu, puisque certains ont jugé son contenu d’un niveau élevé et donc difficilement compréhensible par tout le monde.
Il n’est pas inutile de dire ici que les facteurs dynamiques de l’histoire et de la géographie nous ont légué un territoire dont les avantages comparatifs sont non négligeables. Nous n’arrivons pas jusqu’ici à saisir les chances que notre beau pays nous offre pour sortir de la pauvreté qui nous enserre. Pascal KOUPAKI a recherché dans sa réflexion-méditation les causes de cette situation inquiétante.
Il faut dire que l’auteur de l’ouvrage parle en connaissance de cause. Il n’est pas seulement un théoricien des questions de développement. C’est un homme qui par sa vocation, sa formation, son parcours professionnel n’a eu de cesse d’être préoccupé et associé, soit au plan international soit au plan national, à la problématique du développement économique et social de nos Etats. Il est un homme bien averti, qui a une vue holistique du sujet. Par le fait du Destin, il a exercé pendant pratiquement une décennie des responsabilités politiques dans son pays, qui l’ont confronté à nos mentalités réfractaires au progrès ; à nos pratiques contre-productives ; à notre faible conscience du développement, toutes choses qui fondent les convictions dont il fait état dans son Ce que je crois – Une nouvelle conscience.
Les pesanteurs anthropologiques qu’il souligne et qui lui font écrire dans son propos liminaire « Notre conscience éthique pose problème. Notre conscience civique est instable. Notre conscience républicaine n’est pas perceptible. Notre conscience des exigences de la production est fluctuante. Notre conscience du développement économique et social m’écœure. Notre conscience de l’effort et de l’informel m’attriste » ne sont pas une simple vue de l’esprit. Ce sont les constatations d’un homme d’action qui a pris assez de recul pour analyser, dans une parfaite sérénité, la situation de crise morale avérée, reconnue par tout le monde.
Lorsqu’une nation, un peuple à la croisée des chemins a besoin d’un nouveau souffle, d’un nouveau départ, il lui faut une nouvelle ligne éthique pour une action efficace, car on ne peut régler un problème, quel qu’il soit, en restant dans l’état d’esprit qui l’a généré.
Procédant par comparaison et faisant une lecture historique de notre vie politique et sociale, il est lui est apparu que nous ne pouvons sortir de nos errements et assurer le progrès que si nous nous libérons de certaines tares telles que la méchanceté gratuite, la convoitise, la jalousie, l’individualisme, la déloyauté, la mauvaise gestion du temps, le manque de conviction politique, la promotion de l’incompétence, le régionalisme, etc.
Nous nous plaisons souvent à répéter ce qu’Emmanuel MOUNIER avait écrit à notre sujet en 1948, bien avant l’accession de notre pays à la souveraineté internationale, pour flatter notre ego : « le Dahomey est le quartier latin de l’Afrique ». Nous devons être exacts car son assertion ne s’arrête pas à la première phrase. Il ajouta en effet : « Mais cet intellectualisme fait de méchanceté et de mesquinerie est de nature à retarder le développement du pays ». Plus les années passent, on se rend compte que la vérité de la première phrase devient très discutable, alors que la seconde proposition se justifie aisément. Monseigneur Isidore de SOUZA en une séance pathétique bien après la conférence des forces vives de la nation de février 1990 eut ses mots : « le dahoméen persiste dans le béninois ».
Notre auteur note par ailleurs que la plupart des Chefs d’Etat que le Bénin a connus avaient la volonté de réussir et se sont dévoués à leur mission. Avant eux, nos célèbres Rois du 17ème au 19ème siècle, nos vaillants combattants pour la décolonisation de nos territoires ont eu beaucoup de mérite, mais se sont heurtés aux mêmes types de problèmes de la part de leurs concitoyens. C’est dire que le ver dans le fruit depuis des siècles y demeure. Pour l’en extirper, il nous faut faire violence sur nous-mêmes, changer nos mentalités, devenir positifs, apprendre à travailler ensemble pour le bien-être collectif, dans l’humilité, le désintéressement, la générosité, le sens du partage, l’effort, la justice, la discipline librement consentie et l’amour du prochain. Ces vertus ne sont pas toujours innées, elles procèdent aussi et surtout de la volonté et de l’effort… Lorsque chacun aura fait sa révolution mentale personnelle pour ainsi dire, nous pouvons alors créer les conditions d’un véritable décollage économique et social de notre nation.
J’entends déjà dire que d’autres avaient fait le même constat avant lui, mais rien ne change. Il a fait aussi le constat donc et il le dit ! Lorsqu’on croit en une vérité, il faut la professer. Nous pouvons nous demander pourquoi nos prêtres, pasteurs, prédicateurs et imams, dignes de porter chacun son nom, disent, d’une année à l’autre, les mêmes choses dans nos églises, temples et mosquées. C’est parce qu’ils croient, il me semble, en ce qu’ils professent. Pascal I. KOUPAKI a fait son devoir. Que chacun fasse le sien pour un Bénin prospère.


Pierre Hugues JOHNSON

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