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Appel à la non-violence et à la paix:Les leçons de Houngbédji à Yayi

Publié le jeudi 9 mai 2019  |  Le Matinal
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© Fraternité par DR
Me Adrien Houngbédji, président de l’Assemblée nationale
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Tout le monde s’attendait à l’intervention du président Adrien Houngbédji au lendemain des actes de vandalisme post-électoraux. Fidèle au tempérament qui le caractérise, Me Adrien Houngbédji, s’entretenant avec les élus et militants du Parti du renouveau démocratique (Prd), au grand étonnement, a joué la carte de l’apaisement. Ce faisant, son attitude de leader politique tranche avec celle du tyran de Tchaourou, Yayi Boni, qui tient publiquement des propos va-t-en-guerre.

Adrien Houngbédji montre une fois encore sa classe d’homme de paix. L’auteur de « Il n’y a de richesse que d’homme » refuse qu’une personnalité « marche sur soncorps ». Au cours de rencontres avec les militants de son parti qui occupent différents postes de responsabilités dans les administrations publiques et dans les collectivités déconcentrées, Adrien Houngbédji a prêché la paix et la tolérance. En plus de prôner la paix, le président de l’Assemblée nationale privilégie la légalité plutôt que le désordre. Au surplus de cette prise de position pacifiste, le leader du Parti arc-en-ciel qui a régné en maître pendant longtemps sur les départements de l’Ouémé et du Plateau avant de se limiter sur les 15ème, 19ème et 20ème circonscriptions électorales a expressément demandé aux membres du Prd de soutenir l’installation des membres de la 8ème législature. Adrien Houngbédji, faut-il le rappeler, est un homme de droit qui ne pose les actes que conformément aux lois de la République. Adrien Houngbédji a participé à toutes les élections présidentielles, législatives et municipales. Les Béninois se souviennent qu’à sa dernière tentative au regard de la Constitution, il s’était auto proclamé président de la République en 2011 quand les institutions de la République ont plutôt proclamé Yayi Boni élu par un retentissant KO historique. Malgré cela, Houngbédji n’avait pas appelé ses militants à la révolte. Pour contenir d’ailleurs d’éventuels mouvements de vandalisme, Yayi avait fait positionner des chars dans des villes et quartiers susceptibles d’animer des foyers de tension, notamment au quartier Adjina à Porto-Novo. Houngbédji était coi. Face aux difficultés pour les partis de l’opposition de prendre part aux législatives du 28 avril 2019, le Prd a subi le même sort. Son leader a même subi une sorte d’humiliation en prenant part à une rencontre des présidents d’institution au terme de laquelle, il a été décidé que la Commission électorale nationale autonome (Céna) poursuive le processus électoral, sans le Prd. Malgré cela, le discours de Me Adrien Houngbédji n’était pas celui du guerrier. Si les hommes d’Etat, qu’ils aient eu l’opportunité ou non d’assumer les plus hautes fonctions de la République, se définissent sous le prisme des comportements en faveur de la paix, Adrien Houngbédji est alors un homme d’Etat. Lui qui a eu la chance par 3 fois de conduire les destinés du Parlement béninois et qui de fait a été trois fois la deuxième personnalité de l’Etat a fini de prouver comment il aime son pays, sa nation.



L’animal politique Yayi



Yayi Boni peut avoir l’orgueil d’avoir tenté de ‘’tuer’’ tous les anciens politiciens qui l’ont précédé dans l’arène politique. De ce point de vue, il fut pendant les 10 ansde sa gouvernance un animal redoutable, tant la vieille classe politique n’avait pas envisagé son intrusion sur le champ politique. Cela avait fait dire à Adrien Houngbédji, face à l’irréversible candidature de Yayi « qu’il n’y a pas de génération spontanée en politique ». Le mérite aura été pour Yayi Boni de réussir ce coup majeur dans la politique. Mais sa gouvernance caractérisée par la clochardisation, la banalisation et la désacralisation du pouvoir, la médiocrité dans la gestion, la corruption galopante, le népotisme érigé en mode de gouvernance, le régionalisme etc a pendant son règne attisé des foyers de tensions sociales. Si tous ces faits répréhensibles étaient imputables à la gestion d’une« Haute autorité » qui a ses qualités et ses défauts, il reste, que fondamentalement, Yayi Boni n’est pas un homme de paix. En effet, il est loisible de constater que comme, les Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe) de Yayi Boni, ni l’Union sociale libérale de l’homme d’affaires Sébastien Ajavon, ni le Prd de Me Adrien Houngbédji, ni l’Union pour le développement d’un Bénin nouveau (Udbn) de Claudine Prudencio, ni la Dynamique unitaire pour le développement de Valentin Houdé, pour ne citer que ces partis, qui se réclament de l’opposition n’ont pris part aux législatives dernières. Curieusement, l’ancien président Yayi Boni est le seul qui s’arroge le statut d’opposant en posant des actes ignobles. Il fait feu de tout bois, appelant à la rébellion et à l’insurrection, toutes choses qu’il avait lui-même dénoncées et combattues quand il exerçait les fonctions de président de la République. Il démontre clairement par son comportement aux antipodes du pacifisme, comment l’assassin n’aime pas qu’on approche l’arme de son cou.



