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Edito: Lourde écharpe

Publié le vendredi 17 mai 2019  |  La Nation
Législatives
© aCotonou.com par Didier ASSOGBA
Législatives du dimanche 28 Avril 2019 au Bénin avec une faible participation des inscrits
Cotonou, le 28 avril 2019. Élection législative pour élire les députés du 8 législature. La première élection organisée par le président Talon après son élection 2016.
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Ont-ils l’étoffe pour faire front aux enjeux que recèle, intrinsèquement, la mandature post réforme du système partisan ? C’est, au-delà de leur coloration politique et des conditions de leur élection, la gageure de la 8e mandature de l’Assemblée nationale béninoise. Car, en vérité, il importe peu de s’attarder sur les récriminations, ici et au-delà des océans, de ceux qui dissertent sur la légitimité des nouveaux élus.
Sont-ils légalement élus ? Sacré Dieu, oui ! Sont-ils légitimes, en dépit du taux faible de participation, il faut bien l’admettre, au scrutin ayant emporté leur élection ? Au risque de devoir à nouveau jurer, cette élection ne souffre d’aucun manquement de nature à remettre en cause leur légitimité.

De la légalité et de la légitimité, on dissertera à n’en plus finir, tant qu’on voudra. Sous toutes les coutures, du point de vue du droit ou de la doctrine, selon le bon sens si l’on veut, en raison des principes démocratiques pourquoi pas ! Objectivement, et suivant les points de vue subjectifs !
Une colle cependant, lorsque Laurent Gbagbo conteste l’élection du Général Robert Gueï et prend le pouvoir grâce à la rue, son pouvoir était-il légitime et légal ? Lorsqu’il se fit introniser, tel Ubu roi, en lieu et place du président véritablement élu Alassane Dramane Ouattara, quelle onction attribuer au pouvoir qu’il envisageait d’exercer si la force ne lui avait-il pas été opposée ? Question pour super champion !
On m’objectera qu’il n’y a aucun rapport avec la matière que nous traitons, à savoir les députés élus au Bénin récemment, suite à un scrutin auquel n’ont pas pris part les contradicteurs du pouvoir, mais seuls les partis soutenant l’action du gouvernement. Oui, certes, vrai, c’est une tradition démocratique qu’au cours d’une élection telles les législatives, il y ait de la contradiction, que des courants politiques divergents prennent part à la compétition. Mais alors, allez définir dans le jeu politique béninois, la notion de ‘’courant politique’’. Et puis, surtout, fallait-il surseoir au scrutin, au nom de cette tradition démocratique qui a dos large? Quand bien même, et surtout, aucune loi ne le permet, au motif qu’une partie prenante se révèle inapte à participer à la compétition ? Ceci, au risque de créer un plus grave préjudice à la République dont l’une des institutions, et pas des moindres, se trouverait en cessation de vie, fût-ce momentanée ? Fallait-il surseoir aux nouvelles dispositions régissant le jeu politique au Bénin, parce que certains acteurs politiques ne sont pas parvenus à s’y conformer? Autant demander à Usain Bolt de réduire sa foulée au motif que ses concurrents ne suivent pas à la course de 100m! La réponse à une telle question parait évidente, et pour peu que l’on se revendique légaliste, force doit rester à la loi, à l’ordre légal que le dilatoire politicien ne doit aucunement supplanter.
C’est suivant cette dynamique que furent organisées les élections législatives d’avril 2019. Ce qui règle amplement la problématique de la légalité, de laquelle découle toute légitimité. Faut-il rappeler, en sus, qu’aucun texte du droit positif béninois n’astreint à surseoir à des élections législatives (ni présidentielle ou communale) au motif que « l’opposition » n’y participe pas et sous prétexte que le taux de participation est faible. Encore que, c’est anecdotique et un luxe de détails, le peuple souverain, en toute intelligence a pu penser, dernièrement, que l’enjeu du face-à-face entre deux partis non divergents, est subsidiaire, et choisir de ne pas se déplacer, comme il le fait traditionnellement. Ce fut le cas le 28 avril dernier. Ajouté à cela, le germe de la peur semé par les ayants intérêt ! Mais ce hiatus, comme d’autres, relève désormais du passé, vu que la 8e législature est en place. La responsabilité de sa composante est grande. En raison de ce qu’elle va servir de test aux ambitions ayant sous-tendu la réforme du système partisan. Si ces députés perdent de vue que l’écharpe qu’ils ont arborée avec tant de fierté à l’hémicycle a un poids particulier, poids de l’histoire, poids du développement, de la transition réussie du système partisan, ils auront échoué !

Paul AMOUSSOU
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