Bilan à charge



Les évènements survenus pendant et après le vote du 28 avril 2019 établissent d’une manière suffisante la responsabilité de Yayi Boni dans les actes de vandalisme.Des urnes saccagées, des maisons de personnalités ainsi de des biens matériels tels que des véhicules consumés et réduits en cendres, des affrontements sanglants, des pertes en vies humaines…, le bilan est lourd. Le moins qu’on puisse dire, c’est que tous actes insensés ont été orchestrés dans des régions considérées comme les fiefs électoraux des Fcbe dont Yayi Boni est le leader charismatique. En dehors de Bantè chez son ancien ministre des finances, Komi Koutché, les bilans les plus lourds ont été enregistrés essentiellement chez Yayi Boni à Tchaourou et dans la grande métropole du septentrion à Parakou où Yayi Boni a érigé une résidence à la dimension de son statut social. A Tchaourou, ce qui retient le plus, c’est l’incendie du domicile et de six voitures appartenant à l’un de ses cousins, Adam Badougou, ancien intendant de la présidence de la République sous Yayi Boni. La victimeconnaît ce sort parce qu’elle a choisi de militer au sein du Bloc républicain, l’un des partis soutenant l’action gouvernementale. Ce degré d’animosité qui ne reconnaît plus la famille africaine, relève des beaux-arts.A Parakou, ville où Yayi Boni s’identifie par ailleurs, beaucoup de turbulences ont été observées. Loin des analyses qui imputent de manière péremptoire la responsabilité des faits répréhensibles à la personne de Yayi Boni, ce sont ses propos durant tout le processus électoral qui plaident à l’établissement d’un réquisitoire qui le condamne en tant qu’instigateur. Comme si cela ne suffisait pas, il a ameuté des partisans acquis à sa cause au motif que l’exécutif tentait de l’arrêter. Cette fausse alerte a mis à feu et à sang la ville de Cotonou le 1er mai 2019. Mais la puissance publique a su contenir les velléités des manifestantset ramener la quiétude dans la capitale économique.



Différence

Yayi-Houngbédji



Les faits parlent d’eux-mêmes. Entre Yayi Boni le revanchard, qui appelle à la désobéissance et Adrien Houngbédji qui appelle au calme tout en ruminant sa colère, il n’y a pas de comparaison. Le statut social de Me Adrien Houngbédji tout comme celui de Yayi Boni et au subsidiaire de Nicéphore Soglo leur recommande de se comporter en toute circonstance en hommes d’Etat. En cela, la première qualité qui est reconnu aux grands hommes, c’est leur penchant pour la paix sociale. Adrien Houngbédji en apaisant ses concitoyens a posé certes un acte banale, mais historique. Il s’inscrit dans la conviction des pères fondateurs de la démocratie béninoise. En effet, au fronton du Mausolée de feu Hubert Maga, il est écrit : « je vous laisse en héritage ma vie pour que jamais du sang ne coule dans ce pays. » Plus encore, et cela devient un refrain pour les Béninois, le président du présidium de la Conférence des forces vives de la nation, Mgr Isidore de Souza, à l’issue des travaux achevait son speech par cette phrase : « plaise au ciel qu’aucun bain de sang ne nous éclabousse et ne nous emporte dans ses flots. »Tout démocrate et tout politicien béninois doit avant tout s’approprier ses phrases et les traduire au quotidien dans ses actes. Houngbédji par, son action salvatrice vient de donner une leçon de vie à Yayi Boni. La vie politique ne s’arrête pas aux seules législatives du 28 avril.



Abdourahamane Touré

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